De nombreuses réformes voient donc le jour, et au centre de cette réponse se trouve la digitalisation des établissements de santé. Il s’agit d’un besoin économique pour optimiser les coûts des établissements, d’une tendance comportementale pour faire face à un monde entièrement digitalisé et d’une volonté politique pour assurer la sécurité des données sanitaires. Plus précisément, les fournisseurs de logiciels de santé entendent remettre le patient au centre du système. Cela répond à un besoin croissant du patient de s’impliquer dans son propre suivi : l’accès aux informations médicales s’est démocratisé avec internet.
Lorsque l’on pense à la digitalisation du milieu médical, on pense généralement font des partenaires privilégiés pour les aux innovations technologiques telles que les robots médecins ou l’utilisation du big data. Pourtant, il s’agit en réalité d’une remise en question plus large du système de santé, qui s’articule autour de 4 axes majeurs :
- Un modèle préventif de santé centré sur la détection précoce ou l’évitement de pathologies. Cette prévention est possible grâce au rassemblement de données anonymisées et à l’utilisation de l’Intelligence Artificielle pour identifier les populations à risque.
- Des patients qui deviennent acteurs de leur prise en charge grâce à des outils informatiques responsabilisants. Cette méthode patient-centré facilite le suivi des patients qui ont eux-mêmes connaissance de leur parcours de santé.
- Une meilleure connaissance du patient par la centralisation des données. Cela nécessite la mise en place de plateformes ouvertes et sécurisées.
- Une optimisation des tâches administratives par l’automatisation et la formation aux outils numériques. En plus de réduire les coûts de structure, cela rend plus fluide la communication entre acteurs de la santé.
Au centre de cette digitalisation, on trouve de nombreux fournisseurs de logiciels de santé européens qui font partie de notre univers d’investissement. En Allemagne, on peut citer Nexus et CompuGroup Medical (CGM). Nexus se concentre majoritairement sur les hôpitaux et cliniques, alors que CGM vise les établissements de santé au sens plus large. En France, on pense à Equasens (ex Pharmagest Interactive), le leader des logiciels pour pharmacies françaises qui élargie peu à peu son activité à d’autres établissements de santé. Citons encore GPI en Italie, qui devrait notamment profiter des mesures de soutien décidées dans le cadre du plan de redressement italien (PNRR). Ainsi, par leur taille, ces différentes entreprises bénéficient d’une expertise locale indispensable qui en font des partenaires privilégiés pour les gouvernements (expérience de Télémédecine pendant le Covid, tests en cours sur les ordonnances électroniques en Allemagne etc…).
LE GOUVERNEMENT COMME MOTEUR DE CE NOUVEL ÉCOSYSTÈME DE SANTÉ DIGITAL
Ainsi, afin d’aider à la numérisation du secteur de la santé, de nombreux gouvernements ont lancé des projets de financement significatifs :
- En Allemagne, la loi sur l’avenir des hôpitaux (KHZG) prévoit un financement de 4.3 milliards d’euros pour la digitalisation des hôpitaux entre 2022-2025. Avec une exposition majoritairement allemande, Nexus et CGM en seront particulièrement bénéficiaires, avec une croissance annuelle impliquée respective de 7% et 3% sur les trois ans à venir.
- En France, le Ségur de la santé est un plan gouvernemental centré sur la revalorisation des métiers de la santé et la digitalisation de ce secteur. Lancé en 2020, il prévoit d’ici 2025 un investissement de l’Etat de 19 milliards d’euros pour soutenir le système de santé. Equasens, a déjà profité d’une première vague de Segur contribuant à 10m€ de chiffre d’affaires en 2022-2023 puis 1m€ de récurrent sur les 5 ans à venir. L’entreprise prévoit des montants équivalents à venir pour la deuxième vague (« Segur 2 »).
- Plus globalement, en Europe, le programme « EU4Health » prévoit un budget de 5.3 milliards d’euros sur la période 2021-2027, afin de renforcer la préparation aux crises sanitaires à la suite du Covid. Un des aspects fondamentaux de ce programme est la digitalisation des établissements de santé.
La liste pourrait encore être longue (projet EPD en Suisse, projet ELGA en Autriche etc.). Cependant, on observe des vents contraires souffler sur les établissements de santé qui n’ont pas été épargnés par la crise économique. Mais les risques observés sont bien moins significatifs que les opportunités précédemment citées.
DES RISQUES PEU SIGNIFICATIFS
Par essence, les établissements de santé se sont retrouvés en première ligne face à la crise sanitaire, et tous ne s’en sont pas sortis indemnes. Mais il apparait que les subventions gouvernementales l’emportent sur les potentielles coupes budgétaires.
En outre, la réforme hospitalière proposée en Allemagne pourrait aussi avoir un impact négatif sur la croissance de Nexus et CGM. En effet, elle prévoit une réduction des hôpitaux et du nombre de lits par hôpital. Or, les fournisseurs de logiciels facturent en fonction du nombre de lits d’hôpitaux. Cependant, ce n’est pas un risque nouveau : le nombre d’hôpitaux a déjà diminué de 9% depuis 2010 en Allemagne. Cette dynamique est donc déjà ancrée dans le marché.
UN SECTEUR DÉFENSIF NOMBREUSES OPPORTUNITÉS
Outre leur potentiel de croissance, la visibilité des fournisseurs de logiciels de santé leur prodigue un caractère défensif face à la crise économique actuelle. Le récurent représente déjà plus de 50% du chiffre d’affaires pour Nexus et CGM, et 33% pour Equasens. De plus, avec les subventions gouvernementales, la seule partie qui devra encore être financée réside dans la maintenance des logiciels. Ainsi, pour minimiser les coûts, on imagine que les clients se tourneront davantage vers des modèles de licence, maintenance incluse. Cela signifie une visibilité encore meilleure.
Enfin, le marché des logiciels de santé est extrêmement dynamique, ce qui offre de nombreuses opportunités. SAP (leader mondial de progiciels intégrés) a par exemple annoncé l’arrêt de son module hospitalier d’ici 2030. L’entreprise est actuellement présente dans plus de 250 hôpitaux en Allemagne, ce qui représente un potentiel gain de parts de marché pourNexus et CGM.
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