Alors que la fin de la hausse de taux a sonné et que l’enclenchement d’une séquence de baisse est toute proche, il est opportun de profiter du niveau élevé des rendements offert par le marché des obligations spéculatives à haut rendement en euro. Un niveau de rendement qui rémunère les investisseurs pour le risque endossé et qui contrebalance le risque de défaut actuel.
Le segment des obligations spéculatives à haut rendement, appelé high yield et qui se définit par une note inférieure à BBB -, ou Baa3 par Moody’s, est un outil d’investissement souvent mal connu par l’investisseur particulier.
Qualifié de spéculatif et étiqueté de risque élevé, il est souvent écarté à tort par un épargnant dans sa recherche de performance. Or les coussins de rendements élevés fournis par le simple portage de ces obligations et le risque limité de duration, sont deux bénéfices à considérer par rapport aux obligations classiques.
Les statistiques montrent sur 10 ans, en effet, que la volatilité du segment high yield évolue à un niveau à peine plus élevé que celui les obligations souveraines, taxées de plus sûres. Ce niveau peu élevé de volatilité est lié à une duration plus courte (maturités courtes des obligations) du segment high yield. A fin avril 2024, avec une duration de 2,7 ans, le fonds ODDO BHF Euro High Yield Bond présente un rendement annuel qui oscille autour de 5,5 %. Ce rendement ne constitue en aucun cas une promesse de performance.
Des « upgrades » plus nombreux
La détention d’un portefeuille diversifié high yield peut offrir d’autres satisfactions, non visibles lors de l’investissement. En effet, de plus en plus d’entreprises notées high yield parviennent avec le temps et des efforts d’assainissement de leur bilan, à améliorer leur qualité de crédit, et à accéder à une meilleure notation, parfois remonter dans la catégorie « IG », soit des notations minimum de BBB- ; Accor ou Lufthansa ont connu ce chemin. Ces derniers temps, les bonnes surprises des entreprises qui ont bénéficié d’un « upgrade » de leur rating sont nettement plus nombreuses que celles punies d’un « downgrade » à cause de la détérioration de leurs finances. L’effet est visible dans les chiffres. D’un marché de plus de € 430 milliards à fin 2021, le total des actifs classés dans la catégorie des obligations high yield en euro (notation inférieure à BBB-) a baissé à € 330 milliards en 2024. Et dans la catégorie de ces obligations high yield, 60 % de ces entreprises affichent un rating de BB, soit la notation située juste au-dessous de la ligne de flottaison de l’Investment Grade.
Sans récession, le marché court…
Les craintes d’une récession qui a l’effet de détériorer la qualité de crédit des entreprises, ont été souvent citées ces derniers trimestres mais ne se sont pas matérialisées. Et si une récession devait finalement éprouver l’économie, la majorité des économistes s’accordent à affirmer qu’elle devrait être légère. D’ailleurs, une fois n’est pas coutume, la croissance de l’économie européenne a surpris dans le bon sens au premier trimestre de cette année. Le produit intérieur brut de la zone euro a progressé de 0,3 % en glissement trimestriel, enregistrant sa plus forte progression en 18 mois. Les quatre principales économies européennes, l’Allemagne, la France, l’Espagne et même l’Italie, ont dépassé les attentes des analystes alors que dans le même temps le taux d’inflation est resté stable à 2,4 % au mois d’avril et que la perspective d’une séquence de baisse de taux par la BCE devrait soutenir l’économie.
