Skip to main content

Des taux élevés pour plus longtemps… mais pas pour toujours

César Pérez Ruiz, CIO et responsable des investissements Pictet Wealth Management.

La Réserve fédérale américaine a pris les marchés de court la semaine dernière à l’occasion d’un remarquable tournant de politique monétaire, en signalant qu’elle avait commencé à discuter de baisses de taux d’intérêt dans un message au ton accommodant qui a entraîné un rebond des obligations et des actions. Le message a pris le contrepied des déclarations du président de la Fed, Jay Powell, qui avait affirmé deux semaines plus tôt qu’il était trop tôt pour évoquer un calendrier d’assouplissement de la politique monétaire. La médiane des attentes des responsables de la Fed table désormais sur des réductions de trois quarts de points l’année prochaine, un scénario qui pourrait soutenir le président Joe Biden dans la course à la Maison-Blanche l’année prochaine. Les responsables de la Fed ont également revu à la baisse leurs prévisions d’inflation pour cette année et l’année prochaine, et les marchés anticipent maintenant la première baisse en mars. Ce tournant de politique monétaire a fait plonger le rendement des bons du Trésor à 10 ans sous les 4%. Nous sommes longs sur la duration américaine et nous privilégions les obligations investment grade américaines. Du côté des actions, le S&P500 a inscrit sa septième semaine positive consécutive, l’indice Russell 2000 des petites capitalisations plus sensibles aux taux a bondi de 5,6% (en USD) pour atteindre un pic de 52 semaines, et l’indice VIX de volatilité implicite a chuté. Les marchés monétaires ont enregistré leurs premières sorties de capitaux depuis octobre, une évolution qui s’inscrit dans la droite ligne de notre thème de transition des investissements des liquidités vers les obligations de qualité. Une grande compagnie d’assurance-maladie américaine s’est retirée d’un projet de fusion et a annoncé son intention d’augmenter les rachats d’actions, une initiative qui cadre avec notre préférence d’investissement dans des entreprises qui peuvent verser des dividendes à leurs actionnaires.

Des accidents peuvent se produire sur les marchés, comme l’a prouvé l’Argentine, dont le nouveau gouvernement a dévalué la monnaie de 50% et qui s’est engagée dans des mesures d’austérité pour faire face à la crise économique. En Europe, en dehors de la banque centrale norvégienne qui a procédé à un relèvement inattendu de ses taux, les décideurs politiques ont fait preuve de prudence. La Banque centrale européenne (BCE) n’a pas évoqué de baisses de taux lors de sa réunion, a déclaré sa présidente Christine Lagarde. Notre scénario de base part du principe que la BCE commencera à réduire ses taux en juin, avec un risque de décision plus précoce en avril, mais qui dépendra dans une large mesure de la Fed. Nous sommes longs sur la duration européenne et les obligations investment grade européennes

En Chine, les indicateurs économiques indiquent une croissance soutenue par les mesures de relance. Toutefois, le pays continue de lutter contre la déflation, car l’effondrement du secteur immobilier a entraîné une contraction de la demande et des prix. Vendredi dernier, la Banque populaire de Chine (BPC) a injecté un montant record de liquidités dans le système bancaire. Il semble judicieux de diversifier les investissements en actions des marchés émergents. Cette semaine, la Banque du Japon (BoJ) se réunit mardi et devrait maintenir le statu quo concernant sa politique monétaire. La BoJ fera sans doute preuve de prudence dans les mois à venir, mais nous continuons à sous-pondérer les obligations d’Etat japonaises, car la banque centrale subit des pressions l’incitant à abandonner son contrôle de la courbe des taux et sa politique de taux négatifs courant 2024.

Après une année mouvementée, nous vous adressons nos meilleurs vœux en cette période des fêtes et pour 2024.

LFI

Author LFI

More posts by LFI