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Guerre commerciale

César Pérez Ruiz, CIO et responsable des investissements, Pictet Wealth Management.

La semaine dernière a été marquée par des menaces de guerre commerciale et des turbulences dans l’écosystème de l’IA. En début de semaine, les indices américains ont brièvement chuté après l’émergence d’un modèle d’intelligence artificielle chinois susceptible de fournir des performances comparables, voire supérieures, à celles de ses rivaux américains, pour un coût très inférieur. Si les bénéfices du quatrième trimestre et les prévisions optimistes de plusieurs entreprises technologiques ont permis de stabiliser le marché, le Nasdaq[i] est resté à la traîne du S&P 500[ii] (-1,63% contre 0,99% en dollars). Les indices boursiers européens ont surperformé leurs homologues américains, comme c’est le cas depuis le début de l’année. Malgré un PIB robuste et une inflation conforme aux attentes, le marché des bons du Trésor est resté calme et n’a pas souffert du statu quo de la Fed. Les emprunts d’Etat et le crédit européens se sont également bien comportés, la BCE ayant annoncé une baisse des taux largement anticipée, tout en ouvrant la porte à de nouveaux assouplissements. Mais les marchés ont plongé après l’imposition par l’administration Trump, ce week-end, de droits de douane frappant les importations canadiennes, chinoises et mexicaines, une annonce qui a provoqué une flambée du dollar et une chute des contrats à terme sur indices boursiers. ​ 

Nous sommes désormais dans l’année du serpent, un signe du zodiaque chinois lié à des affrontements, des conflits et une atmosphère chaotique. De fait, les avancées de la Chine en matière d’intelligence artificielle et les droits de douane de l’administration Trump ont d’emblée secoué les marchés. L’Europe est la prochaine cible sur le front de la guerre commerciale, ce qui devrait doper l’inflation et freiner la croissance aux Etats-Unis en 2025. Si les droits de douane persistent, ils inciteront la Fed à se montrer ferme à court terme et plus accommodante par la suite. Lors de l’effondrement du secteur technologique la semaine dernière, la capitalisation du fournisseur d’IA qui se trouvait dans l’œil du cyclone a perdu USD 600 mia – une perte inédite – avant que les investisseurs privés en profitent pour acheter. Le secteur de l’électricité a également souffert, les investisseurs redoutant que les progrès de l’IA en Chine réduisent les besoins en énergie liés à la puissance de calcul. Mais nous pourrions être en présence du paradoxe de Jevons, selon lequel le progrès technologique rend l’utilisation d’une ressource plus efficace, réduit son coût et accroît la demande, ce qui entraîne une hausse de la consommation totale – des services d’IA en l’occurrence. Cette semaine s’avérera cruciale pour les résultats du quatrième trimestre, qui suggèrent à ce stade une croissance plus forte des bénéfices en 2025. Les récentes annonces concernant les droits de douane sont néanmoins négatives et menacent les actions des marchés européens et émergents. Les chiffres de l’emploi américain seront à surveiller vendredi. Enfin, la Banque d’Angleterre devrait abaisser ses taux de 25 pb à 4,5% jeudi.

[i] Source: Pictet WM AA&MR, Thomson Reuters. Performances passées, Nasdaq Composite (rendement net sur 12 mois en dollars): 2020, 44,9%; 2021, 22,2%; 2022, -32,5%; 2023, 44,6%; 2024, 29,6%.

[ii] Source: Pictet WM AA&MR, Thomson Reuters. Performances passées, S&P 500 Composite (rendement net sur 12 mois en dollars): 2020, 18,4%; 2021, 28,7%; 2022, -18,1%; 2023, 26,3%; 2024, 25%.

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