Vive Halloween!
César Pérez Ruiz, CIO et responsable des investissements Pictet Wealth Management.
Alors que l’économie américaine a progressé plus rapidement qu’attendu au troisième trimestre et que les pressions inflationnistes ont perduré en septembre, le marché sera attentif aux orientations de la politique monétaire de la Réserve fédérale lors de la réunion prévue cette semaine. Le produit intérieur brut (PIB) a augmenté à un taux annualisé de 4,9% en glissement trimestriel, contre 4,5% pour l’estimation du consensus. L’inflation telle que mesurée par les prix à la consommation (PCE) a bondi de 0,4% en septembre, après une légère hausse de 0,1% en août. Dans le cadre d’accords prenant en compte l’envolée du coût de la vie, deux constructeurs automobiles américains ont accordé des hausses de salaire de 25% sur quatre ans, susceptibles d’être complétées ultérieurement. De solides indicateurs ont incité les investisseurs à anticiper des taux directeurs durablement élevés aux Etats-Unis et le rendement des bons du Trésor à 10 ans a tutoyé la barre des 5%. La Fed devrait laisser ses taux inchangés lors de sa réunion de cette semaine, avec une orientation agressive. La hausse des rendements reflétant une chute des prix des obligations, les pertes accumulées dans les bilans des banques centrales pourraient susciter des inquiétudes. La Riksbank suédoise fait d’ailleurs déjà l’objet de toutes les attentions en raison des pertes liées à ses programmes d’assouplissement quantitatif. En ce qui concerne la vie politique américaine, Mike Johnson a été élu président de la Chambre des représentants. Il a d’emblée proposé une nouvelle résolution budgétaire pour permettre le fonctionnement de l’administration jusqu’à mi-janvier, voire mi-avril.
La Banque centrale européenne (BCE) a laissé ses taux directeurs inchangés et s’est abstenue de toute nouvelle annonce. Sa présidente, Christine Lagarde, a simplement estimé que l’inflation devrait rester «trop élevée trop longtemps», ajoutant que la politique de la BCE dépendait désormais des indicateurs. Mais le cycle de resserrement monétaire de la BCE semble terminé. L’enquête de la banque centrale sur les prêts a par ailleurs montré que les banques de la zone euro avaient encore réduit l’accès au crédit au troisième trimestre.
Sur les marchés, les actions américaines ont à nouveau essuyé une correction la semaine dernière, le S&P500 chutant de 2,5%1 (en dollars), alors que les titres technologiques affichaient des bénéfices décevants. De leur côté, les actions européennes ont reculé d’environ 1% (en euros). Une acquisition de USD 53 mia dans le secteur pétrolier américain et une transaction de USD 7 mia dans le secteur pharmaceutique européen ont indiqué une reprise de l’activité des fusions et acquisitions. Nombre de grandes entreprises publieront leurs résultats cette semaine, y compris un fleuron de la technologie. A ce stade, les résultats du troisième trimestre traduisent moins de bonnes surprises en matière de chiffre d’affaires. Le resserrement des conditions financières et les tensions géopolitiques sont annonciateurs de volatilité. Nous ciblons donc l’or, qui a dépassé les 2000 dollars l’once lorsque les forces israéliennes ont étendu leur intervention à Gaza, en tant que protection à moyen terme contre le risque géopolitique. Les marchés du crédit subissent l’impact de la chute des actions et les spreads s’élargissent au sein des segments les plus risqués. Les titres investment grade à court terme sont attrayants dans ce contexte. Les bons du Trésor américain s’avèrent également intéressants. En Asie, les mesures de relance chinoises ont soutenu les actions. L’indice MSCI China a augmenté de 2,5%2 sur la semaine. De son côté, le Japon envisage un plan de relance d’environ USD 33 mia visant à atténuer l’impact de l’inflation. La Banque du Japon, qui se réunit mardi, pourrait en outre assouplir son contrôle des marchés obligataires.