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«Offensive de printemps»: la fin des taux négatifs

César Pérez Ruiz, CIO et responsable des investissements, Pictet Wealth Management.

REVUE HEBDOMADAIRE

Les commentaires des banques centrales ont encore dominé les marchés la semaine dernière. Le président de la Fed, Jerome Powell, s’est montré quasiment prêt à abaisser les taux directeurs et son homologue de la BCE, Christine Lagarde, a évoqué un premier assouplissement en juin. Difficile à analyser, le rapport sur l’emploi non agricole de février a renforcé l’hypothèse d’une baisse des taux en milieu d’année. L’indice S&P 500 a néanmoins reculé légèrement la semaine dernière (-0,2% en dollars), en raison de prises de bénéfices. En fin de semaine, le titre du fabricant de puces pour l’intelligence artificielle le plus en vue a notamment enregistré une correction. Les marchés obligataires ont bénéficié d’une meilleure visibilité concernant le calendrier des premières baisses de taux et les rendements ont baissé sur l’ensemble de la courbe, en Europe comme aux Etats-Unis. Les actions japonaises ont progressé, même si le yen s’est redressé face au dollar. Alors que le billet vert a souffert des perspectives de baisse des taux de la Fed, le recul des taux réels américains a permis à l’or de prolonger son rallye pour atteindre des sommets historiques.

GÉOPOLITIQUE

Après le «Super Tuesday», les élections américaines de 2024 s’annoncent comme une réédition du duel de 2020 entre Donald Trump et Joe Biden. Les tensions géopolitiques jouent un rôle croissant dans la campagne électorale et la politique budgétaire sera probablement expansionniste après les élections, quel que soit le vainqueur.

INDICATEURS CLÉS

L’emploi non agricole s’est accru de 275 000 postes aux Etats-Unis en février, tandis que les gains d’emplois des deux mois précédents étaient révisés à la baisse de 167 000 postes. Le taux de chômage a augmenté de 3,7% en janvier à 3,9% en février, pendant que le salaire horaire moyen ralentissait de 4,5% à 4,3% L’indice ISM des directeurs d’achat des services a chuté à 52,6 en février contre 53,4 en janvier, tout en restant supérieur au seuil de 50 – qui sépare l’expansion de la contraction – pour le 14e mois consécutif.

Le commerce extérieur chinois a fortement progressé en janvier et février, les exportations augmentant de 7,1% et les importations de 31,5% sur la période par rapport à l’année précédente. Ces deux chiffres sont supérieurs aux attentes du consensus.

La production industrielle allemande s’est redressée plus que prévu en janvier, augmentant de 1% en rythme mensuel après un recul de 2% en décembre. Mais elle est restée inférieure de 5,5% à celle de l’année précédente et les commandes d’usines ont plongé de 11,5% par rapport au mois de décembre.

ANALYSE DES MARCHÉS

Au Japon, les hausses de salaire massives obtenues dans le cadre des négociations collectives (Shunto, ou «offensive de printemps») ouvrent la voie à la normalisation de la politique monétaire de la Banque du Japon et à la sortie des taux négatifs. Alors que nous anticipions une première hausse des taux de la BoJ à la mi-2024, nous estimons désormais que celle-ci pourrait intervenir dès le mois d’avril. Nous détenons une position short sur la duration japonaise.

Cette hausse des taux de la BoJ pourrait précéder les premières baisses de taux des autres grandes banques centrales. Aux Etats-Unis, la hausse des prix à la consommation et les ventes de détail permettront de faire le point sur l’état de l’économie avant la réunion de la Fed des 19 et 20 mars. Les baisses de taux de la Fed et de la BCE devraient intervenir en juin.

Une stabilisation des perspectives économiques et une reprise de l’activité manufacturière nous incitent à l’optimisme vis-à-vis des actions, d’autant plus que les taux devraient baisser aux Etats-Unis et en Europe cette année. Nous sommes neutres sur les actions américaines et surpondérons les actions japonaises. L’or offre une couverture contre la montée des risques géopolitiques. Le plongeon de la monnaie égyptienne la semaine dernière a montré que l’on ne pouvait exclure la survenance d’accidents sur les marchés.

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