Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Adviser, Pictet Asset Management.
La Bourse de Paris broie du noir. Les statistiques économiques sont mauvaises, en particulier les PMI manufacturier et du secteur des services. Cela fait des mois qu’ils sont largement inférieurs à 50 et ancrés à des niveaux de contraction extrêmement forts qui n’augurent rien de bon pour l’économie française. Il y a évidemment la faiblesse de la Chine qui pénalise directement le luxe. S’ajoute à cela l’instabilité politique qui va crescendo et qui se traduit notamment par une flambée des coûts d’emprunt de la France. Depuis la semaine dernière, la France emprunte à des taux supérieurs à la Grèce sur des maturités de dette allant jusqu’à dix ans. Certains commentateurs commencent même à parler de « crise financière ». Heureusement, nous n’en sommes pas encore là. En revanche, les signaux négatifs s’accumulent.
Dans ce contexte, il ne serait pas surprenant que le CAC 40 finisse l’année sous les 7000 points symboliques et donc en négatif alors que le S&P 500 affiche une hausse de plus de 25% sur un an. Impossible pour la Place de Paris de rivaliser. Les conséquences à moyen terme sont évidentes : il va y avoir encore plus de décollecte d’épargne sur les actifs français et des flux entrants sur des produits exposés sur les indices et les titres américains. D’ailleurs, c’est ce différentiel de performance entre les deux bords de l’Atlantique qui explique en grande partie la chute récente de l’euro. Pas besoin de chercher plus loin. Les flux fuyant l’Europe et allant se réfugier aux Etats-Unis favorisent une baisse structurelle de l’EUR/USD.
Qu’est-ce qui pourrait changer la donne ? Peu de choses à court terme. On évoque souvent la création d’un Nasdaq européen. Mais c’est une chimère. La triste réalité, c’est certainement que l’Europe boursière n’évitera pas un lent décrochage – la Place de Paris étant probablement la plus vulnérable en ce moment.
Perspectives
Comme chaque début de mois, l’attention va se porter sur l’emploi américain. C’est l’une des dernières statistiques majeures avant la réunion de la Réserve Fédérale américaine (Fed) de décembre. Elle permettra peut-être au marché de trancher une épineuse question : est-ce que la Fed va baisser ses taux de 25 points de base ou faire une pause ? Le PCE core, publié la semaine dernière, et qui est la mesure préférée de l’inflation par la Fed, a atteint 2,8% sur un an en octobre – un point haut depuis avril. Cela plaide plutôt en faveur d’une pause. Mais les dés ne sont pas jetés…Tout est encore possible.
Le saviez-vous ?
C’est la fausse bonne nouvelle de la semaine. L’anticipation d’inflation à long terme pour la zone euro est retombée à 2% pour la première fois depuis juillet 2022. Est-ce une victoire de la BCE ? Pas vraiment. C’est surtout le symptôme d’une demande atone.