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La Blockchain connaît un véritable engouement depuis la fin de la correction du secteur technologique, dans un environnement qui nécessite une sécurisation toujours plus poussée des données.

R-co Thematic Blockchain Global Equity est un fonds lancé en juillet 2022, au milieu de la période de forte correction sur les valeurs technologiques qui touchait plus particulièrement les sociétés encore peu voire pas rentables. Dans ce contexte, cette stratégie a traversé des premiers mois difficiles, avec une valeur nette d’inventaire qui a terminé l’exercice 2022 sur un recul proche de 30% et autant d’opportunités d’achat sur des valeurs de qualité, fortement décotées

Après une phase de purge, qui a entraîné la disparition de nombreux acteurs moins bien préparés ou financés, « nous sommes aujourd’hui revenus dans une phase de croissance relativement forte », indiquait récemment Klara Sok (co-gestionnaire du fonds) lors de son passage à Bruxelles. Après un gain supérieur à 60% en 2023, le fonds a encore enregistré une hausse de 18% depuis le début 2024, pour porter sa progression à plus de 40% depuis son lancement.

Technologie innovante

A cette occasion, elle a tenté d’expliquer les tenants et les aboutissants de cette thématique porteuse qui peut sembler obscure aux investisseurs. « Avant tout, la blockchain est une technologie, une plate-forme d’innovation au même titre que la téléphonie mobile ou internet, qui a le potentiel d’avoir des applications pratiques dans de nombreux secteurs et pour de nombreuses fonctions ».

 « Elle va permettre à une entreprise ou à un ensemble d’entreprises d’avoir une infrastructure commune, une base de données qui va permettre d’authentifier certaines opérations ou informations sans devoir passer par un organisme centralisé. Elle permet aux entreprises de pouvoir inscrire des éléments qui nécessitent un engagement mutuel et d’en assurer l’exécution. En outre, ce  qui est inscrit sur la blockchain ne peut ensuite plus, par défaut, être effacé, ce qui permet une traçabilité fidèle des opérations ».

Engouement sectoriel

De nombreuses grandes entreprises ont aujourd’hui adopté des blockchains dans la gestion de leurs entreprises. «LVMH a cofondé (avec d’autres groupes comme Givenchy, Cartier et Prada) une société appelée Aura Blockchain, pour générer des passeports numériques adossés aux objets produits et vendus par la société. Cette blockchain contient déjà des informations sur 50 millions produits à l’heure actuelle ».

Un autre exemple d’utilisation d’une blockchain peut être trouvé chez Acciona Energia, un producteur d’électricité qui a mis en place un registre dynamique pour gérer les certificats d’origine pour la production d’énergie renouvelable. « Environ 40% de l’énergie produite est ainsi distribuée avec une certification sur une blockchain, car une grande partie de ses clients a besoin de prouver en temps réel la nature de l’énergie qu’ils achètent, ce que ne leur permet pas à ce jour les systèmes de garanties d’origine existant. ».

Les groupes spécialisés dans la logistique sont également au premier rang des évolutions dans la blockchain, qui leur permet de mieux gérer les chaînes d’approvisionnement et la possibilité d’ajouter des services à chaque étape de la chaîne de valeur, comme par exemple une fourniture de preuves de livraison et un transfert de responsabilité.

Réglementations

Klara Sok pointe également l’influence des régulateurs dans l’essor de cette technologie. « Partout dans le monde, de nouvelles réglementations vont pousser les sociétés à investir dans la blockchain pour réduire les coûts pour s’y conformer au niveau de certains secteurs, et garantir d’avoir un standard commun entre les différents groupes. L’industrie automobile est ainsi en train de mettre en place des passeports numériques sur l’ensemble des véhicules qui seront produits, afin de répondre à la réglementation européenne Ecodesign (adoptée en juillet 2024) ».

Entre 2026 et 2030, la plupart des produits destinés à être vendus sur le marché européen devront avoir un passeport numérique qui tracera l’origine des matières premières et des consommations intermédiaires. Ces exigences vont avoir un coût important pour les entreprises qui ne sont pas préparées, et les sociétés qui offrent des solutions pour répondre aux exigences de ces nouvelles règlementations disposent aujourd’hui de barrières à l’entrée importantes ».

Fonds

R-co Thematic Blockchain Global Equity est un fonds global s’appuyant sur une gestion de conviction, avec une exposition forte à la thématique de la blockchain. « Nous investissons au travers de cinq thèmes principaux ». L’Infrastructure Blockchain vise des sociétés qui vont contribuer  au développement et au fonctionnement de ces blockchains et de leurs applications .

Le thème lié aux Actifs digitaux & Fintech cherche à répondre à la demande de diversification vers des actifs digitaux détenus dans les portefeuilles des investisseurs, notamment chez les plus jeunes, et à la transformation du secteur financier par des applications blockchain comme la tokenisation par exemple. « Nous avons aujourd’hui 50 millions de détenteurs de crypto-monnaies au niveau des Etats-Unis, avec des grands groupes financiers qui commencent à se positionner dans ce domaine ».

« Enfin, les trois derniers thèmes (Transport & logistique, Web3.0 & Metaverse et Piste d’audit & applications industrielles) peuvent être regroupés ensemble, et se rapportent aux différentes manières d’utiliser la blockchain, notamment pour la traçabilité des biens et services et tous les aspects concernant la conformité réglementaire ».

« Notre philosophie d’investissement se base sur une sélection rigoureuse de 40 à 60 titres comprenant au minimum 40% de pure players, que nous définissons comme ayant plus de 75% de leur chiffre d’affaires directement lié à une blockchain. Parmi les fonds gérés activement exposés sur ce thème, nous sommes probablement parmi les plus exposé à cette thématique ». Klara Sok souligne qu’il existe aujourd’hui un nombre croissant de sociétés cotées dont la grande majorité du chiffre d’affaires est lié à l’utilisation d’une blockchain, comme la plate-forme d’échanges spécialisée sur les matières premières Abaxx Technologies.

La composition du portefeuille fait la part belle aux moyennes capitalisations fortement exposées sur cette thématique, avec un biais marqué sur l’Amérique du Nord. « C’est de notre capacité à trouver des pépites méconnues que vient aussi notre valeur ajoutée en tant que gestionnaires ».

Frédéric Lejoint

Author Frédéric Lejoint

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