Les décisions de Donald Trump vont entraîner plus de volatilité sur les marchés boursiers, mais les prochains mois devraient encore rester favorables aux portefeuilles investis sur la bourse américaine.
Les spécialistes de La Financière de l’Échiquier s’étaient déplacés à Bruxelles pour une édition en public de leur célèbre webinaire Au Cœur des Marchés. A cette occasion, Pierre Puybasset (Porte-Parole de la gestion) et David Kruk (Responsable du trading desk) étaient accompagnés de David Ross, CFA (gestionnaire du performant Echiquier World Equity Growth) afin d’analyser la récente élection de Donald Trump à la présidence américaine.
Red Sweep
« Nous avons assisté à un Red Sweep de la part du parti républicain, ce qui a constitué une surprise », souligne David Ross. « Ce qui est encore plus surprenant, c’est le caractère décisif de l’élection, ainsi que la forte reprise des marchés directement liée à cette transition tranquille ». Il souligne également que les nominations de Donald Trump, aussi discutables soient-elles, doivent encore être approuvées par le Sénat. « Les marchés vont être particulièrement attentifs à la manière dont ces nominations vont se passer ».
« Cette procédure sera la principale indication d’une éventuelle résistance du côté républicain aux tarifs douaniers promis dès janvier 2025. Si le Sénat laisse faire, cela signifiera qu’il n’y aura aucun moyen de stopper la mise en place du programme de Donald Trump », estime encore David Ross. « En termes de déréglementation, je n’attends pas grand-chose. Il considère que les grandes entreprises technologiques sont des champions nationaux dans la bataille qui oppose les Etats-Unis à la Chine ».
Inflation et croissance
Les marchés vont donc devoir vivre avec cette nouvelle réalité, avec un Etat qui va dépenser beaucoup d’argent et un endettement public qui va exploser à 170% du PIB durant la prochaine décennie. « La conséquence ? Des taux beaucoup plus élevés, avec un impact sur la rentabilité des entreprises américaines et sur la valorisation du marché », souligne encore David Ross.
Le programme de Donald Trump devrait également provoquer une hausse des pressions inflationnistes dans le courant de l’année prochaine, et réduire la marge de manœuvre de la Réserve Fédérale pour assouplir sa politique monétaire. « L’expulsion d’immigrés sans papiers sera une opération coûteuse, qui risque de provoquer d’importants dysfonctionnements sur le marché du travail ». La perspective des tarifs douaniers risque aussi d’entraîner une augmentation forte des importations américaines durant les dernières semaines de 2024, avec le risque d’un trou d’air au début de l’année prochaine. « Ceci risque d’être un point de basculement pour le marché américain en 2025 », conclut David Ross.
Allocation d’actifs
En tant que gestionnaire du fonds Echiquier World Equity Growth, David Ross estime que son travail va devenir beaucoup plus difficile à partir de l’année prochaine. « Il y aura beaucoup plus de volatilité, mais cela devrait également nous offrir beaucoup d’opportunités. Nous avons ainsi déjà profité de la correction subie par Uber, qui est perçu comme l’anti-Tesla, alors que le modèle de l’entreprise est principalement administré au niveau des différents Etats américains ». Il estime également que les grands groupes technologiques profiteront de cet environnement, notamment ceux actifs dans l’intelligence artificielle (Facebook, Google, Microsoft, Amazon et NVIDIA).
A l’inverse, il estime que les groupes européens et chinois qui vendent beaucoup sur le marché américain seront mis sous pression, notamment des groupes comme LVMH, ASML ou Novo Nordisk. « A l’inverse, les petites capitalisations européennes tournées vers le marché domestique pourraient bénéficier de la baisse attendue des taux directeurs de la BCE ».
Courtiers optimistes
De son côté, David Kruk souligne que les grands courtiers américains ont augmenté leurs prévisions de croissance suite à l’élection de Donald Trump, de 1,9% vers 2,5% pour l’année prochaine. « La baisse des impôts va également avoir un impact sur la croissance des résultats, qui est désormais attendue à 11%. Dans ce contexte, les courtiers s’attendent désormais à un indice S&P500 qui atteindra 6500 points en 2025. Il est toutefois difficile d’avoir une vision négative sur la bourse américaine dans ce contexte, tout au moins durant le premier semestre, où la visibilité est relativement bonne ».
En revanche, la visibilité est moins bonne pour le deuxième semestre, notamment en raison de la hausse attendue de l’inflation qui pourrait faire grimper le taux à 10 ans au-dessus de la barre des 5%. « Je trouve dangereux de toucher aux paramètres d’une économie qui fonctionne miraculeusement bien, avec le risque de voir progressivement des ratés dans le moteur américain ».
Surprise européenne
Pour les prochaines semaines, David Kruk souligne que le mois de décembre est rarement négatif sur les marchés boursiers. « Le marché dispose encore d’importantes réserves, notamment au niveau des rachats d’actions et des montants importants encore parqués sur des fonds monétaires, avec une performance qui devrait être relativement stable sur l’ensemble du mois ».
Dans le même temps, il estime que les marchés ont capitulé un peu trop rapidement sur l’Europe, qui a fortement sous-performé à la suite à l’élection de Donald Trump avec une décote qui atteint désormais des niveaux historiques. « Les données économiques ne sont pas aussi noires que les marchés semblent croire, et les élections en Allemagne pourraient constituer un catalyseur de moyen terme, si la nouvelle coalition autorisait l’augmentation des dépenses publiques ». En outre, la hausse du dollar face à l’euro favorisera les exportateurs européens et la BCE va également soutenir l’économie avec sept baisses du taux directeur attendues en 2025. « Nous avons peut-être atteint le sommet du pessimisme sur l’Europe, et le mois de décembre pourrait bien voir le marché rebondir ».
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