Oups
Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Adviser Pictet Asset Management.
On peut tripatouiller les chiffres dans tous les sens, c’est mauvais. L’inflation aux États-Unis est non seulement élevée mais elle accélère. L’indice des prix à la consommation a atteint 3,5% sur un an en mars, contre 3,2% en février, et un consensus à 3,4%. Hors éléments volatils, c’est pire. L’inflation atteint 3,8% sur un an et même 0,4% sur un mois – ce qui est un rythme anormalement élevé. En cause : l’inflation dans les services qui augmente, en particulier le coût des assurances, les soins médicaux et le transport. Ce n’est pas structurel. Mais c’est suffisamment problématique pour repousser la perspective de baisse des taux par la Réserve Fédérale américaine (Fed). En début d’année, le consensus de marché tablait sur 6-8 baisses de taux avec un début en mars. Désormais, il n’en prévoit plus que deux avec un début en septembre. Le scénario d’une baisse des taux en juin, en même temps que la Banque Centrale Européenne, est désormais écarté, à moins d’avoir des chiffres de l’emploi très décevants.
Il y a toutefois un autre paramètre à prendre en compte. Il n’y a pas que le marché de l’emploi et l’inflation qui pèsent dans la balance. Le service de la dette est tout aussi important. En supposant que les taux restent stables, le coût de la dette pour le gouvernement fédéral devrait atteindre près de 6% du PIB d’ici la fin de l’année. En revanche, si la Fed baisse ses taux de 150 points de base, cela provoquerait une baisse de 33% de la charge d’intérêts, par exemple. Ce n’est pas négligeable. À n’en pas douter, la Fed a aussi conscience de cet enjeu à l’approche de l’élection présidentielle.
Hors pays développés, l’attention se porte sur la Chine. Pendant longtemps, les analystes espéraient que le pays serait un relais de croissance mondiale. C’est raté. La consommation est à la traîne. Des analystes évoquent la possibilité de mesures de soutien directement aux ménages via le versement de cash (helicopter money). Ce fut testé pendant la Covid dans plusieurs grandes villes sans que cela ne réussisse à soutenir la demande. La Thaïlande s’oriente vers ce type de mesure. Via le budget de l’État (donc les impôts) et les banques publiques, un total de 14 milliards de dollars vont être distribués. A n’en pas douter, Pékin va regarder de près si ce dispositif a plus de succès en Thaïlande qu’il n’en a eu en Chine.
Perspectives
Aucune statistique majeure cette semaine. L’inflation en zone euro sera un non-évènement puisqu’il s’agit de la deuxième estimation qui ne diffère jamais de la première. La porte est toujours grande ouverte pour une baisse des taux en zone euro au mois de juin.