Skip to main content

Thomas Planell, DNCA Investments.

Echanges de tirs entre Israël et Iran : « l’enfer est ouvert et mis en vente (Dogs of war, Pink Floyd).

Mais les enchères ne prennent pas : ​le franc suisse, le pétrole rendaient vendredi les gains fébriles engrangées au moment des frappes nocturnes. Ils baissent sur les cinq dernières séances. L’or au comptant peine à consolider sa percée au-delà du front des 2400$.

« La monnaie des hommes de guerre est de chair et d’os », continue David Gilmour. 

Tant que le sang ne coule pas, et surtout, que les 3,4 millions de barils iraniens trouvent chaque jour leur chemin vers les marchés internationaux, les investisseurs ne paniquent pas. Il fut un temps où Iran et Israël co-finançaient le pipeline Eilat-Ashkelon…

Mais nous ne sommes pas à l’abri d’une « défaillance momentanée de la raison » pour reprendre le titre du célèbre album des Floyds…

Pour l’instant, la hausse de la prime de risque (parfois en trompe l’œil) sur les marchés tient davantage de la contre-attaque de l’inflation que des échauffourées au Proche Orient. Le prix des contrats d’assurance contre le risque de défaut « high yield » (Credit Default Swaps) aux Etats-Unis grimpe de presque 20% depuis fin mars, avec le rebond des taux d’intérêt et des chiffres d’inflation. Mais la prime du S&P 500 sur les taux à 10 ans (20 points de base) reste imperceptible… 

« Le seul but des sciences économiques est de donner de la valeur à l’astrologie » ironisait John Kenneth Galbraith. En 2022, les marchés étaient tiraillés par la peur de la récession économique, qui n’est jamais venue, et d’une inflation hors de contrôle. En 2024, c’est l’inverse. La croissance américaine est finalement plus forte que prévu : elle nourrit l’inflation qui surprend à la hausse… 

Les marchés actions résistent au rebond des taux et des indicateurs de prix… tant que les perspectives de croissance des profits bénéficient de la reprise de la croissance… et que les tergiversations des membres de la FED ne vont pas plus loin qu’un simple décalage du calendrier de baisse des taux. Attention au retour de la volatilité si les faucons agitent le torchon d’une hausse… 

Dans l’ensemble, le marché européen offre une rémunération du risque sans commune mesure avec celle des actions américaines : 4,7%. Mais les écarts de valorisation sont frappants. Le rebond des matières premières (métaux industriels, précieux et denrées agricoles), le rebond de taux nominaux, l’expansion des indicateurs d’activité manufacturière en Chine et aux Etats-Unis créent un environnement instable pour les corrélations entre classes d’actifs. Théoriquement, il devrait favoriser les valeurs value domestiques européennes… Elles peinent toutefois à réduire l’écart avec les valeurs croissance depuis le début de l’année et n’ont clairement pas profité de leur amour historique pour des taux plus élevés… 

Le vieux continent est pourtant sorti de sa phase d’hyper inflation énergétique. Les prix de l’électricité ont retracé. Le revenu réel des ménages croit à nouveau. Le chômage est comprimé autour de 6.5% en zone euro. Les volumes de crédit bancaire redémarrent. L’endettement des entreprises est sous contrôle en Espagne (37.5% du PIB contre 85% en 2012 !). Les indicateurs PMI sont déprimés mais se stabilisent. Et l’austérité budgétaire du club du nord ne règne plus en maître en Europe septentrionale, un soutien de plus pour la croissance qui pourrait s’approcher de son potentiel (un peu sous 1,5%) en 2025… Au terme d’une année 2024 sous des auspices incertains. 

Car en attendant ce retour à meilleure fortune, l’euro revient à son plus bas niveau depuis novembre dernier. Au gré de la baisse des probabilités de coupes dans les taux FED, certes, mais aussi des inquiétudes qui entourent la croissance en Allemagne et les comptes de la République française. C’est l’année de tous les dangers pour Emmanuel Macron qui fait face à un besoin vital de croissance économique. La République est entrée dans le traité de Maastricht sous la barre des 60% d’endettement public, elle accueillera les Jeux Olympiques avec le double (111%). C’est autour de ce niveau que la note de l’Italie avait été dégradée en 2011. Tandis que les propositions de consolidation fiscale ne convainquent pas. Une disqualification financière de la France tomberait mal. Et rouvrirait les enchères de la peur sur l’Euro… privant davantage Madame Lagarde de marge de manœuvre…

LFI

Author LFI

More posts by LFI