L’intelligence artificielle (IA) progresse à grands pas, à un rythme qui s’accélère. En bourse, les valeurs de l’IA ont pris le chemin de la hausse. Les perspectives restent prometteuses.
Selon le PDG de Nvidia, Jensen Huang, les investissements dans l’informatique de l’intelligence artificielle n’en sont qu’à leurs débuts. « Nous sommes au commencement de l’IA, sur une rampe de lancement dans un phénomène qui va s’étendre sur plusieurs années. »
De son côté le patron d’Alphabet, Sundar Pichar à la question de ‘ Quelle industrie, quel métier ne sera pas touché par la vague de l’intelligence artificielle ?’ « Aucun », a-t-il répondu et il ajoute. « Je vois une technologie de rupture, plus massive que l’internet et aussi forte que l’électricité. L’IA sera un formidable accélérateur de progrès et de recherche. »
Appliquées dans certains domaines depuis deux à trois ans, l’IA fait déjà des miracles. Exemple, les technologies issues de la reconnaissance vocale, de l’écriture, d’images, des langues etc. dont la progression était constante depuis une dizaine d’années, vient de subir une accélération exponentielle. Une vitesse de progression pas imaginable il y a quelques années…
Derrière l’IA, les puces Nvidia.
Dans la bataille du monde de ces semi-conducteurs, un acteur a rebattu les cartes de la concurrence : Nvidia. L’entreprise américaine initialement connue grâce à son expertise dans les cartes graphiques, a réussi à s’imposer dans l’avant-garde de la révolution de l’IA. Ses nouvelles puces mémoire, plus puissantes et moins gourmandes en énergie, capables de créer des textes et des images, jouent un rôle crucial par exemple dans la formation de modèles linguistiques étendus symbolisée ces derniers temps par des logiciels tels que ChatGPT, l’une des IA les plus connues. Sa technique a besoin de cette immense puissance de calcul pour traiter de très nombreuses données afin de répondre à n’importe quelle question. Parvenir à de telles performances nécessite une puissance de calcul phénoménale permise par de nouvelles générations de semi-conducteurs.
Une puissance qui a permis de traiter des vastes ensembles de données et de produire des réponses qui ressemblent étroitement au langage humain lors de l’interaction avec les utilisateurs. « Nous avons tendance à surestimer les effets de la technologie à court terme et à sous-estimer ses effets à long terme, » cite Roy Amara, scientifique américain.
Il n’y a pas de recette miracle. Les budgets consacrés à la recherche de l’IA sont massifs explique Anjali Bastianpillai, Senior Client Portfolio Manager chez Pictet. Chez Meta, ex-Facebook, un champion dans cette catégorie, le montant est énorme avec près de 30 % des revenus orientés vers la recherche et le développement de l’IA raconte Anjali Bastianpillai qui ajoute. « C’est une variable essentielle dans la sélection de titres dans nos fonds orientés tech. Les valeurs présentes dans nos portefeuilles, consacrent en moyenne 18 % de leurs revenus en R&D à comparer aux 4 % des sociétés qui composent le MSCI. »
Avec les effets de l’IA, les dépenses en technologie vont doubler au cours de la prochaine décennie selon Satya Nadella, CEO Microsoft. Ces avancées pourraient augmenter de 7 % la croissance du PNB.
Portes de saloon
Après des hausses déjà solides en bourse des valeurs IA, la crainte est d’arriver en retard et de prendre une porte de saloon.
Goldman Sachs tend à rassurer sur les fondamentaux. Les cours représentent en moyenne 25 fois les bénéfices attendus. C’est moins qu’en 2020 (36 fois) et surtout qu’en 2000 (43 fois) lors de la bulle internet. « Différence notable, les meneurs de la cote dégagent généralement des marges bénéficiaires et des retours sur fonds propres bien plus élevés qu’en 2000 », pointe Goldman Sachs. A long terme, les thématiques de l’intelligence artificielle sont devenues une promesse de performance.
