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Par Frédéric Stolar, Managing Partner d’Altaroc.

Le Private Equity surperforme les marchés cotés grâce à plusieurs leviers mécaniques qui lui permettent d’optimiser la rentabilité des entreprises qu’il acquiert. Parmi eux, la stratégie de buy and build joue un rôle central en consolidant des industries fragmentées pour créer des leaders de marché. Par ailleurs, le Private Equity adopte une vision à long terme, contrairement aux investisseurs des marchés cotés, qui sont soumis à des impératifs de performance trimestrielle (épisode 2/3).

La stratégie de buy and build, un accélérateur de valeur

Le buy and build consiste à acquérir un acteur majeur dans un secteur composé de nombreuses petites entreprises, puis à racheter progressivement ses concurrents pour structurer un ensemble plus puissant. Ce processus s’appuie sur plusieurs mécanismes vertueux. D’abord, le leader initial est souvent acquis à un prix raisonnable, par exemple 12 fois l’EBITDA. Ensuite, les petits acteurs sont rachetés à des valorisations inférieures, souvent autour de 8 fois l’EBITDA, car ils ne bénéficient pas de la même taille critique. Une fois intégrés, ces concurrents voient instantanément leur valeur rehaussée au multiple du leader, générant ainsi un gain immédiat, appelé relution de multiple.

À cela s’ajoutent les synergies créées par ces acquisitions successives. En mutualisant les infrastructures et les ressources, le nouvel ensemble réduit ses coûts et améliore sa rentabilité. Dans le secteur des laboratoires d’analyse médicale, cette approche a conduit à la formation de trois grands groupes en France, alors que le marché était auparavant composé de milliers de structures indépendantes. En regroupant les équipements et le personnel sur des hubs régionaux, ces acteurs rationalisent leurs opérations et gagnent en efficacité, ce qui se traduit par une baisse des coûts et une meilleure compétitivité.

Enfin, cette consolidation confère à la nouvelle entité une valeur stratégique supérieure à la somme de ses parties. Une plateforme leader ainsi constituée peut croître plus rapidement, atteindre une rentabilité accrue et diversifier sa clientèle. À terme, son multiple de valorisation passe de 12 à 15 fois l’EBITDA, offrant une création de valeur significative pour les investisseurs.

Une approche qui dépasse le secteur de la santé

Si les laboratoires d’analyse médicale illustrent bien cette stratégie, le buy and build est largement répandu dans d’autres secteurs. Les cliniques, crèches, pharmacies ou encore cabinets de radiologie ont connu des consolidations similaires, pilotées par des fonds de Private Equity. Au-delà de la santé, cette approche a transformé des industries comme la certification, où Bureau Veritas et SGS dominent aujourd’hui un marché autrefois éclaté, ou encore la location de matériel de chantier, où Loxam et Kiloutou ont consolidé leurs positions en rachetant de nombreux acteurs régionaux.

Ce modèle est difficilement accessible aux investisseurs des marchés cotés. En effet, le gérant de fonds coté, investisseur passif, ne peut pas participer à mettre en place ces stratégies car elles nécessitent une implication active et une capacité à structurer des acquisitions en série.

Un horizon d’investissement tourné vers le long terme

Un autre levier clé du Private Equity réside dans son approche du temps. Contrairement aux marchés cotés, où les investisseurs sont soumis à une évaluation trimestrielle, les fonds de LBO fonctionnent sur des cycles d’investissement de 5 à 7 ans. Ce temps long permet d’accompagner la transformation des entreprises et de maximiser leur potentiel de croissance.

La rémunération des dirigeants reflète cette logique. Dans un fonds de LBO, les partenaires sont évalués sur leur capacité à atteindre un objectif de rentabilité d’au moins 10 % par an sur la durée du business plan. En dessous de ce seuil, ils ne perçoivent aucune commission de performance. À l’inverse, les gérants de fonds cotés sont jugés sur leur capacité à surperformer l’indice de référence trimestre après trimestre, ce qui les pousse à privilégier des décisions à court terme.

Cette différence d’approche se traduit par des durées de détention radicalement opposées : alors qu’un fonds de Private Equity conserve ses participations en moyenne 5 à 7 ans, la durée de détention d’une action en bourse est aujourd’hui d’environ 5 mois. Cette capacité à s’inscrire dans le temps long favorise la mise en place de stratégies industrielles solides et pérennes, alignées sur la réalité économique des entreprises.

Une surperformance structurelle

Grâce à ces mécanismes, le Private Equity bénéficie d’un avantage structurel sur les marchés cotés. En combinant des stratégies de buy and build, des synergies industrielles et une vision à long terme, il génère des rendements supérieurs à ceux des indices boursiers traditionnels. Cette approche permet non seulement de créer de la valeur pour les investisseurs, mais aussi d’accompagner la transformation des industries et d’optimiser leur compétitivité.

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