Après un mois de janvier marqué par un retour des grandes valeurs technologiques, les indicateurs techniques continuent de pointer vers une correction pour les prochaines semaines.
Pierre Puybasset (Porte-parole de la gestion chez La Financière de l’Echiquier) et David Kruk (Responsable du trading desk chez La Financière de l’Echiquier) ont récemment tenu leur webinaire mensuel Au Cœur Des Marchés. A cette occasion, ils ont comme d’habitude évoqué les événements du mois écoulé, et tracé les contours des événements susceptibles d’affecter les bourses pour le prochain mois.
L’exception technologique
David Kruk souligne que le début de l’année a fortement ressemblé aux dix premiers mois de 2023, avec un engouement sur les grandes valeurs technologiques américaines et sur le Japon, tandis que les petites et moyennes capitalisations ont de nouveau perdu du terrain. « La performance de l’indice S&P500 depuis le début de l’année a été tirée par trois valeurs : Meta, Microsoft et NVidia. Cette tendance autour de la technologie reste très forte, car il s’agit du dernier secteur boursier a encore enregistrer une croissance de son activité ». D’autres acteurs ont également publié des chiffres très favorables durant les dernières séances, comme SAP, Taiwan Semiconductors ou ASML. « Ne pas détenir de valeurs technologiques liées à l’intelligence artificielle est aujourd’hui très difficile ».
Dans le reste de la cote, il ne peut toutefois que constater que la saison des résultats est pour le moment mitigée. « Les attentes avaient été fortement ajustées à la baisse avant le début des publications, et les premiers résultats pointent désormais vers un recul encore plus prononcé des bénéfices. En dehors de la technologie, la situation n’est donc pas si rose », constate David Kruk.
Pierre Puybasset souligne que ce comportement boursier exceptionnel est également lié au fait que ces grands groupes technologiques ne sont généralement pas endettés, et bénéficient donc du niveau élevé des taux obligataires pour dégager d’importants bénéfices sur leurs liquidités. « Dans le même temps, le reste du marché semble être de plus en plus affecté par la remontée du coût de la dette ».
Consensus trompeur
Le mois de janvier a également vu une activité économique qui est restée soutenue au niveau américain, avec une inflation qui peine à descendre et des taux longs qui se sont de nouveau tendus. « Les banquiers centraux ont tenté de reprendre la main et sont parvenus à normaliser les attentes quant aux nombres de baisses de leur taux directeur attendues, de 7 à 5 baisses pour l’ensemble de l’année », constate David Kruk. « Il est également important de signaler que plusieurs adjudications ne se sont pas bien passées durant les dernières semaines, signe que les investisseurs devraient désormais demander des rémunérations plus élevées pour accepter de financer les déficits ».
Pierre Puybasset souligne pour sa part que l’inflation reste une problématique à observer pour les prochains mois, avec les événements dans la Mer Rouge et les risques de nouvelles tensions géopolitiques en cas d’élection de Donald Trump. « L’enthousiasme du mois de décembre sur la modération de l’inflation et le relâchement des taux s’est clairement atténué ces dernières semaines. Comme d’habitude, il faut se méfier du consensus car il peut changer très vite ».
David Kruk est également revenu sur les événements du mois écoulé sur la Chine, avec des autorités qui sont massivement intervenues pour soutenir les marchés financiers. « Les investisseurs internationaux restent toutefois à l’écart du marché en l’absence de clarté sur la croissance économique future de l’économie chinoise, toujours fortement dépendante du marché immobilier, dont les chiffres restent extrêmement déprimés ».
Marché du travail
Du côté des grands brokers, l’écart reste important entre les pessimistes et les optimistes, entre ceux qui s’attendent à une forte contraction des marges bénéficiaires et des résultats durant les prochains trimestres ; et ceux qui tablent plutôt sur une croissance mondiale qui va surprendre favorablement.
« Je suis plutôt du côté des optimistes.L’économie américaine devrait selon moi rester résiliente durant le reste de l’année grâce au consommateur américain, avec un nombre de baisses du taux directeur qui ne devrait être que de deux ou trois détentes de 25 points de base », estime David Kruk. « Le retour des opérations de fusions-acquisitions pourrait également être un élément favorable pour le segment des mid caps. Plus généralement, que nous ayons trois ou huit baisses de taux en 2024, ce mouvement sera favorable à ce segment du marché ».
David Kruk souligne également que les chiffres des créations d’emplois (qui seront publiés ce vendredi 2 février) devront à nouveau être suivis de près. « C’est la clé de voûte du système économique américain, et si le chiffre devait passer sous la barre de 100.000, ce serait mauvais signe ».
Indicateurs défavorables
Pour le mois de février, il s’attend à une poursuite d’une dichotomie forte sur les marchés boursiers, avec une période de résultats qui devrait encore renforcer l’attrait sur le secteur technologique. « Comme au début janvier, les indicateurs techniques restent toutefois défavorables, avec un niveau d’optimisme très élevé et des liquidités au plus bas depuis deux ans dans les portefeuilles. Il n’y a donc que peu de réserves si les marchés venaientnt à décrocher. La hausse des taux et le manque de soutien en dehors du secteur technologique constituent également des facteurs d’inquiétude pour le mois de février ».
Disclaimer : Les opinions émises dans le document correspondent aux convictions des personnes interrogées. Elles ne sauraient en aucun cas engager la responsabilité de LFDE.