« A la limite, dans l’immédiat, selon Alexis Renault, responsable de la gestion High Yield chez ODDO BHF Asset Management, l’inquiétude pourrait peut-être davantage résider dans un marché qui s’assèche. »
Le high yield vit dans des cycles
Il y a toujours un mois, une semaine, un jour, un moment où il est plus opportun d’investir dans ce segment. Les statistiques sont sans équivoque. « C’est toujours selon notre analyse dans le premier trimestre de récession quil parait opportun d’investir , explique Alexis Renault. En effet, on observe que le marché tend à incorporer rapidement le risque de la récession dans ses prix. Lors de la dernière grande récession 2008-2009, le marché a atteint son point bas et son pic de rendement dès décembre 2008, soit pratiquement dans le premier mois de cette forte récession. »
Aujourd’hui l’écart de rendement entre le high yield et corporate Investment Grade (IG : notation minimum de BBB-) est d’environ 2,7% . Autant en profiter. « La tendance actuelle, en l’absence d’accident économique ou géopolitique, devrait se poursuivre d’ici la fin d’année 2024 avec la réduction des spreads de crédit (par rapport au taux sans risque) à environ 300 point de base, avise Alexis Renault. 2022 fut une année compliquée pour le high yield, et comme l’histoire tend à le montrer, après une année difficile, le marché peut se redresser et grimper ensuite durant deux bonnes années. Rappelons cependant que les performances passées ne présagent pas des performances futures et ne sont pas constantes dans le temps»
Souvent, en fin de cycle, le marché exagère sa tendance à la hausse comme il le fait aussi à la baisse. Et autant rester dans le train tant qu’il roule pour continuer à profiter de rendements élevés. Les mini secousses ne sont pas à exclure mais peuvent aussi tourner en opportunité. En 2023, la disparition du Crédit Suisse a élargi temporairement les spreads de crédit High Yield de 430 à 580 points de base. Et en ce début d’année, les événements du Moyen Orient ont élargi temporairement l’écart de plus de 50 point de base.
ETF à la peine
Le plus important dans un portefeuille d’obligations high yield est le choix subtil des titres. Acheter un ETF high yield, c’est investir aveuglément dans toutes les obligations de l’indice, de la meilleure à la plus mauvaise, y compris les pires qui naviguent dans les eaux troubles d’un défaut. Le rôle de l’expert et du gérant de fonds est d’éviter ces écueils. Un fonds géré activement bénéficie de l’approche de ses analystes qui peuvent agir et écarter le mouton noir à la première alerte. Exemple, les vents d’un éventuel défaut du groupe Casino ont commencé à souffler il y a deux ans. Après analyse, ces obligations ont été écartées de la liste par l’équipe de gestion High Yield de ODDO BHF AM, contrairement aux ETF obligés de coller mécaniquement à la composition du benchmark. A l’image d’autres fonds, sur 10 ans, le fonds ODDO BHF Euro High Yield (part CR-EUR) a eu une performance annualisée sur 10 ans de 2,40% contre 3,20% pour son benchmark le BofAML E HY NF FI&FL Rate HY Constrained (Source ODDO BHF AM au 30/04/2024)).
Le fonds ODDO BHF Euro Credit Short Duration, avec 50 % du portefeuille investi dans des obligations à l’échéance fixée en 2025, pourraient s’assurer selon notre analyse des rendements potentiellement plus élevés pour les 18 prochains mois avec les perspectives de baisse des taux directeurs de la BCE qui découleront de la maitrise de l’inflation, en l’absence de défaut et si les titres sont conservés jusqu’à l’échéance. Le moment reste opportun d’investir dans le high yield, avec un niveau de crédit qui tend à l’amélioration et tant que le mot récession reste absent de la bouche des principaux économistes.
« A long terme, j’identifie deux risques principaux qui rendraient vulnérables les obligations high yield : le risque géopolitique et le risque souverain, » explique Alexis Renault. Gardons à l’esprit que les fonds high yield présentent un risque de perte en capital et de défaut plus importants que pour des fonds Investment Grade.
Si l’amplitude et la rapidité des baisse des taux restent encore très incertaines, l’essentiel est la tendance, c’est-à-dire le mouvement de baisse. L’attrait principal du high yield reste dans le portage de ces obligations qui offre un rendement élevé. Ce qui est important, ce n’est pas tant de savoir si une obligation risque de perdre 0,25 % en raison d’une tension peut-être temporaire sur les rendements, mais de savoir si la société risque ou non de connaître des difficultés financières.