Par Franck Dixmier, Allianz Global Investors
- La Fed devrait annoncer un statu quo sur ses taux directeurs lors de sa prochaine réunion de politique monétaire.
- Malgré les données encourageantes sur l’inflation, la résilience de l’emploi devrait toutefois pousser la Fed à rester vigilante et à modérer les attentes des investisseurs sur les perspectives de baisses de taux.
- La recalibration de ces anticipations devrait se traduire par un ajustement de la courbe des taux sur des niveaux plus élevés, après un rallye qui nous a semblé excessif.
Nous estimons que la Fed a probablement atteint son taux terminal dans ce cycle remarquable de resserrement monétaire, le plus agressif depuis 40 ans.
Les dernières données d’inflation et de croissance valident cette perspective. Sur les derniers mois, l’inflation a confirmé sa décrue : l’indicateur préféré de la Fed, le PCE (déflateur des dépenses de consommation) a progressé de seulement +0,16% en septembre sur un mois, soit +2,5% sur les 6 derniers mois en rythme annualisé[1]. Un niveau proche de la cible de la Fed de 2% d’inflation.
Si la Fed peut considérer cette donnée comme encourageante, elle devrait toutefois rester vigilante sur le front de l’emploi. Le dernier rapport sur l’emploi est une piqûre de rappel soulignant la résilience des créations d’emplois et des salaires, avec un taux de chômage de 3,7% qui régresse malgré une augmentation du taux de participation, et des coûts salariaux unitaires en augmentation de +0,4% en glissement mensuel contre +0,3% attendu, et en progression de 4% par rapport à novembre 2022[2].
Il est donc prématuré pour la Fed de relâcher sa garde, alors que des effets de second tour pourraient alimenter l’inflation dans les prochains mois. La normalisation du marché du travail, qui tarde à se matérialiser, sera l’élément clé pour la Réserve fédérale pour envisager une baisse de ses taux. Dans ce contexte, elle devrait envoyer aux marchés un message de patience lors de son FOMC[3] mercredi.
Les investisseurs l’ont en partie compris, et ont révisé leurs attentes de baisse des taux à la suite du rapport sur l’emploi ; la première baisse pricée à 100% en mars prochain n’est plus anticipée qu’à 44%[4]… Ceci nous parait encore optimiste : selon nous, une première baisse de 25pb ne devrait pas avoir lieu avant mi-2024. La recalibration de ces anticipations devrait se traduire par un ajustement de la courbe des taux sur des niveaux plus élevés, après un rallye qui nous a semblé excessif.
[1] Bureau of Economic Analysis, 30 novembre 2023
[2] U.S. Bureau of Labor Statistics, 8 décembre 2023
[3] Federal Open Market Committee
[4] Bloomberg, 11 décembre 2023