Après une fin d’année 2023 en trombe, David Kruk souligne que la bourse américaine est aujourd’hui mure pour une pause. Pour 2024, il faudra être particulièrement attentif aux causes de la baisse des taux directeurs.
A l’occasion de leur premier webinaire Au Cœur Des Marchés pour l’année 2024, qui s’est tenu le 4 janvier, Pierre Puybasset (Porte-parole de la gestion chez La Financière de l’Echiquier) et David Kruk (Responsable du trading desk chez La Financière de l’Echiquier) sont revenus sur les derniers événements de l’année 2023, et ont mis en évidence les éléments dont il faudra tenir compte pour les premières semaines de l’année qui vient de commencer.
Powell rallye
« Alors que nous nous attendions à une pause dans le mouvement de hausse en fin d’année, les marchés ont décidé d’interpréter les déclarations de Jerome Powell de la mi-décembre comme la confirmation d’un pivot dans la politique menée par la Fed, ce qui a changé la donne car nous n’attendions pas une telle déclaration avant 2024 », souligne David Kruk. « Ceci a semblé confirmer une trajectoire d’inflation en baisse accompagnée d’une croissance qui se stabilise, avec désormais pas moins de six baisses de taux anticipées par les marchés tant aux Etats-Unis qu’en Europe ».
« Dans l’ensemble, 2023 a été une année compliquée, qui s’est avérée être finalement un excellent cru », avec un indice S&P500 Total Return qui a grimpé de 26%, pour terminer non loin de ses records, vs des hausses de 19% pour l’indice EuroSTOXX50 et de plus de 50% pour le Nasdaq 100. « La fin d’année a également permis à certains segments délaissés de se reprendre, notamment celui des petites et moyennes capitalisations ».
Consensus trompeur
« Des thématiques fortes, comme l’intelligence artificielle ou les médicaments contre l’obésité, ont également soutenu certaines actions. Ces performances remarquables ne doivent toutefois pas faire oublier que d’autres parties du marché ont traversé des moments difficiles, comme les actions chinoises. Dans le même ordre d’idée, les flux sont restés négatifs sur l’Europe en dépit d’une bonne performance ».
David Kruk constate également que de nombreux observateurs se sont trompés en 2023, notamment ceux qui estimaient probable une récession, afin de parvenir à maîtriser l’inflation. « Le fait est que l’activité économique ne s’est pas effondrée, et nous attendons à présent des baisses des taux directeurs, alors que la récession n’est finalement pas survenue ».
Pierre Puybasset confirme que « le consensus en 2023 n’a pas été un bon indicateur pour allouer son épargne. Il fallait être contrarian dans ces conditions qui avantageaient les traders par rapport aux investisseurs de long terme, ces derniers n’ayant pas été favorisés en dehors des deux derniers mois de 2023. Acheter le marché dans les mouvements de correction s’est avéré très payant, notamment l’été dernier ».
Indicateurs techniques
Alors que les signaux techniques étaient assez favorables en octobre 2023, ils sont aujourd’hui nettement moins bons. « Ils ont généralement eu tendance à bien fonctionner depuis deux ans, alors qu’ils sont souvent peu évoqués par la presse ou les gestionnaires d’actifs », souligne David Kruk. L’indicateur bull/bear est le premier de ces indicateurs contrarian, qui donne le rapport entre les investisseurs haussiers et baissiers.
« Plus les pessimistes sont nombreux, plus les marchés sont survendus et ont un potentiel de rebond. Et inversement, plus les haussiers sont nombreux, plus il faut se montrer prudent. Et nous sommes désormais dans une telle séquence, où le marché est suracheté ». Un autre indice pointant dans le sens d’un changement d’orientation du marché est le faible niveau des liquidités des portefeuilles des fonds de placement, tombé à son plus bas niveau en deux ans. « Sur le court terme, il semble que le marché américain doive respirer un peu », prévient David Kruk.
Pierre Puybasset souligne pour sa part que si le mouvement de baisse des taux est en principe positif pour les marchés boursiers, avec des investisseurs désireux de reprendre du risque, les attentes déjà intégrées dans les valorisations sont déjà très élevées. « Ceci constitue un facteur de risque pour les marchés début 2024, face à un scénario économique positif devenu consensuel ».
Chercher la cause
David Kruk souligne qu’il faudra être particulièrement attentif à la cause des baisses de taux à venir, et donc s’il s’agit d’une simple normalisation de la situation face à une inflation désormais sous contrôle, ou d’une réaction face à des conditions économiques qui se dégradent. « Dans ce dernier cas, le contexte pourrait devenir moins favorable si les investisseurs commencent à anticiper une contraction des marges bénéficiaires et des résultats. Il faut toutefois constater que jusqu’ici, le consommateur américain s’est montré très résilient, et que la récession devrait être modérée et de courte durée, plutôt dans la seconde partie de 2024 ».
Pour le mois de janvier, il s’attend à des marchés boursiers qui risquent d’être moins favorables. « Il y a peu d’éléments susceptibles de surprendre encore favorablement les investisseurs ces prochaines semaines, que ce soit sur l’orientation de la politique monétaire, sur les résultats du quatrième trimestre ou sur un éventuel redémarrage de l’économie chinoise. Nous pourrions avoir une correction de 3 à 4% en janvier, dans l’attente de niveaux plus favorables pour les indicateurs techniques ».
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