Par Frédéric Lejoint.
Parmi les fonds de la gamme Polaris proposée par le gestionnaire franco-allemand ODDO-BHF Asset Management, ODDO BHF Polaris Flexible est la plus petite (600 millions d’euros en encours sous gestion) et la plus flexible (de 25 à 100% sur les actions, de 0 à 100% sur les obligations). Les gestionnaires ont également la possibilité de se positionner sur les marchés monétaires, ou constituer des positions en produits dérivés pour optimiser le couple rendement/risque du fonds.
Le fonds affiche une progression annualisée supérieure à 5% durant les cinq dernières années, avec une volatilité très maîtrisée, ce qui lui a permis d’obtenir une notation quatre étoiles chez Morningstar sur trois, cinq et dix ans. Nous avons récemment eu l’occasion de rencontrer Patrick Suck, le gestionnaire principal du fonds, à l’occasion de son passage à Bruxelles.
Positif
« Pour l’année en cours, nous sommes prudemment optimistes pour le scénario macroéconomique après deux années marquées par un ralentissement de l’activité accompagné d’une hausse de l’inflation et des taux d’intérêt et par des révisions négatives sur les attentes bénéficiaires ». Il table plutôt sur un scénario d’atterrissage en douceur pour les économies développées avec deux ou trois baisses de taux directeurs pour les banques centrales.
Patrick Suck souligne toutefois que dans le cadre de la gestion de son fonds, l’environnement économique a finalement peu d’impact en raison d’une sélection de titres visant les sociétés de qualité exposées sur des tendances structurelles de long terme. « Par qualité, nous entendons des sociétés avec des niveaux élevés de rentabilité sur fonds propres, des résultats croissants, des bilans solides et des avantages compétitifs forts ».
Tendances
Et par tendance structurelle de long terme, il vise des sociétés exposées sur des tendances comme les soins de santé sans exposition sur les risques liés aux essais cliniques (comme Danaher, Thermo Fisher ou ICON) ou encore la consommation (notamment le luxe avec LVMH). « Mais la plus importante dans le portefeuille est certainement l’exposition sur la digitalisation de nos sociétés ».
S’il ne détient pas directement NVidia, plusieurs des sociétés dans son portefeuille sont exposées directement ou indirectement sur la thématique de l’intelligence artificielle, notamment Broadcom (le deuxième plus important acteur dans les puces pour les IA), Synopsys (qui fournit les logiciels à NVidia pour développer leurs processeurs) ou TSMC (qui construit les usines où les puces de NVidia sont produites).
Défensif
ODDO BHF Polaris Flexible a été géré de manière plus défensive durant les deux dernières années que durant la décennie précédente, avec notamment une exposition nette sur les marchés actions qui est tombée à 35% dans le courant 2023, contre 55% à 60% auparavant. « Les valorisations avaient atteint des niveaux particulièrement élevés en 2021 et 2022, et les problèmes rencontrés par les banques régionales américaines nous avaient amenés à être plus prudents ».
A partir de l’automne 2023, l’exposition nette sur les actions a été progressivement relevée à plus de 60%, notamment suite à la vente des instruments de couverture, avec une poche qui est partagée équitablement entre les actions européennes et américaines, avec une exposition limitée sur les marchés émergents. « Suite à la correction des marchés, certaines des sociétés de qualité que nous apprécions pour le très long terme avaient vu leur valorisation devenir à nouveau très attractive ».
Actions européennes
« Nous sommes surpondérés sur les actions européennes par rapport à un indice global, essentiellement parce que les sociétés européennes sont parfois valorisées de manière plus attractive à qualité équivalente par rapport aux actions américaines. Si vous regardez où les sociétés dans notre portefeuille réalisent leur chiffre d’affaires et leur bénéfice, vous verrez par contre que le portefeuille est beaucoup plus exposé sur l’Asie ou les Etats-Unis ».
Il souligne également avoir relevé son exposition sur quelques petites et moyennes capitalisations durant les derniers mois, avec notamment des positions qui ont été constituées dans le groupe d’ingénierie français Alten ou dans le distributeur chimique néerlandais IMCD. « Ce segment a été durement touché par l’évolution macroéconomique, et semblent aujourd’hui particulièrement attractives par rapport aux grandes capitalisations, plus particulièrement au niveau européen ». Elles représentent actuellement moins de 10% des encours du fonds, mais cette proportion devrait augmenter dans les prochains mois.
Hedging
Patrick Suck souligne d’ailleurs qu’il utilise essentiellement des couvertures afin de pouvoir ajuster tactiquement l’exposition de son fonds sans avoir à vendre des positions sur des sociétés de forte qualité, ce qui permet de limiter les frais de transaction. « Nous avons pour habitude de ne pas faire trop tourner notre portefeuille, et nous préférons rester calmes si nous ne trouvons pas d’opportunités d’investissement. Nous n’avons actuellement pas de couverture sur nos positions pour la première fois depuis 2021, car nous sommes relativement confiants pour la direction des marchés durant les prochains mois ».
A l’inverse, Patrick Suck souligne avoir graduellement augmenté la poche investie sur les produits de taux, tout en relevant la duration du portefeuille afin de pouvoir pleinement participer au mouvement de baisse des taux à venir. « Nous sommes essentiellement exposés sur la dette d’entreprise (entre 80 et 90%), où il est possible d’obtenir un rendement plus attractif, en gardant à l’esprit que certaines sociétés sont parfois dans une meilleure santé financière que certains gouvernements ».
Et dans cette poche obligataire, la stratégie flexible du fonds lui permet de détenir 20 à 25% d’actifs obligataires plus risqués, comme la dette émergente, la dette subordonnée bancaire ou les émissions à haut rendement. « Ces trois classes d’actifs représentent actuellement entre 6 et 8% de notre poche obligataires ».