Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Adviser Pictet Asset Management.
Personne ou presque n’en a parlé. Et pourtant, c’est une annonce cruciale. La Chine a décidé d’entamer son bras de fer avec le président élu Donald Trump avant qu’il n’entre en fonction en interdisant les exportations de gallium, de germanium et d’antimoine lorsque ces métaux, essentiels pour la transition énergétique, sont utilisés à des fins militaires aux États-Unis.
Détail qui a son importance : le communiqué de Pékin est plutôt vague, puisqu’il est précisé que cette interdiction s’applique « en principe » uniquement aux acheteurs affiliés au secteur militaire. Cela laisse entendre que l’interdiction pourrait être étendue aux activités civiles si nécessaire, ou, en tout cas, que les douaniers chinois possèdent une marge d’interprétation large. C’est une mauvaise nouvelle pour les Américains. Dans le cas du germanium, par exemple, ils sont obligés d’importer 50% de leurs besoins, en particulier de Chine. Le germanium est un métal industriel qui est indispensable dans l’électronique, les systèmes de fibre optique, les installations d’énergie solaire ou encore la vision infrarouge qui a des applications duales, aussi bien civiles que militaires. Une nouvelle étape de la guerre commerciale est franchie, celle du nationalisme métallique.
Perspectives
Clap de fin pour les banques centrales. La Banque Centrale Européenne (BCE), la Banque Nationale Suisse (BNS) et la Banque du Canada (BoC) devraient chacune baisser leur taux directeur de 25 points de base cette semaine. Attention, la BNS pourrait aussi évoquer la possibilité d’une intervention directe sur les taux de change pour limiter l’appréciation du franc suisse. La devise helvétique a augmenté de 4,7% face à l’euro en l’espace de six mois sur fond de décrochage économique européen et de hausse du risque politique en France.
En Asie, la Central Economic Work Conference devrait avoir lieu dans les jours à venir – la date définitive n’a pas été fixée. C’est un rendez-vous crucial, car c’est à cette occasion que le gouvernement chinois définit les priorités économiques pour l’année à venir. À son issue, seules les grands domaines d’intervention seront dévoilées ; avec probablement une attention particulière pour l’immobilier et l’industrie exportatrice. Il faudra attendre la session annuelle du Parlement en mars 2025 pour avoir des données chiffrées sur l’objectif de croissance et les montants d’investissement qui seront alloués. Patience. Nous doutons, dans tous les cas, que la Chine annonce un grand plan de relance budgétaire. Pour l’instant, le levier monétaire a surtout été actionné, avec un effet positif limité sur la dynamique économique.
Le saviez-vous ?
L’adoption du progrès technique se fait à un rythme de plus en plus rapide. Il a fallu 46 ans pour que l’électricité soit utilisée par 25% de la population mondiale. Il a fallu 31 ans pour la radio…16 ans pour les ordinateurs…7 ans pour internet…et seulement 4 ans pour les smartphones. Quelle époque !