La BCE fait sa rentrée
Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Adviser Pictet Asset Management.
C’est passé inaperçu alors que c’était certainement l’une des informations de marché les plus importantes de la semaine passée. Le marché boursier indien a atteint le seuil de 4000 milliards de dollars de capitalisation – un record. A l’inverse, la capitalisation du marché boursier chinois continue de chuter, ce qui incite à la prudence. Les valeurs du secteur de la consommation constituent le gros de la cote en Inde, en particulier Zomato (livraison de nourriture à domicile) et MakeMyTrip (agence de voyage en ligne). C’est LE marché émergent à suivre dans les années à venir.
Perspectives
C’est cette semaine que les banques centrales font leur rentrée. La Banque Centrale Européenne (BCE) va être le principal point d’attention. De plus en plus d’analystes s’attendent à ce que l’institution baisse les taux avant la Réserve Fédérale américaine (Fed). Les arguments en faveur de ce scénario sont nombreux :
- Le processus de désinflation se poursuit sans encombre en zone euro. L’objectif d’inflation à 2% est désormais atteignable à moyen terme. Selon les dernières projections de la BCE, l’indice des prix à la consommation devrait atteindre 2,1% en 2025 et 1,9% en 2026.
- Des mesures plus fines de l’inflation vont également dans ce sens. L’indice PCCI (Persistent and Common Component of Inflation) hors alimentation et énergie, qui est l’indicateur favori de la banque centrale pour mesurer les pressions inflationnistes en zone euro, a chuté sous 2% en novembre. C’est très encourageant.
- Enfin, tout porte à croire que la boucle prix-profit, qui a alimenté la hausse des prix sur une partie de l’année 2023, n’est plus un sujet.
La bataille contre l’inflation n’est pas complètement terminée. Mais tout indique que le pire est désormais derrière nous. Voilà pour la partie économique.
On sait que la BCE prend en compte aussi d’autres paramètres, y compris politiques, pour conduire la politique monétaire. Par le passé, elle a souvent été critiquée pour son excès de prudence. Il n’est pas improbable qu’elle commette de nouveau cette erreur en préférant que ce soit la Fed qui enclenche le cycle de baisse des taux plutôt qu’elle, alors que la conjoncture économique s’y prête.