L‘histoire du mois
LES MAUVAISES HABITUDES AU SEIN DES DÉPARTEMENTS DES FINANCES
La saison des résultats du dernier trimestre a une fois de plus mis en lumière une mauvaise habitude des directions financières de nombreuses entreprises : l’art de la comptabilité créative. À notre avis, cette mauvaise habitude s’est répandue sur les marchés financiers internationaux ces dernières années, avec pour conséquence une baisse de la qualité des chiffres publiés. Les investisseurs ne peuvent plus faire entièrement confiance aux données clés sur la solidité d’une entreprise. Cela vaut en particulier pour le bilan, le compte de résultat et le tableau des flux de trésorerie. La qualité de ce que l’on appelle les « bénéfices non GAAP » semble particulièrement médiocre. Ce terme provient de la norme comptable américaine GAAP. La catégorie « résultats non GAAP » comprend, par exemple, le chiffre clé EBITDA pour le résultat d’exploitation, c’est-à-dire le résultat avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement. Ces chiffres clés peuvent accroître la transparence. Cependant, ils donnent souvent aux actionnaires une image trop positive de l’entreprise.
L’ARSENAL DES ILLUSIONNISTES DU BILAN EST VASTE :
- Comptabilisation anticipée, voire « frauduleuse », des recettes : les entreprises sont autorisées à comptabiliser des recettes si un contrat a été conclu, s’il existe un accord sur le prix, si le service a été fourni et s’il existe un degré élevé de confiance dans le fait que les clients paieront les biens et les services à une date ultérieure. Un grand nombre d’entreprises comptabilisent des produits prématurément, par exemple en affirmant qu’un service a été fourni alors que ce n’est pas encore le cas.
- Évaluation excessive ou incorrecte des actifs : Les investissements en bâtiments, machines et autres actifs corporels sont souvent évalués à un coût trop élevé. Les entreprises frauduleuses reconnaissent souvent des actifs fictifs ou des actifs qui ne leur appartiennent même pas. Le choix et la durée des périodes d’amortissement posent un problème particulier. Cela peut être justifié si l’actif est réellement utilisé pendant une période plus longue. Toutefois, les raisons invoquées par certaines entreprises pour allonger les périodes d’amortissement sont souvent peu convaincantes, en particulier au cours de la période considérée.
- Reconnaissance inappropriée des créances : De nombreuses entreprises ont un niveau plus ou moins élevé de créances impayées. Elles peuvent les comptabiliser à l’actif parce qu’elles s’attendent à un afflux de liquidités. Certains directeurs financiers laissent des créances en suspens alors qu’elles se sont avérées irrécouvrables depuis longtemps.
- Changements au sein du groupe : Si une société mère ou une filiale du groupe présente trop peu d’actifs dans le bilan, les actifs sont souvent déplacés au sein du groupe peu avant la fin de l’année. Les auditeurs doivent alors souvent effectuer des heures supplémentaires. Le prix de ces transactions est souvent difficile à comprendre.
- Les dettes : Les dettes peuvent également faire l’objet d’une fraude. Elles peuvent ne pas être reconnues en n’étant pas consolidées dans le bilan. Enron a utilisé cette astuce pour tromper le public pendant des années, jusqu’à ce que l’entreprise s’effondre sous ses énormes dettes.
- Changement de normes comptables : La plus grande prudence est de mise lorsque les entreprises modifient fréquemment leurs normes comptables ou introduisent de nouveaux chiffres pro forma sur la base desquels les investisseurs doivent mesurer le succès de l’entreprise futur. Ces chiffres sont appelés pro forma parce qu’ils ne sont pas couverts par les normes comptables.
La liste est encore longue. Bien entendu, certaines de ces astuces ne sont pas illégales. Le problème est que les incitations et les objectifs des dirigeants sont souvent fixés à trop court terme. S’ils ne peuvent pas atteindre ces objectifs honnêtement, certains managers exploitent les options comptables de manière trop agressive. Nous nous considérons comme des actionnaires qui souhaitent accompagner une entreprise dans son développement sur une plus longue période. Nous attachons donc une grande importance à la qualité de la gestion et à la qualité de la comptabilité. Nous investissons selon des critères de qualité clairement définis : Nous investissons dans des entreprises qui ont un rendement du capital élevé et des avantages concurrentiels clairs, qui connaissent une croissance structurelle, qui sont évaluées à un prix que nous estimons approprié sur le marché et qui sont dirigées par une équipe de gestion honnête et transparente. Notre analyse comprend toujours un examen critique de la qualité de la comptabilité par nos gérants.
Par conséquent, nous ne fondons pas notre jugement uniquement sur les chiffres publiés par les entreprises. Nous ne jugeons pas non plus une action sur la base d’un seul chiffre clé isolé. Un critère d’investissement important pour nous est la capacité d’une entreprise à générer des flux de trésorerie d’exploitation élevés. Le flux de trésorerie disponible indique le montant des liquidités d’exploitation générées par une entreprise au cours d’une période donnée, après les dépenses d’investissement. Le flux de trésorerie disponible peut être utilisé pour calculer le rendement du flux de trésorerie disponible. Ce ratio compare le flux de trésorerie disponible attendu à la valeur de marché de l’entreprise. En règle générale, un flux de trésorerie disponible élevé signifie qu’une entreprise génère suffisamment de liquidités pour verser des dividendes, racheter des actions et rembourser ses dettes. En tant qu’investisseurs, nous disposons ainsi d’une base et d’une indication sur la capacité de l’entreprise à générer de la valeur pour ses actionnaires.