Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Adviser Pictet Asset Management.
Le marché continue de capitaliser sur la très bonne saison des résultats et préfère voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide en ce qui concerne la macroéconomie. La forte baisse des commandes de biens durables aux États-Unis (-6,1% en janvier par rapport à décembre 2023) n’a pas suscité de réaction de la part des intervenants de marché.
Leur attention a été accaparée par les statistiques américaines plus positives : l’enquête ISM pour le secteur manufacturier indique un net redémarrage de l’activité et la prévision de croissance américaine pour le premier trimestre par la Fed d’Atlanta a été actualisée fortement à la hausse à 3,2% contre 2,9% mi-février. Même si cette prévision est très volatile, c’est un signal positif. La croissance américaine se tient bien, en dépit de l’utilisation de la quasi-totalité de l’épargne Covid.
Même le secteur de l’immobilier, qui était pourtant considéré comme le maillon faible de l’économie américaine, est en bonne santé. Les prix de l’immobilier résidentiel dans les grandes villes sont à un point haut historique selon l’indice Case-Shiller. Cela ne veut pas dire que tout va bien dans le meilleur des mondes. Il ne faut pas oublier les difficultés de l’immobilier commercial. Mais on se dirige très clairement vers un scénario de soft landing voire de no landing de l’économie américaine.
Perspectives
Après une période d’accalmie, les banques centrales sont de retour. Au regard de la dégradation prononcée de la conjoncture en zone euro, la logique voudrait que la Banque Centrale Européenne (BCE) baisse rapidement ses taux afin de soutenir les pans de l’économie les plus en difficultés, comme l’immobilier. Mais cela n’arrivera pas. La BCE va certainement attendre sagement que la Réserve Fédérale américaine (Fed) entame le cycle d’assouplissement monétaire afin de faire de même. Bref, une nouvelle erreur de politique monétaire à mettre à l’actif de la BCE. Ce n’est pas la première. En pleine crise financière mondiale, la BCE dirigée par Jean-Claude Trichet avait augmenté son taux directeur à cause de possibles pressions sur les prix liées au pétrole. Belle erreur. Il fallut ensuite baisser les taux plus que prévu pour venir en aide aux États et aux banques en difficulté. On dit bien qu’on n’apprend jamais de ses erreurs…