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Luc Olivier, CFA, Gérant, La Financière de l’Échiquier (LFDE).

Utilisés notamment par les industries pharmaceutiques, cosmétiques ou encore agroalimentaires, les ressources génétiques dématérialisées (DSI [1]) sont une composante clé de la transition environnementale et énergétique. Qualifiées d’or vert, les DSI bénéficient de la richesse de la biodiversité et sont issues de la collecte de données extraites des patrimoines génétiques végétaux, animaux ou encore de micro-organismes. Celles-ci sont ensuite stockées dans des bases de données mondiales librement accessibles. Si leur utilisation permet notamment de substituer des ingrédients provenant du secteur pétrolier, l’exploitation massive de ces données gratuites, issues de la nature, dépend intégralement de la biodiversité. Sujet cœur de la COP 16 dédiée à la biodiversité, le lancement du fonds Cali lors de la COP16.2, qui s’est tenue à Rome en février dernier, constitue un progrès. L’objectif ? Financer, par les contributions des entreprises qui utilisent des DSI, des actions de protection de la biodiversité. Si le fonds Cali n’en est qu’à ses prémices, nous sommes convaincus de l’urgence de financer la biodiversité, clé de la transition.  

Les entreprises utilisatrices de DSI sont encouragées à abonder le fonds à hauteur de 0,1% de leur chiffre d’affaires ou 1% de leurs profits. Or, si à long terme, cette contribution s’avère, selon nous, indispensable pour préserver la biodiversité et pérenniser le modèle d’affaire des entreprises très dépendantes de la nature, à court terme, cette somme peut impacter leur valorisation boursière. Pour la biotech danoise Novonesis, auprès de qui nous engageons depuis 2024 sur leur contribution aux DSI, la somme annuelle s’élèverait entre 4 et 6 millions d’euros [2]. A travers la conception de bio-solutions, Novonesis se positionne en effet directement sur le segment des DSI. Grâce à des organismes vivants, la biotech produit des molécules jusque-là développées par la chimie synthétique. Ces bio-solutions transforment chaque étape de la chaîne de valeur et impactent tous les secteurs : bio-carburants, industrie alimentaire, probiotiques, lessives… Elles agissent directement sur notre écosystème en préservant les ressources de biodiversité, contribuant ainsi à la transition.

Moteur de transition

Convaincus que l’impact écosystémique des entreprises sur la biodiversité est l’un des moteurs de la transition, nous nous intéressons à des leaders de tous secteurs, à l’image de Novartis, qui vise la neutralité carbone à horizon 2040. Ce groupe suisse est l’un des pionniers sur l’enjeu des DSI dans l’industrie pharmaceutique. Ainsi, dès le début des années 2000, Novartis a conclu avec le Smithsonian Tropical Research Institute de l’Université de Panama, un accord pour l’analyse des sources biologiques issues de la forêt tropicale dans l’objectif de développer un traitement contre le cancer. En échange d’extraits de plantes, Novartis transfère son savoir-faire bio-analytique, contribue à préserver la biodiversité et finance les équipes de recherche locales.

Les défis sont multiples. Les actions nécessaires pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris doivent être massivement renforcées. Pour préserver la biodiversité, la Banque Mondiale estime le besoin de financement annuel à 700 milliards de dollars d’ici 2050 [3]. Au sein du Groupe LBP AM, nous sommes convaincus qu’il est de notre devoir d’investisseurs d’accompagner les entreprises dans la compréhension de ces enjeux et dans les actions à déployer. Cette synergie entre investisseurs et entreprises est déterminante pour relever l’un des grands enjeux de notre siècle, préserver notre planète.

[1] Digital Sequence Information

[2] Données calculées sur 0,1% du chiffre d’affaires et 1% des bénéfices ajustés de 2024

[3] Financing Nature Report, 2020, The Nature Conservency, Paulsoninstitute, Cornell Atkinson

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