Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Adviser Pictet Asset Management.
La détente sur les taux obligataires se poursuit. C’est le phénomène marquant de la fin d’année. Cela s’explique par cinq facteurs principaux : 1) la chute du pétrole ; 2) des anticipations d’anticipation revues à la baisse ; 3) une activité économique un peu ralentie ; 4) l’anticipation de baisse des taux par les banques centrales dès le printemps 2024 et 5) les fonds spéculatifs qui achètent de la duration après avoir été vendeurs pendant des mois. A court terme, nous continuons de privilégier les durations courtes (1-3 ans) car le calendrier précis de baisse des taux par les banques centrales n’est pas encore connu. On sait que ce sont les échéances longues qui sont d’habitude les plus volatiles quand il y a une incertitude à ce sujet. Ce fut d’ailleurs le cas lors des derniers mois. Les taux longs américains ont connu des mouvements de 12 points de base en moyenne en séance – une volatilité inhabituelle qu’on retrouve seulement pendant les épisodes de crise comme la Covid ou la crise financière de 2007-08. Ce n’est qu’en début d’année prochaine, lorsque le panorama économique sera plus limpide, qu’il sera certainement opportun de revenir vers les maturités longues.
Perspectives
C’est le baroud d’honneur des banques centrales. La Réserve Fédérale américaine, la Banque Centrale Européenne, la Banque Nationale Suisse et la Banque d’Angleterre se réunissent cette semaine. Sans surprise, elles devraient maintenir les taux inchangés. Tout le monde aimerait qu’elles donnent des indications sur la direction de la politique monétaire en 2024. C’est trop tôt, selon nous. Dans le meilleur des cas, elles devraient se féliciter de la baisse de l’inflation qui permet d’envisager un éventuel pivot l’an prochain. Il faudra donc faire preuve de patience pour savoir quand les premières baisses de taux auront lieu et surtout de quelle ampleur sera le processus d’assouplissement monétaire. Le consensus anticipe qu’il y aura un cycle de baisse des taux de 100 points de base des deux côtés de l’Atlantique en 2024. Ce n’est en rien certain.