Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Adviser Pictet Asset Management.
Ce ne sont pas encore les Jeux Olympiques. Et pourtant, la France a déjà gagné une médaille. La France est championne du déficit public au concours 2023 parmi les pays grands ou moyens de la zone euro avec un déficit à 5,5% du PIB. Il va sans dire, un retour à l’objectif de 3% en 2027 semble compromis, à moins qu’il y ait une cure d’austérité ou une hausse phénoménale de la croissance. Les deux scénarios sont fantaisistes. Il faut s’attendre à ce que les agences de notation nous sanctionnent en avril. Pour autant, cela ne devrait pas remettre en cause l’attrait de la dette française auprès des investisseurs.
Heureusement, tout n’est pas négatif. Il y avait une bonne nouvelle dans les comptes publics publiés par l’INSEE la semaine dernière : le taux des prélèvements obligatoires a nettement baissé en 2023. C’est d’ailleurs une des causes explicatives de l’aggravation du déficit. À noter toutefois que ce taux était anormalement haut en 2022. Sur la période de 2016 à 2022, le taux des prélèvements a augmenté de 0,5 point de PIB…malgré les mesures prises pour le réduire. On va s’arrêter là.
Perspectives
Il y a un autre chiffre important, c’est celui de l’inflation au mois de mars en zone euro qui sera publié mercredi. Une forte chute pourrait renforcer la possibilité d’une baisse des taux par la Banque Centrale Européenne (BCE) dès ce mois-ci. Le chiffre de l’inflation en Espagne en mars qui a été rendu public mercredi dernier est, en tout cas, encourageant. L’inflation sous-jacente (hors éléments volatils) est ressortie à 0,5% sur un mois – ce qui est légèrement sous sa moyenne de long terme (0,6%). Comme la BCE l’a indiqué récemment, le choc d’offre a été le principal moteur de hausse de l’inflation dans l’Union. Celui-ci est désormais terminé. Cela ouvre donc la porte à un assouplissement bienvenu de la politique monétaire qui pourrait apporter un peu d’air frais au secteur de l’immobilier, à l’investissement et aux consommateurs. Nous tablons toujours sur une amorce du processus de baisse des taux en juin, en même temps que la Réserve Fédérale américaine et la Banque du Canada.