Une «économie enchantée»
César Pérez Ruiz, CIO et responsable des investissements, Pictet Wealth Management.
REVUE HEBDOMADAIRE
Les marchés boursiers américains ont connu une nouvelle semaine faste grâce à la vigueur confirmée de l’économie américaine, tandis que la chute de l’inflation hors alimentation et énergie annoncée vendredi dopait l’indice S&P 500, en hausse de 1,1%i (en dollars). Si les projections de plusieurs grandes entreprises ont déçu au cours d’une semaine riche en résultats, les marchés boursiers ont été soutenus par la perspective d’une baisse des taux. En Chine, des informations indiquant que les autorités étudiaient les moyens de stabiliser un marché boursier en perte de vitesse ont stimulé l’indice MSCI China, qui a progressé de 3,4%ii (en dollars).
Si les bons du Trésor américain à court terme ont progressé après le reflux de l’inflation, ils ont été dépassés par les obligations à court terme de la zone euro, en partie grâce aux commentaires de Christine Lagarde (présidente de la BCE) ouvrant la porte à un assouplissement en avril. Les spreads du haut rendement ont diminué, en particulier aux Etats-Unis. Les cours du pétrole ont fortement augmenté parallèlement à l’escalade des tensions en mer Rouge, mais les cours de l’or ont reculé.
RISQUE GÉOPOLITIQUE
«Les consommateurs et les ménages ont suffisamment confiance dans leur situation financière personnelle et dans les perspectives économiques pour dépenser de manière à générer des emplois, de la croissance et les revenus nécessaires à leur consommation», a déclaré Janet Yellen, secrétaire américaine au Trésor.
INDICATEURS CLÉS
Le PIB américain a progressé à un rythme annualisé de 3,3% au quatrième trimestre (données préliminaires), ce qui se traduit par une solide croissance de 3,1% pour 2023. L’indice composite des directeurs d’achat (PMI) de S&P Global pour les Etats-Unis a augmenté de 1,4 point à 52,3 – son plus haut niveau depuis juin. L’indice des dépenses de consommation des ménages (PCE) a chuté à 2,6% en rythme annuel en décembre, tandis que l’indice hors alimentation et énergie atteignait un plancher de trois ans à 2,9%. Dans le même temps, les dépenses de consommation personnelle ont augmenté de 0,7% en décembre en glissement mensuel.
En zone euro, le PMI provisoire du secteur manufacturier publié par S&P Global a reflété une amélioration de l’activité en janvier. Mais le PMI composite n’a que légèrement augmenté, passant de 47,6 en décembre à 47,9, ce qui masque un bond du PMI manufacturier partiellement compensé par une baisse du PMI des services.
Au Japon, un indice des prix à la consommation (hors alimentation et énergie) inférieur aux attentes pour la région de Tokyo en janvier (1,6% en rythme annuel contre 2,1% en décembre) a allégé les pressions incitant la Banque du Japon à «normaliser» sa politique monétaire.
ANALYSE DES MARCHÉS
La Réserve fédérale se réunit cette semaine et les investisseurs scruteront les indications concernant la date possible d’une première baisse des taux. Pour les banques centrales, il n’y a aucune urgence. La Fed devrait conserver ses taux inchangés cette semaine, tout en renonçant à son orientation restrictive après un ralentissement de l’inflation plus net qu’anticipé.
Le Trésor précisera ses besoins de refinancement mercredi. Alors que cette annonce trimestrielle a récemment agité les marchés, le rallye des obligations observé fin 2023 justifie une réduction tactique – de «surpondérée» à «neutre» – de notre position en bons du Trésor américain et en obligations d’Etat de la zone euro. Les valeurs technologiques seront au centre de l’attention, cinq des «sept magnifiques» publiant leurs résultats. La divergence est extrême: le S&P500 a atteint un sommet historique la semaine dernière, tandis que les petites capitalisations américaines sortaient tout juste d’un marché baissier. Si la technologie enchaîne les records, les autres secteurs sont à la traîne.
i Source : Pictet WM AA&MR, Thomson Reuters. Performances passées, S&P 500 Composite (rendement net sur 12 mois en USD) : 2019, 31,5 % ; 2020, 18,4 % ; 2021, 28,7 % ; 2022, -18,1 % ; 2023, 26,3 %.
ii Source : Pictet WM AA&MR, Thomson Reuters. Performances passées, MSCI China (rendement net sur 12 mois en USD) : 2019, 23,7% ; 2020, 29,7% ; 2021, -21,6% ; 2022, -21,8% ; 2023, -11,0%.