César Pérez Ruiz, Chief Investment Officer et responsable des investissements Pictet Wealth Management.
Pause ferme de la Fed
Alors que la Banque centrale européenne a relevé son taux de dépôt au niveau record de 4% jeudi dernier, la semaine sera chargée sur le plan de la politique monétaire. En résumé, la Réserve fédérale devrait laisser ses taux inchangés. Mais si la hausse de 25 pb du taux des Fed Funds adoptée en juillet était probablement la dernière du cycle actuel, la Fed restera vigilante face à l’inflation et les premières baisses de taux n’interviendront pas avant le deuxième trimestre 2024. La dernière enquête de l’université du Michigan montre que les prévisions d’inflation à un an ont chuté à 3,1%, leur niveau le plus bas depuis mars 2021, mais les dépenses de consommation s’accélèrent et l’inflation «supercore» (hors alimentation, énergie et logement) ne faiblit pas. La Banque d’Angleterre devrait opter pour une dernière hausse des taux cette semaine (portant le taux d’escompte à 5,5%), car la progression annuelle des salaires au Royaume-Uni reste proche de 8%. De son côté, la Banque nationale suisse relèvera sans doute ses taux directeurs de 25 pb une dernière fois, en raison des inquiétudes persistantes concernant l’inflation domestique. Enfin, la Banque du Japon devrait laisser ses taux inchangés vendredi, mais sa déclaration de politique générale devra être analysée à la lumière des allusions du gouverneur Kazuo Ueda à une possible fin des taux d’intérêt négatifs. Le contrôle de la courbe des taux pourrait être supprimé au second semestre 2024, tandis que la fin de la politique de taux d’intérêt négatifs de la BoJ semble se profiler à l’horizon – ce n’est qu’une question de temps.
Sur le front des entreprises, la cotation au Nasdaq d’un important concepteur de puces britannique a suscité un grand enthousiasme la semaine dernière, après environ deux ans sans offre publique majeure. Cette mise sur le marché couronnée de succès a fait naître l’espoir d’une reprise des introductions en bourse. D’importants montants de liquidités ne demandent qu’à être investis, mais cela dépendra en grande partie de la capacité des entreprises et de leurs bailleurs de fonds à trouver des compromis en termes de valorisation. L’activité de fusions et acquisitions montre également des signes de reprise, avec une transaction de plusieurs millions de dollars en préparation dans le secteur de l’emballage. Là encore, tout dépendra de la stabilité des taux d’intérêt et des marchés (loin d’être acquise) et du retour des valorisations à des niveaux plus raisonnables.
Une grève potentiellement dévastatrice est en cours au sein du secteur automobile américain. Ce conflit illustre la détérioration des relations de travail dans le pays, une tendance susceptible de nuire à ses perspectives de croissance au cours des prochains trimestres. L’industrie automobile est également source de tensions entre l’UE et la Chine. Concrètement, le risque de représailles suite à l’annonce par Bruxelles de l’ouverture d’une enquête concernant les subventions accordées aux constructeurs de véhicules électriques par la Chine ne peut être ignoré. Dans le contexte d’une croissance mondiale atone, le déclenchement d’un nouveau conflit commercial entre les grandes économies serait indiscutablement une mauvaise nouvelle. L’économie chinoise elle-même montre de timides signes d’amélioration, mais la situation du secteur immobilier demeure préoccupante. Enfin, nous continuons à surveiller un marché pétrolier tendu, dont les cours sont déjà proches de notre objectif de fin d’année.