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Ralentissement ? Quel ralentissement?

César Pérez Ruiz, CIO et responsable des investissements, Pictet Wealth Management.

REVUE HEBDOMADAIRE

La fin de l’espoir d’une baisse des taux de la Fed en mars, le retour des craintes concernant certaines banques régionales américaines et les résultats décevants de la technologie ont plombé les actions en milieu de semaine dernière. Mais les indices se sont redressés grâce aux résultats d’autres entreprises technologiques, le S&P 500 enregistrant une performance hebdomadaire de 1,4%i (en dollars), même si les bons chiffres de l’emploi de janvier ont semblé enterrer l’idée d’une baisse des taux anticipée. Le Stoxx Europe 600 a progressé de seulement 0,9%iii (en euros), tandis que la correction des actions chinoises se poursuivait, le MSCI China reculant de 3,9%ii en dollars (en partie en raison d’une décision de justice concernant la liquidation du promoteur immobilier Evergrande).

Alors que les bons du Trésor américain chutaient après la publication d’un rapport sur l’emploi faisant état d’une forte hausse de la progression des salaires en janvier, les investisseurs n’ont pas semblé perturbés par le fait que la Fed écarte l’hypothèse d’une baisse des taux en mars et ont bien accueilli le calendrier d’émission du département du Trésor, moins chargé qu’anticipé. Dans le sillage de nouvelles secousses touchant le système bancaire régional américain, les rendements des bons du Trésor ont chuté, l’échéance à 10 ans terminant la semaine à 4,03%. Les fortes baisses de l’inflation en France et en Allemagne ont alimenté un rallye des obligations européennes, les investisseurs espérant une baisse des taux de la BCE dès le mois d’avril. La décision de la Fed de repousser la baisse des taux a soutenu le dollar, tandis que nous assistions à un plongeon des cours du pétrole.

CITATION DE LA SEMAINE

Jerome Powell, président de la Fed, évoquant la possibilité d’une baisse des taux en mars :

«[Mars n’est] probablement pas l’hypothèse la plus probable, ou ce que l’on pourrait appeler le scénario de base».

INDICATEURS CLÉS

En janvier, 353 000 emplois non agricoles ont été créés aux Etats-Unis, ce qui est nettement supérieur aux prévisions et représente une accélération par rapport au chiffre (révisé à la hausse) de 333 000 enregistré en décembre. Le taux de chômage est resté stable à 3,7%. Le salaire horaire moyen a encore progressé pour atteindre un taux annuel de 4,5% en janvier, contre 4,3% en décembre. Parallèlement, l’indice ISM des directeurs d’achat du secteur manufacturier est passé de 47,1 en décembre à 49,1 en janvier.

De son côté, la zone euro a enregistré une croissance nulle du PIB au quatrième trimestre, soit 0,5% pour l’ensemble de l’année 2023. Dans la région, l’inflation globale a ralenti à 2,8% en rythme annuel en janvier (contre 2,9% en décembre), tandis que l’inflation sous-jacente chutait à 3,3% (contre 3,4%).

En Chine, l’indice officiel des directeurs d’achat (PMI) du secteur manufacturier a légèrement augmenté à 49,2 en janvier (contre 49,0 en décembre), tout en restant en territoire de contraction pour le quatrième mois consécutif.

ANALYSE DES MARCHÉS

L’accélération des créations d’emplois complique le calendrier de baisse des taux de la Fed et nous surveillerons de près les autres indicateurs américains pour évaluer l’ampleur du ralentissement de l’économie. Un marché de l’emploi moins dynamique et la poursuite de la désinflation pourraient conduire à un premier assouplissement monétaire en juin. L’hypothèse du mois de mai ne peut être écartée, mais mars paraît improbable.

Les pertes subies par une grande banque américaine mettent en évidence le risque d’accident – il ne s’agit probablement pas d’un cas isolé – et soulignent l’importance de la sélection des titres cette année. La liquidation d’un promoteur immobilier a déstabilisé les marchés chinois et il conviendra de surveiller si la chute des prix peut être enrayée.

Les actions américaines ont été tirées par les «Sept Magnifiques», des valeurs technologiques affichant un bénéfice par action sans égal. Soutenue par les bénéfices du quatrième trimestre, la dynamique du marché peut se maintenir, mais toute déception serait sanctionnée. Sur les marchés obligataires, la sursouscription (plus de 10 fois) d’une émission grecque illustre notre thème pour 2024: «des liquidités vers la duration».

i Source: Pictet WM AA&MR, Thomson Reuters. Past performance, S&P 500 Composite (net 12-month return in USD): 2019, 31.5%; 2020, 18.4%; 2021, 28.7%; 2022, -18.1%; 2023, 26.3%.
ii Source: Pictet WM AA&MR, Thomson Reuters. Past performance, STOXX Europe 600 (net 12-month return in EUR): 2019, 27.6%; 2020, -1.5%; 2021, 25.5%; 2022, -10.1%; 2023, 16.5%.
iii Source: Pictet WM AA&MR, Thomson Reuters. Past performance, MSCI China (net 12-month return in USD): 2019, 23.7%; 2020, 29.7%; 2021, -21.6%; 2022, -21.8%; 2023, -11.0%

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