Privilège exorbitant
Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Adviser Pictet Asset Management.
Vous n’allez pas y échapper. Pendant tout le mois d’avril, nous allons entendre parler du risque de baisse de la note de crédit de la France à cause du dérapage du déficit budgétaire. Le verdict va tomber le 26 avril prochain. Il est probable que les agences de notation Moody’s et Fitch dégradent la note du pays. Est-ce important ? Cela va-t-il engendrer une défiance des investisseurs ? Non. La France bénéficie de ce qu’on appelle en économie un privilège exorbitant. Les OAT sont de facto l’actif de réserve pour la zone euro puisqu’il n’y a tout simplement pas suffisamment de Bunds émis sur le marché pour répondre à la demande des acheteurs institutionnels. Il y a aussi un autre paramètre à prendre en compte. Les OAT hedgés (avec couverture du risque de change) constituent une source de rendement stable et importante pour les banques japonaises qui figurent parmi les principaux acheteurs non-européens de dette française. La dégradation de la note France, largement prévisible, ne va rien changer à cette situation. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas faire des efforts sur la maîtrise de la dépense publique. C’est nécessaire. En revanche, cela ne sert à rien d’avoir un discours alarmiste…
Perspectives
L’or continue de grimper et ça ne va pas s’arrêter de sitôt. Les achats des banques centrales constituent une lame de fond haussière. En février, elles ont acheté 19 tonnes d’or, soit un total de 64 tonnes depuis le début de l’année. C’est le neuvième mois consécutif d’achats nets.
La réunion de la Banque Centrale Européenne (BCE) est le point d’orgue de la semaine. Pour une fois, tout va bien. Le point bas de la croissance semble avoir été atteint. En outre, l’inflation poursuit son reflux. L’indice des prix à la consommation harmonisé hors éléments volatils a chuté pour la première fois en deux ans sous le seuil symbolique de 3%, à 2,95% en mars sur un an. C’est en-dessous de la prévision des économistes de la banque centrale C’est donc très encourageant. Dans la plupart des pays membres de l’Union, le processus de désinflation se poursuit à un rythme soutenu. Sur la période considérée, l’inflation est ressortie à 2,5% en France, 2,3% en Allemagne et même 1,3% en Italie. À moins d’un accident de dernière minute, la BCE a toute latitude pour baisser les taux au moins de juin – comme prévu par le consensus.