Un sage indien a dit : « Il n’y a pas de finance responsable sans amour »
Une utopie ? Funds for Good partage pourtant cette vision avec succès depuis dix ans
Opinion – Patrick Somerhausen, co-CEO de Funds for Good
Nicolas Crochet et moi-même avons cofondé Funds for Good il y a dix ans, avec la conviction qu’une autre finance était possible ; que nous pouvions mettre nos compétences professionnelles au service d’investisseurs en quête de sens et d’entrepreneurs déterminés à allier la passion de leur métier avec des valeurs humanistes.
Nous avons eu la chance, il y a quelques années, de croiser la route Satish Kumar, souvent décrit comme un activiste de la paix et de la simplicité volontaire. À 88 ans, il donne encore des conférences à travers le monde pour éveiller, chez les décideurs et les acteurs économiques, un questionnement sur la croissance suffisante plutôt qu’infinie, sur la juste rétribution des parties prenantes qui contribuent au succès d’une entreprise et de l’économie en générale, ou encore sur l’importance de mettre du cœur dans chaque acte que nous posons.
Pour nous, Satish Kumar est avant tout un homme empli de sagesse avec qui nous avons tissé des liens d’amitié et qui nous a fait le plaisir, lors de son récent passage à Bruxelles, de venir converser avec les partenaires de Funds for Good.
La première fois que nous l’avons rencontré, nous avons constaté avec enthousiasme que nous partagions une vision très semblable de la finance responsable. Il a su mettre les mots sur l’essence même de notre entreprise et nous a encouragé à persévérer dans notre action de redistribution d’une partie de nos revenus et bénéfices, issus de notre activité dans le secteur des fonds de placements.
Ces dons reversés à notre asbl permettent de soutenir financièrement et humainement des entrepreneurs n’ayant pas accès au crédit bancaire afin qu’ils lancent leur projet dans les meilleurs conditions possibles. Aujourd’hui, nous avons déjà accompagné un peu plus de 1000 entrepreneurs en Belgique.
De l’égo à l’eco
Satish Kumar (né en 1936 au Rajasthan) est devenu moine jaïn à l’âge de neuf ans, avant de quitter son monastère à 18 ans pour rejoindre les disciples de Gandhi. Il a entrepris, en 1961, une marche pour la paix de plus de 12.000 km, de l’Inde aux quatre capitales possédant l’arme nucléaire : Moscou, Paris, Londres et Washington. Plus tard, il s’est installé en Angleterre comme auteur et conférencier pour partager sa philosophie. Mais Satish Kumar est aussi un entrepreneur puisqu’il a fondé un centre de formation international en écologie et une école. Ce personnage hors du commun a donc bien les pieds sur terre et met en pratique ce qu’il dit.
Il prône notamment le partage des bons résultats financiers avec les actionnaires, les investisseurs, mais aussi avec les employés et plus largement la Société. Bref, il encourage à passer de « l’égo à l’eco », comme il dit, pour faire résoner vertueusement le travail accompli.
Ça n’est pas si simple de changer un système bien établi et des habitudes en place. Nous avions nous-même du mal au début à convaincre le milieu financier de la pertinence de notre engagement sociétal. À l’époque, on parlait encore peu de finance responsable et encore moins d’impact. Mais les choses bougent, force est de le constater, l’investissement responsable progresse.
Et même s’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, de plus en plus de professionnels de la finance et d’investisseurs s’intéressent à l’impact concret et contribuent à réhumaniser la finance.
C’est pourquoi nous avons souhaité réunir des porfessionnels de notre secteur pour partager ensemble une rencontre avec Satish Kumar. Parler de spiritualité et d’amour à des gestionnaires de fonds, des banquiers ou même des entrepreneurs, cela peut sembler surprenant et pourtant ça fonctionne et nous sommes convaincus que cet échange inspirant débouchera sur des actions concrètes.
Funds For Good continue plus que jamais à agir pour une société plus juste et plus durable – avec désormais plus de 600 millions d’euros sous gestion – chaque investissement dans ses fonds générant un impact social concret… fait avec amour. Voilà, c’est dit.