Les tendances phares qui attendent la science, la technologie et la durabilité dans les 12 prochains mois – et au-delà.
L’IA, mais pas seulement
Si elle fait les gros titres depuis deux ans, l’intelligence artificielle (IA) n’est pas la seule tendance à suivre. Les progrès de la robotique et de l’automatisation améliorent l’efficacité, la productivité et la sécurité, transformant des pans entiers de l’économie. Des véhicules autonomes à l’automatisation de certains processus grâce à la robotique, ces technologies rebattent les cartes dans des secteurs comme l’industrie, la santé et la logistique. Une start-up pionnière dans le transport autonome en tant que service («Autonomous Transportation as a Service», ou ATaaS) devrait par exemple lancer un service de livraison de marchandises sans chauffeur au Texas en 2025, tandis que Tesla prévoit de déployer 1000 robots humanoïdes dans ses usines d’ici la fin de l’année1. De son côté, l’IA continue d’évoluer, avec des relais de croissance prometteurs dans la biotech (développement de nouveaux traitements, analyse des données et de l’imagerie, repositionnement des médicaments existants…), ainsi que dans les services à la consommation et le monde du travail, où elle peut augmenter la productivité.
Les puces 3D
Smartphones, ordinateurs, voitures et même équipements militaires: tous dépendent des semi-conducteurs. Partout dans le monde, des entreprises cherchent à réduire la taille de ces puces tout en augmentant leur puissance de calcul et leur efficacité énergétique. Mais l’accumulation des transistors sur des plaques de silicium touchant ses limites physiques, l’architecture des puces devrait continuer à sortir peu à peu de la 2D: les concepteurs travaillent de plus en plus en trois dimensions et empilent des «chiplets» sur une base en silicium avec des liaisons hybrides pour former une puce. La mémoire HBM («high bandwidth memory») est une technologie très performante à faible latence composée de plusieurs mémoires vives dynamiques (DRAM). L’un des avantages de cette innovation, c’est que tous les chiplets n’ont pas besoin d’être aussi avancés, ce qui fait permet de faire baisser les coûts de fabrication. Samsung Electronics fait partie des entreprises qui devraient dévoiler des puces 3D en 20252.
Les CDMO, nouveaux acteurs de la pharmacie
La complexité croissante des nouveaux traitements médicaux favorise l’essor des CDMO («Contract Development Manufacturing Organisations»), des entreprises spécialisées dans la sous-traitance de la recherche-développement (R&D) et de la production de médicaments. Le fait d’externaliser une partie de ces activités aux CDMO permet aux laboratoires pharmaceutiques de partager une partie des risques et d’accélérer les mises sur le marché. De leur côté, les CDMO génèrent de la valeur en rationalisant le processus de R&D et de production, souvent grâce à des technologies innovantes comme l’IA. Leur rôle est appelé à croître dans la médecine moderne, y compris dans la mise au point de traitements personnalisés et dans la thérapie cellulaire.
Source: Mega, IEA
Les arbres se réinventent
Le bois, l’un des plus vieux matériaux au monde, fait aujourd’hui un retour en force. Porté par des modes de consommation écologique et l’essor du e-commerce, il est devenu incontournable pour l’emballage, mais aussi pour la construction. Grâce à des progrès technologiques comme le lamellé-croisé ainsi qu’à la mise en place de toute une série de règles environnementales de construction, il s’impose peu à peu dans le secteur du bâtiment dans son ensemble. C’est également un composant phare de plusieurs nouveaux matériaux, comme le PET végétal utilisé pour les bouteilles de Coca-Cola ou le biocarburant, qui peut compléter ou remplacer le gasoil dans les voitures et les camions. Les exploitations forestières sont de plus en plus souvent utilisées comme infrastructures pour les énergies renouvelables (avec l’installation de tours éoliennes ou de structures pour l’installation de panneaux solaires en extérieur par exemple). Nombreux sont aussi ceux qui prennent conscience du fait que le bois peut jouer un rôle plus direct dans la gestion du dioxyde de carbone, que cela passe par des crédits ou par la bioénergie avec captage et stockage de ce dernier.
Les réseaux électriques 2.0
Une planète plus verte, c’est une planète qui a besoin de plus d’électricité provenant de sources propres. Pour y parvenir, nous avons besoin d’un réseau plus intelligent. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), pour atteindre le zéro émissions nettes, il faudra construire ou moderniser 25 millions de kilomètres de réseau électrique dans les cinq prochaines années3. Tout d’abord, le recours accru aux énergies renouvelables exige des investissements dans les connexions inter-réseaux pour transporter l’électricité produite dans les zones où se situent les panneaux solaires et les éoliennes, souvent éloignées, vers celles où se situe la demande, et ainsi connecter la production d’énergie renouvelable au réseau. Ensuite, l’électrification sectorielle (qui découle de l’essor des véhicules électriques et des pompes à chaleur notamment) va engendrer une hausse de la demande en électricité qui nécessitera un renforcement et une modernisation des réseaux. Enfin, pour éviter les coupures de courant, ces réseaux devront être capables de résister à des événements météorologiques extrêmes qui découlent du changement climatique.
La lutte contre les inondations
Les dégâts causés par les inondations sont évalués à USD 40 milliards par an et touchent des millions de personnes4. Outre le changement climatique, les phénomènes météorologiques au sens large et l’urbanisation des zones inondables rendent indispensables la construction d’infrastructures et l’aménagement de paysages capables de résister aux catastrophes naturelles. En 2024, par exemple, l’Europe a subi des inondations qui figurent parmi les pires de ces deux dernières décennies.
La résilience des sols – notamment les dispositifs de protection et la gestion des crues – constitue un pilier de l’adaptation climatique. De leur côté, les villes se focalisent sur les infrastructures et le rôle que la technologie pourrait jouer; elles imaginent par exemple des «doubles virtuels» qui servent à modéliser l’impact d’inondations potentielles. New-York fait partie des villes qui ont adopté de nouvelles règles d’urbanisme destinées à améliorer la résistance aux inondations. Des normes strictes s’appliquent aux infrastructures critiques comme les hôpitaux et les centrales électriques. La ville a également lancé un projet de renforcement des défenses contre les inondations côtières.
L’alimentation intelligente
L’alimentation, c’est notre carburant. Un carburant auquel on accorde de plus en plus d’importance. Le marché de la nutrition sportive pèse actuellement USD 45 milliards. Portée par la demande en compléments permettant d’améliorer la performance, de se remettre des efforts et d’éviter les blessures, le secteur devrait croître à un rythme annuel composé de 7,5% jusqu’en 20305. L’importance croissante accordée à la santé se traduit aussi par une augmentation de la demande en aliments fonctionnels, notamment ceux qui sont enrichis en vitamines et en probiotiques. Enfin, le recours au GLP-1 pour la perte de poids a fait naître un marché connexe: celui des produits qui permettent de protéger la masse musculaire, de traiter les problèmes de digestion et d’assurer un apport adéquat en micronutriments malgré la réduction de l’apport calorique. Des entreprises comme Nestlé et Herbalife ont d’ores et déjà lancé des produits qui complètent le traitement par GLP-1, et d’autres gammes devraient être mises sur le marché en 2025.