Michiel Merchiers – Top Tier Access
Les indicateurs récents montrent que l’économie américaine se porte mieux que prévu après la pandémie, mais les indicateurs pour la Chine sont moins positifs. Des nuages sombres s’amoncellent en effet.
En tant qu’ancien étudiant belge en économie de l’université de Pékin ayant de la famille aux États-Unis, il m’est difficile d’ignorer l’inégalité croissante entre les deux économies.
La Chine est la deuxième économie mondiale et son orientation ainsi que les décisions politiques qui en découlent sont importantes. Historiquement, les investisseurs ont été attirés par l’augmentation des dépenses de consommation et la croissance des marchés du luxe et des voyages, mais la baisse de confiance des consommateurs et l’incertitude des revenus au sein de l’immense classe moyenne de 800 millions de personnes pourraient transformer ces positions en une gueule de bois pour les investisseurs.
Comparaison des performances post-pandémiques
Les États-Unis ont connu la plus forte reprise économique post-pandémique de toutes les économies du G7 et, à ce titre, le taux de chômage se rapproche de son niveau naturel (c’est-à-dire le point théorique auquel une économie est censée avoir sa main-d’œuvre pleinement employée) à environ 3,5 %, et les mesures de relance du gouvernement visant l’économie verte stimulent l’innovation et l’investissement.
Cependant, si l’on compare avec la Chine, le tableau est plus sombre, et les consommateurs sont au cœur du problème. Ces derniers temps, on entend souvent les hommes d’affaires chinois exprimer leurs inquiétudes quant aux perspectives économiques à court et à moyen terme. Ceux qui vivent et travaillent dans des villes plus petites (en dehors des grandes villes comme Pékin, Shanghai, Guangzhou et Shenzhen) sont notamment confrontés à des incertitudes en raison de leur dépendance vis-à-vis du marché intérieur.
La reprise décevante de la Chine après la pandémie est illustrée par une baisse significative des exportations, un taux de chômage des jeunes historiquement élevé (environ 20-25%) et une chute de la confiance des consommateurs à des niveaux pandémiques. En raison de leur approche stricte du secteur technologique (par exemple des géants de la technologie comme Tencent/Baidu), des jeux et du secteur des cours particuliers, de nombreux employeurs attrayants ont dû ralentir leurs processus d’embauche. Le bureau chinois des statistiques a même temporairement cessé de communiquer ces derniers chiffres.
Des instruments contondants pour la reprise économique
Pour contrer ce sentiment négatif, le nouveau banquier central chinois a décidé en août dernier de réduire le taux de prêt à un an afin de stimuler les dépenses de consommation à court terme, notamment pour les biens de consommation durables. Cette décision a entraîné une chute brutale du renminbi d’environ 5 % par rapport à l’USD, car les investisseurs sont toujours à la recherche du rendement le plus élevé et l’on s’attendait à ce que des hausses de taux d’intérêt plus importantes de la part des banques centrales entraînent une augmentation des taux d’intérêt à plus long terme. Toutefois, dans une économie où l’immobilier est le principal actif des ménages et où les dépenses des ménages représentent environ 30 % du PIB, ces outils politiques ne feront qu’une petite différence.
"La demande doit être stimulée par un plan de relance budgétaire fort et ciblé"
Le système chinois de promotion et de rétrogradation des fonctionnaires a toujours été basé sur la concurrence entre les individus au niveau régional. Malheureusement, ce système a souvent favorisé à tort le court-termisme, épuisant les fonds privés et créant un endettement excessif. La demande doit être stimulée par un plan de relance budgétaire fort et ciblé, tandis que le gouvernement réaffirme son engagement en faveur d’une économie de marché.
« …Si l’on combine les préoccupations susmentionnées concernant le ralentissement de la croissance et le vieillissement de la population, l’économie risque de se noyer dans un pouvoir d’achat extrêmement faible »
Il convient de noter que lors d’une récente visite d’État de quatre jours du secrétaire d’État américain Raymondo, le ministre a déclaré que la Chine deviendrait « ininvestissable » pour les investisseurs étrangers si elle continuait à traiter comme elle le fait actuellement les droits de propriété, la sécurité des données et les raids sur les entreprises étrangères (par exemple, Bain & Company). Dans l’ensemble, si l’on combine les préoccupations susmentionnées concernant le ralentissement de la croissance et le vieillissement rapide de la population, l’économie risque de s’enfoncer dans son faible pouvoir d’achat (environ 20 % de celui des États-Unis), ce qui rendra difficile pour la Chine de tenir sa promesse économique d’évincer les États-Unis de la première place tout en maintenant l’Inde à distance.
Malgré les profondes divisions aux États-Unis et les prochaines élections américaines qui créent une incertitude quant à l’orientation politique du pays, la stabilité des marchés financiers, les perspectives économiques stables (dont 70 % proviennent des dépenses des ménages), l’État de droit et la forte protection des droits de propriété continuent de souligner l’attrait du pays pour les investisseurs.
En revanche, ces développements moins positifs en provenance de Chine ont rassuré notre équipe de partenaires de fonds de fonds, Top Tier Access private equity, dans notre conviction que l’économie chinoise n’offre pas encore les marchés financiers stables nécessaires à une solide génération d’actifs à long terme. Nous nous tournons plutôt vers les performances de fonds bien diversifiés en Europe et, bien sûr, aux États-Unis.