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Alors que l’intelligence artificielle envoute Wall Street, les prix des métaux précieux et des matières premières font des bonds.  Les prix de l’or ont atteint des sommets records en ce début d’année, l’or spot atteignant un nouveau sommet de 2449,89 $ fin mai. L’argent a également atteint des sommets pluriannuels, tout comme le cuivre métallique industriel.
Malgré la correction en cours, les analystes s’attendent que les prix se renforcent au cours des 12 prochains mois.

L’argent, qui a deux faces, de métal précieux et industriel, est encore début juin en gain de 25 % depuis le 1er janvier. Tandis que l’or reste en progrès de 12 %.

Les tensions géopolitiques n’y sont pas étrangères avec des noueux de tensions qui existent sur la planète.   C’est l’un des rares variants des marchés. Quand le bruit des bottes se font entendre, l’or grimpe. « Une hausse impressionnante de la demande d’or en Chine au premier trimestre de 2024 a aussi largement alimenté la remontée des prix », relatent les stratèges.

Le marché chinois est le premier demandeur de lingots, après que le pays a dépassé l’Inde en 2023 pour devenir le plus grand acheteur mondial de bijoux en or.

Les consommateurs chinois ont également été à l’avant-garde des achats d’or, achetant 603 tonnes de bijoux en or l’année dernière, une hausse de 10% par rapport à 2022, selon les données du World Gold Council. La WGC s’attend à ce que la demande de bijoux chinois reste élevée cette année, voire plus élevée qu’en 2023.
Qu’en est-il du cousin pauvre de l’or, l’argent ? Alors que l’argent a tendance à jouer le « second violon » de l’or.

« L’argent a sans doute été encore plus intéressant – il a finalement réussi à rattraper son retard sur l’or », a déclaré Thomas Planell, gérant du fonds DNCA Investment Strategic Ressources. Il a expliqué qu’à mesure que le marché devient plus en plus convaincu du cap haussier de l’or, de plus en plus d’investisseurs se tournent vers l’argent.

Voici quelques semaines, l’argent s’est redressé au-delà de 37 $ l’once pour atteindre un sommet de plus de dix ans. en raison de l’intérêt croissant des investisseurs et des défis liés à l’offre. Il se négocie début juin autour de 34 $ l’once.

L’argent est largement utilisé à des fins industrielles et couramment incorporé dans la fabrication d’automobiles, de panneaux solaires, de bijoux et d’appareils électroniques.

Et que lorsque la Fed s’assouplit, l’argent est « en bonne position pour vraiment surperformer l’or », d’autant plus que les fondamentaux de l’offre et de la demande restent tendus.

« Le ralentissement de la croissance de la production minière et la forte demande industrielle suggèrent que l’offre est à la traîne de la demande, ce qui maintiendra le marché dans un déficit structurel », a déclaré Thomas Planell.

D’autres métaux précieux comme le platine, le palladium et le rhodium sont tous en déficit cette année par conséquent, les prix peuvent être soutenus.

Le cuivre rugit

Le cuivre aussi, a récemment connu son moment de gloire, atteignant un sommet historique de 10857 $ la tonne fin mai avant de baisser progressivement. Il se négocie actuellement autour de 10000 $ la tonne.

A New-York, le cuivre a été propulsé par les spéculateurs coincés et qui se sont emmêlés les pinceaux dans de mauvaises positions, à des records historiques.

Dans une note publiée en mai, les stratèges d’UBS ont relevé leurs prévisions pour l’or à 2500 $ l’once d’ici la fin septembre et 2600 $ d’ici la fin de l’année.

Fondamentalement, les prix du métal rouge ont été « soutenus par le resserrement de l’offre » cette année, explique Thomas Planell, alors que les contraintes d’offre s’accentuent. L’International Copper Study Group (ICSG) a réduit ses prévisions de surplus d’approvisionnement pour le métal cette année en raison d’une production inférieure aux prévisions.

En novembre dernier, First Quantum Minerals a arrêté la production de sa mine de cuivre Cobre Panamá, l’une des plus importantes au monde, à la suite d’une décision de la Cour suprême et de manifestations nationales sur des préoccupations environnementales. Anglo American, un important producteur, a déclaré qu’il réduirait sa production de cuivre en 2024 et 2025, car il cherche à réduire ses coûts.

Le scénario de base est maintenant la consolidation des prix du cuivre au cours des prochains mois, mais le métal rouge a encore une marge de progression, selon le degré d’assouplissement de la Fed et la reprise manufacturière mondiale.

« Nous croyons toujours fermement que le cuivre est sur la bonne voie pour atteindre 12 000 $/t et 15 000 $/t dans notre cas haussier au cours des 12 à 18 prochains mois », ont déclaré les stratèges de Citi.

L’aluminium est aussi en forme, soutenu aussi avec des achats importants explique Thomas Planell  (+20 % depuis le 1er mars) qui spécifie : « L’atmosphère actuelle, la volonté de la décarbonation et l’expansion de l’intelligence artificielle est un « monde haussier pour les métaux », principalement pour le cuivre et l’aluminium dans le cadre de la demande industrielle.

La démographie, variable importante

La démographie est essentielle à l’évolution et la tendance des matières premières. La population mondiale s’accroit chaque jour de l’équivalent du total des habitants du Grand-Duché de Luxembourg. Et plus une population dispose de revenus élevés, plus la consommation d’énergie et d’électricité augmente raconte le gérant de DNCA.  Selon un rapport, la demande totale d’électricité pourrait croitre de 150 % d’ici 2050.

Uniquement, la demande d’électricité imposée et spécifique  au développement de la technologie dopée par la folle croissance de l’intelligence artificielle, la multiplication des data centers et du traitement des cryptomonnaies, va doubler entre 2023 et 2027. Avec la volonté de la décarbonisation des énergies, les panneaux solaires et les éoliennes vont se multiplier. « Notre monde n’a pas encore saisi et compris qu’un déficit de cuivre face à une demande croissante risque de nous tomber dessus, » affirme Thomas Planell qui poursuit :

« Nous gérons un panier de matières premières en utilisant uniquement des paris à la hausse.  Mais nous pouvons aussi nous positionner de façon active sur différentes maturités s’étalant de trois à 12 mois sur le marché futur pour profiter d’inefficiences du marché. Si nous appliquons une gestion défensive sur les différentes matières premières, nous adoptons une approche plus offensive sur les maturités, tactique qui nous différencie de nombreux fonds. Notre répartition est de 60 % en matières premières industrielles et 40 % en métaux précieux. »

La stratégie du fonds Invest Strategic Ressources est pensée avec les défis de décarbonation et d’indépendance énergétique (avec l’exclusion des énergies fossiles) qui attendent le monde d’ici 2050. Lancé en février, son gain était de 22 % fin mai.

Daniel Pechon

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