Le monde tourne plus vite et avec plus d’incertitudes. Un investissement long terme et prudent est la feuille de route de Sam Desimpel, le gérant de Top Tier Access qui nous livre quelques réflexions.
Fin 2019, aucun acteur économique a imaginé que le monde affronterait successivement, la crise du covid, la guerre en Ukraine, le retour de l’inflation, des taux d’intérêt plus haut qu’en 2008, le conflit israélo-palestinien avec le risque d’embrasement de la région. Autant de coups-durs dans une période courte de quatre ans, c’est du jamais vécu. « Autrefois, une telle succession s’observait plutôt sur une quinzaine d’années, » raconte Sam Desimpel, gérant de Top Tier Access. « Face à un monde plus incertain et moins prévisible, Sam Desimpel continue d’adapter ses investissements aux entreprises dont le modèle est le plus prédictible.
L’évolution de l’inflation est les sujets majeur actuel. Pour faire revenir l’inflation dans sa boîte, la Fed a mitonné la hausse des taux la plus rapide de l’histoire de banque centrale américaine. Mais étonnant, malgré cette déferlante de hausses de taux en dollars (de 0,25 % à 5,5 % en 18 mois), l’économie n’est pas passée par la case récession, grâce à un pouvoir d’achat robuste mais une hausse de taux impact plus l’économie au bout de 6 mois. Pourtant, jamais une récession n’aura été autant annoncée. Sam Desimpel, synthétise chaque année les prévisions des économistes parmi les mieux notés. Pour 2024, si Goldman Sachs estime à 30 % le risque d’une petite récession aux Etats-Unis, le consensus avoisine les 50 %.
L’immobilier commercial et de bureau pèse
La hausse des taux d’intérêt n’a jamais été une bonne chose pour l’immobilier. Aux Etats-Unis, l’immobilier commercial et de bureau déjà sorti abimer de la crise du covid a dû digérer cette brutale hausse de taux. Les banques régionales à la surface financière peu épaisse, qui via une déréglementation financière décidée sous le mandat de Donald Trump (2017-2021), ont pu investir dans ce secteur mais sans imaginer subir les tempêtes du covid et des taux. L’été dernier fut chaud. Des faillites de banques régionales ont fait trembler les marchés. Si l’atmosphère s’est détendue depuis, le chapitre des difficultés de ces banques régionales n’est peut-être pas clos selon Sam Desimpel. Cependant, le mouvement de baisse des taux que beaucoup d’investisseurs espèrent avec l’inflation qui reflue, peut offrir une bulle d’air à ces banques régionales.
La Chine ne va pas bien
Autre victime de l’immobilier mais pour d’autres raisons : la Chine. Dans les belles années, l’immobilier et la construction d’infrastructures brillaient, pour représenter jusqu’à 30 % de la croissance du PIB certaines années. « On ne peut pas répéter deux fois une telle réussite économique, » estime Sam Desimpel. « Aujourd’hui, la Chine est parfaitement équipée. Tout est nickel. En l’absence de nouveaux projets, le secteur est entré en crise et alarme les investisseurs ». En effet, des géants de l’immobilier chinois ont trop vite gonflé durant les années de vaches grasses. Aujourd’hui, étranglées par des montagnes de dettes, ces mastodontes rencontrent les pires difficultés à respecter leurs échéances de remboursement de dette. « On peut aussi s’interroger sur l’humeur du consommateur moyen chinois qui a cru à cet eldorado en investissant dans l’immobilier. La Chine ne va pas bien. Exemple, le taux de chômage chez les jeunes diplômés est tellement élevé que les autorités ont décidé d’oublier sciemment sa publication pour ne pas inquiéter. Mais je préfère voir une Chine, la deuxième puissance économique au monde, en bonne santé pour assurer une stabilité économique mondiale. Cependant, ce ralentissement économique de la Chine a un impact positif en Europe. La Chine, consommant moins de matières premières, entretien la baisse des prix (pétrole, etc..) et tempère notre inflation. »
Réduire le risque, recette du long terme
Sam Desimpel gère un fond de fond principalement axé sur le « buyout », le private equity et une sélection pointue des 10 meilleurs fonds (EQT, CVC, Verdane…).
« Dans nos investissements, 80 % dans des entreprises de notre portefeuille affichent un modèle avec une activité à haute prévisibilité. Exemple le secteur de la santé peu éprouvé par les cycles économiques au contraire de la construction plus cyclique. Ensuite, Le choix géographique est limité à l’Europe et l’Amérique du Nord. Nous oublions sciemment les zones émergentes. Les statistiques de ces 10 dernières années nous ont donné raison. L’Asie par exemple, a été moins rentable avec un couple rendement/risque moins attractif que notre zone d’investissement de prédilection. Nous évitons aussi les obligations de haut rendement, trop risquées dans notre gestion. »
Haro sur les cryptos
Le monde des cryptomonnaies ne fait pas partie des obsessions de Sam Desimpel : « Nous n’avons aucune confiance dans le système. Ainsi que pour une raison importante qui est morale. Avec son coté anonyme, le monde des cryptos aide au blanchiment d’argent ou au financement des organismes terroristes comme le Hamas. Notre méfiance va aussi vers ses acteurs (voir l’éclatement de FTX). Nous ne voulons pas participer à un système où nous distinguons aucun avenir. Exemple, si Pizza Hut a autorisé les paiements en cryptomonnaies, combien de notes sont réglées en crypto ? Les promesses ont été nombreuses, comme participer à la diversification d’un portefeuille qui s’est avérée inexacte. Sans oublier que ces cryptomonnaies dévorent de l’énergie… »
Certes, le capital-investissement n’est pas à l’abri des facteurs macroéconomiques, mais il s’est avéré capable de performer de façon constante d’un cycle à l’autre depuis 20 ans. Les énormes changements macroéconomiques des 18 derniers mois, comme la hausse des taux, a tempéré un peu l’enthousiasme. Mais de l’autre côté, les vastes défis existent comme celui de l’environnement qui va continuer à générer de nombreuses d’opportunités. Tout comme les secteurs de la santé, des logiciels…
Un dernier chiffre impressionnant qui peut accroitre l’incertitude en 2024. Quelques soixante élections clés dans le monde sont fixées dans l’agenda de cette année dont une particulièrement cruciale aux Etats-Unis, celle des élections présidentielles.