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Sous la surface

Laurent Denize, Co directeur des investissements ODDO BHF AM.

« Dans l’ensemble, au vu des perspectives mondiales, l’environnement reste plutôt favorable aux actifs risqués. Toutefois, de nombreuses incertitudes subsistent sous la surface, entraînant des risques de baisse dans le scénario « higher for longer » « 

Après un mouvement de hausse quasi-linéaire pour la plupart des classes d’actifs au premier trimestre, le deuxième trimestre a été plus mitigé. En ce début de second semestre, la situation générale reste globalement favorable. Toutefois, sous la surface, les marchés financiers semblent en proie à certaines faiblesses, du ralentissement économique aux indicateurs techniques à des niveaux élevés, en passant par des valeurs technologiques moins bien orientées et les incertitudes électorales. Il est peu probable que la saison des résultats qui s’annonce apporte un quelconque soulagement. Serait-ce le calme avant la tempête ? Même si ce n’est pas notre hypothèse de base, nous pensons que les conditions sont réunies pour que les marchés financiers prennent une pause estivale.

La macro-économie montre des signes de faiblesse

Aux États-Unis, les tendances récentes indiquent un essoufflement des attentes de croissance, l’indicateur de surprise économique américain passant en territoire négatif. Parallèlement, le taux de chômage américain a atteint 4,1%, franchissant la barre des 4% pour la première fois depuis la crise du COVID. Historiquement, lorsque cela s’est produit, une hausse rapide du taux de chômage a suivi.

En Europe, la baisse significative des indices PMI (Purchasing Managers’ Index) en juin (45,8 pour l’indice PMI manufacturier), le recul de l’indice IFO

du climat des affaires en Allemagne et le fort repli des indicateurs de surprise suggèrent que la reprise bourgeonnante reste fragile. L’incertitude politique en France n’arrange pas les choses.

En outre, les effets des restrictions sur le transport maritime en mer Rouge et dans le canal de Panama se font sentir à l’échelle mondiale. Le commerce international subit d’importantes perturbations en raison de l’augmentation des coûts de fret et des goulots d’étranglement des chaînes d’approvisionnement. L’impact sur la croissance du PIB mondial ne sera pas négligeable.

« Bad news is good news »… pour le moment

Malgré le ralentissement économique en toile de fond (« mauvaise nouvelle »), les marchés financiers ont globalement progressé. Ce comportement en apparence contre-intuitif découle du fait qu’un affaiblissement de l’économie renforce les perspectives de baisse des taux par les banques centrales (« bonne nouvelle »). Tant que la Fed laisse la porte ouverte à une première baisse en septembre, les marchés lui accordent le bénéfice du doute et portent un regard positif sur des données négatives.

Cependant, le risque de déception est élevé si au moins deux baisses de taux n’ont pas lieu avant la fin de l’année 2024. Le scénario de deux baisses de taux reste notre scénario central, avec une normalisation de la hausse des prix, une décélération des salaires, et des prix de l’énergie qui évoluent désormais dans une fourchette basse.

La situation est bien différente pour la BCE, la croissance économique restant morose en zone euro et l’inflation poursuivant sa trajectoire vers les 2 %. En ce sens, les mauvaises nouvelles font en effet figure de bonnes nouvelles, dans une logique de poursuite de la baisse des taux.

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