Pourparlers de paix
César Pérez Ruiz, CIO et responsable des investissements, Pictet Wealth Management.
Le S&P 500[i] a gagné 1,5% la semaine dernière, reprenant vie après avoir digéré les chiffres de l’inflation et d’autres indicateurs. Malgré les menaces de droits de douane proférées par Donald Trump, la volatilité des actions – mesurée par l’indice VIX – a reculé. Mais les grands indices hors des Etats-Unis ont mieux performé. Soutenu par les espoirs de cessez-le-feu en Ukraine et des bénéfices meilleurs que prévu au quatrième trimestre, l’Euro Stoxx 600[ii] a ainsi engrangé 1,8% (en euros), prolongeant la période de surperformance entamée en fin d’année dernière. Alors que (certaines) actions technologiques américaines sont en perte de vitesse, le secteur technologique chinois, en particulier depuis l’annonce de DeepSeek, a permis un rebond des indices locaux (le MSCI China[iii] a augmenté de 7,1% en dollars). Les rendements souverains ont légèrement progressé en Europe, mais diminué aux Etats-Unis (en raison de la faiblesse des ventes de détail), tandis que le 10 ans japonais atteignait un sommet de 14 ans. Le dollar s’est replié par rapport aux devises européennes, signe d’un regain d’optimisme à l’égard de l’Europe. Enfin, l’affaiblissement du dollar et les craintes d’une guerre commerciale mondiale ont donné un nouvel élan à l’or.
Dans l’une de ses initiatives les plus spectaculaires, l’administration Trump a décidé la semaine dernière de discuter d’un cessez-le-feu en Ukraine avec les autorités russes, sans même consulter les Ukrainiens ni l’UE. La perspective d’une désescalade en Ukraine a contribué à la surperformance des actions européennes, les valeurs industrielles de la région bénéficiant des espoirs de commandes liées aux travaux de reconstruction et de la baisse des prix de l’énergie. L’Europe s’est en outre distinguée par de solides projections de bénéfices. Estimer dans quelle mesure la région bénéficiera d’un cessez-le-feu en Ukraine et des efforts de relance budgétaire en Allemagne après les élections du week-end prochain reste néanmoins un exercice compliqué. Les annonces de Donald Trump concernant la politique commerciale se succèdent: le président américain envisage désormais des droits de douane «réciproques» (plutôt qu’universels), mais qui n’entreront pas en vigueur immédiatement. Néanmoins, l’inclusion de la TVA des autres pays dans le calcul des droits de douane entraînerait des coûts supplémentaires considérables pour le commerce avec les Etats-Unis. Parallèlement, certains signes (parcellaires) suggèrent que l’économie américaine ralentit, comme en témoignent la baisse des ventes de détail en janvier et la chute de l’optimisme des petites entreprises, alors que l’incertitude grandit quant à l’impact des politiques de l’administration Trump. Dans le même temps, l’accélération de l’IPC de base observée en janvier complique encore la tâche de la Fed. Mais là encore, le diable est dans les détails, et nous demeurons convaincus que des hausses de taux ne sont pas à l’ordre du jour.
[i] Source: Pictet WM AA&MR, Thomson Reuters. Performances passées, S&P 500 Composite (rendement net sur 12 mois en dollars): 2020, 18,4%; 2021, 28,7%; 2022, -18,1%; 2023, 26,3%; 2024, 25%.
[ii] Source: Pictet WM AA&MR, Thomson Reuters. Performances passées, STOXX Europe 600 (rendement net sur 12 mois en euros): 2020, -1,5%; 2021, 25,5%; 2022, -10,1%; 2023, 16,5%; 2024, 9,5%.
[iii] Source: Pictet WM AA&MR, Thomson Reuters. Performances passées, MSCI China (rendement net sur 12 mois en dollars): 2020, 29,7%; 2021, -21,6%; 2022, -21,8%; 2023, -11%; 2024, 19,7%.