Commentaires de Franck Dixmier, Global CIO Fixed Income chez Allianz Global Investors.
- La BCE devrait conserver le statu quo lors de sa réunion de politique monétaire du 11 avril.
- Elle devrait toutefois donner des indications sur une première baisse des taux, que nous estimons à juin, la tendance à la décrue de l’inflation confortant son scenario.
- Le probable décalage de cycle avec la Fed ne devrait pas gêner la BCE dans sa décision.
La Banque centrale européenne n’a guère plus d’argument pour ne pas commencer prochainement la normalisation de sa politique monétaire. Le creux de l’activité en zone euro est derrière nous. Mais surtout, la BCE est confortée donc son scénario d’atterrissage de l’inflation vers sa cible. Le dernier chiffre d’inflation à +2,4 % sur un an au mois de mars (contre +2,5 % attendu et +2,6 % en février) est une bonne nouvelle. Cette tendance à la décrue est également observée sur l’inflation sous-jacente (+2,9 % contre +3 % attendu et +3,1 % en février). Ces chiffres confortent la révision significative à la baisse de ses prévisions d’inflation sur les 3 prochaines années, présentées lors de la réunion du 7 mars (+2,3 % en 2024 contre +2,6 % précédemment et un retour à l’objectif de +2 % en 2025).
Il est donc probable que l’inflexion de la politique monétaire soit discutée lors de la réunion du 11 avril, et notamment le timing de la première baisse des taux. Si un consensus semble exister au sein du Conseil pour juin, la question du calendrier et de l’ampleur des baisses de taux futures reste ouverte. Nous nous attendons à un discours équilibré, confirmant la très grande probabilité d’une première baisse en juin, présentée comme un premier pas vers la normalisation de la politique monétaire, tout en insistant sur le caractère non automatique des baisses futures, dépendantes de la trajectoire prévisible de l’inflation.
Les anticipations de marché sont extrêmement fortes avec une probabilité de 98 % pour une baisse de 25 pb en juin. Toutefois, si le discours de la BCE venait à décevoir, cela pourrait alimenter les tensions sur les marchés de taux, dans un contexte où la certitude faiblit sur le timing de la première baisse de taux de la Fed, avec une probabilité de 72 % pour juin.
Nous pensons que ce léger décalage entre la Fed et la BCE ne devrait pas gêner cette dernière, qui devrait réaffirmer l’autonomie de ses décisions.