Les gains sont déjà substantiels surtout depuis le début de l’année rappelle Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet Asset Management, « il y aura des moments de respiration sur les marchés, mais la tendance de fond reste positive. Avec l’essor de l’intelligence artificielle (IA), nous sommes face à une révolution industrielle, c’est une lame de fond qui va perdurer et qui justifie en grande partie que certaines entreprises, du fait de leur position dominante, aient des niveaux de valorisation très élevés. Ce n’est pas nécessairement un facteur de fragilité du marché. Même si une correction est inévitable cette année, la tendance de fond reste haussière », indique-t-il.
Trois fonds thématiques de l’IA
Les fonds thématiques apparaissent comme de bons vecteurs pour accéder à ces méga tendances. Pictet-Digital, qui vise la numérisation de l’économie a pris l’option de concentrer ses convictions dans un portefeuille limité à environ 34 valeurs, c’est-à-dire moins que les autres gérants mais aussi avec des paris sur des valeurs de niche mais avec du potentiel. Comme Mercado Libre, l’Amazon argentin qui a conquis l’Amérique Latine. Ou encore Pinterest (partage de photographies adossé à un réseau social). Et ça marche puisque le fonds a dégagé une performance moyenne sur 10 ans de 19 % (cagr / taux croissance annuel moyen) soit près du double du MCSI AC World. Fin février, les principales positions, Meta (Facebook), Nvidia (semi-conducteurs) et Amazon pèsent pratiquement 25 % dans le portefeuille. Le fonds progresse de 14,96 % au 20 mars sur 2024 (contre 10,11 % pour sa catégorie selon Quantalys) après déjà un bond de 53,65 % en 2023. A noter que le fonds atteint ces performances avec une volatilité accrue.
La thématique de la robotique et de l’automatisation a été une des plus porteuses en Bourse en 2023 (+ 54,28 % en 2023). La robotisation n’est pas une chose nouvelle, mais elle accélère et ne se limite plus à l’industrie proprement dite mais s’étend aussi au domaine des services. Les robots, avec la performance de l’IA, peuvent mieux percevoir l’environnement et traiter un ensemble plus élevé de données plus complexes, pour agir de manière plus intelligente et indépendante. Salesforce, Google et Nvidia sont les trois plus fortes positions du fonds qui a progressé cette année de 9,95 % au 20 mars.
Enfin, le thème de la sécurité se consacre principalement à la cybersécurité, de protection à la personne, de systèmes de surveillance intelligents mais est aussi présent dans des secteurs comme la santé, l’hygiène, etc. Palo Alto, leader mondial en cybersécurité, Kla (semi-conducteurs) et Crowstrike (cybersécurité) sont le trio de titres les plus pondérés (15 % ensemble). Le fonds a dégagé une performance de 21,92 % en 2023 et de 7,14 % depuis le 1er janvier (au 20 mars).
Sur 10 ans, Pictet-Digital a produit 10,74 % en moyenne par an, Pictet-Security 8,55 %, Pictet-Robotics, 16,74 % depuis 2015, année de son lancement. Toutes les performances sont en USD.
Apple et Tesla écartés
Si les sept ‘magnificient’ (Apple, Google, Tesla, Microsoft, Nvidia, FB, Amazon) règnent sans partage et mènent la danse en bourse, deux de ces valeurs sont absentes des trois portefeuilles Pictet cités ci-dessus. Apple, l’entreprise californienne est perçue comme moins innovante sur l’IA générative que d’autres géants de la tech, dont Google et Microsoft. Les marchés financiers l’ont sanctionné pour son inaction supposée (-7 % depuis le 1/1). Mais le groupe dirigé par Tim Cook n’a sans doute pas dit son dernier mot. Autre absente, Tesla (-20 % depuis le 1/1) souffre de la baisse des prix des voitures électriques, d’une demande moins robuste et d’une concurrence de plus en plus présente.