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Après un premier semestre surprenant sur les marchés financiers, estime que les actifs risqués doivent rester privilégiés pour la deuxième partie de l’année.

Après un premier semestre surprenant pour l’économie américaine, Laurent Denize (Global CIO chez ODDO BHF Asset Management) perçoit désormais les prémices d’un ralentissement pour l’économie américaine. « Il se matérialise par des dépenses qui commencent à coincer chez les ménages américains, avec une capacité de crédit qui diminue et une épargne excédentaire qui semble s’épuiser ».

« Le marché du travail est resté jusqu’ici assez robuste, mais quelques fissures semblent se dessiner avec un taux de chômage qui monte légèrement, mais sûrement ». Il souligne également que la croissance des emplois se voit actuellement surtout dans les secteurs liés au dépenses gouvernementales (éducation, soins de santé, etc), et pas du tout dans le secteur privé. « Et ce n’est donc pas une très bonne nouvelle pour l’économie. D’un autre côté, nous avons quand même la hausse du revenu disponible, causée par l’écartement entre des salaires qui continuent de monter et l’inflation qui recule ».

A l’inverse, il estime que l’Europe bénéficie d’un contexte un peu plus favorable, avec des surprises positives notamment grâce à la résilience du secteur des services. La croissance chinoise, quant à elle, s’est stabilisée et devrait dépasser les 5% grâce aux exportations dopées par la faiblesse de la devise. « La consommation privée continue toutefois de décevoir ».

Interventions monétaires

Laurent Denize souligne que nous restons dans un schéma de désinflation, avec des pressions salariales qui sont en train de s’atténuer tant en Europe qu’aux Etats-Unis, ce qui éloigne le spectre d’un redémarrage de l’inflation. « Pour le moment nous sommes plutôt confiants, d’autant plus que la Chine exporte de la déflation grâce à la faiblesse de sa devise ».

Dès lors, le scénario au niveau des politiques monétaires tient toujours compte d’une ou deux baisses de taux supplémentaires pour la BCE. « Nous pensons également que les signes de ralentissement aux Etats-Unis vont devenir évidents durant l’été, et devraient permettre à la Réserve Fédérale de faire deux baisses de taux d’ici la fin de l’année, en septembre et en décembre ». Laurent Denize estime également que la Fed va devoir agir pour limiter l’impact du service de la dette compte tenu de la trajectoire actuelle du déficit budgétaire américain (6 à 8% par an).

Impact de Trump

En cas d’élection de Donald Trump à la présidence américaine, il estime que l’Europe pourrait être visée par des droits de douane qui pourraient avoir un impact de 0,2 à 0,3% du PIB sur la croissance du PIB européen. Les secteurs qui seraient les plus impactés par ces mesures seront l’automobile, le luxe, la pharmacie et la technologie. « Aujourd’hui, Novo Nordisk vend son traitement anti-obésité 1300 dollars aux Etats-Unis, contre 79 dollars pour son équivalent en Allemagne ».

« Et dans le même temps, la baisse du taux d’imposition sur les entreprises américaines leur donnerait un avantage compétitif, donc là aussi, une élection de Trump serait plutôt négatif pour les entreprises européennes ». A l’inverse, le retour de l’ancien président pourrait être une bonne nouvelle pour les flux d’investissements dans la transition verte (batteries électriques, etc), qui s’étaient massivement dirigés vers les Etats-Unis suite au passage de l’Inflation Reduction Act.

Décisions d’allocation

Au niveau de la stratégie d’investissement, Laurent Denize souligne qu’il est aujourd’hui avisé d’allonger les maturités dans les portefeuilles dans un contexte de baisse d’inflation, et de taux directeurs qui devraient être abaissés dans les prochains mois. « Nous préférons actuellement les obligations d’entreprises de bonne qualité, qui offrent un rendement réel qui est devenu attractif ». Il est cependant beaucoup plus prudent sur la dette spéculative à haut rendement, dont les rendements sont aujourd’hui peu intéressants pour les segments les moins risqués (B et BB). 

« Pour les marchés d’actions, nous avons actuellement deux stratégies. Premièrement, nous avons un positionnement de long terme sur la technologie et l’intelligence artificielle, qui nous apparaît être un vecteur de croissance des résultats qui devrait perdurer au vu des récents résultats trimestriels de groupes comme NVidia ou Microsoft. Dans ce cadre, nous apprécions également les perspectives du luxe, qui cote à des niveaux de valorisation qui sont devenus très attractifs ».

« Deuxièmement, nous sommes en train de revenir sur les actions européennes au vu des bonnes surprises économiques de ces dernières semaines, couplées à une baisse des taux qui a déjà commencé ». Il estime que les résultats devraient surprendre positivement durant les prochaines échéances trimestrielles, avec également un niveau de versement aux actionnaires (rachats d’actions et dividendes) qui est en train de devenir plus favorable qu’aux Etats-Unis. « Le shareholder yield, c’est-à-dire le rendement des dividendes plus les rachats d’actions, cela représente deux-tiers de la performance de long terme sur les marchés boursiers ». Dans ce domaine, il estime qu’il faut privilégier les petites et moyennes capitalisations, qui sont plus sensibles à la baisse des taux sur leur endettement et dont les résultats sont en train de s’améliorer plus rapidement que ceux des grandes capitalisations.

Frédéric Lejoint

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