Skip to main content

La guerre commerciale augmente l’incertitude et les risques systémiques sur les marchés financiers. Le poids des actions a été réduit en position neutre, au profit de l’or. L’amélioration des fondamentaux économiques conduit à privilégier les actions européennes.

A l’occasion de son récent point sur les perspectives économiques et financières, Philipp E. Bärtschi (photo) (Chief Investment Officer chez J. Safra Sarasin) a mis en avant la divergence qui commence à se manifester sur les perspectives des grandes économies. Aux Etats-Unis, il constate que les données économiques ont commencé à se dégrader durant les dernières semaines, notamment au niveau des nouvelles commandes dans le secteur manufacturier, des données sur le marché de l’emploi et de l’indice des directeurs d’achats pour les services.

« Bien que nous partions d’un niveau plutôt élevé, ces chiffres semblent indiquer une dégradation de l’économie américaine. Et le début de la guerre commerciale orchestrée par Donald Trump augmente le risque que le secteur manufacturier ait déjà atteint son sommet ». En outre, il pointe également la dégradation de la confiance des ménages dans un environnement marqué par une inflation qui reste soutenue. « De nouvelles surprises négatives pourraient alimenter les craintes d’un ralentissement plus marqué ».

Préférence européenne

A l’inverse, la situation économique en Europe montre des signes plus encourageants, et permettent d’envisager une reprise modérée durant les prochains trimestres. « Le moral des investisseurs et la confiance des ménages se sont améliorés, tandis que les récentes élections allemandes devraient améliorer le climat des affaires. Les dépenses dans le secteur de la défense sont attendues en forte hausse, et donneront de l’élan au secteur manufacturier ». Et du côté de la Chine, la tendance semble également être en train de s’améliorer, avec une accélération du crédit et une stabilisation du secteur immobilier.

Dans ce contexte, Philipp Bärtschi constate que les marchés boursiers ont commencé à intégrer l’impact des tarifs de l’administration Trump sur les marges bénéficiaires, avec une réaction du marché qui a été modérée suite à la publication de bénéfices généralement solides pour le quatrième trimestre 2024. Il souligne toutefois que des faiblesses sont apparues dans les rapports des Magnificent Seven (Amazon, NVidia, Alphabet, Tesla, Apple, Microsoft, Meta), qui ont également été fragilisées d’un point de vue boursier par les annonces autour du modèle développé par DeepSeek, qui ont mis en évidence les ambitions de la Chine en matière d’intelligence artificielle.

Il estime dès lors que les actions européennes doivent pour le moment rester privilégiées face aux actions américaines, avec des politiques fiscales qui sont désormais susceptibles d’avoir un impact positif sur les perspectives bénéficiaires durant les prochains trimestres. « Nous préférons les actions défensives par rapport aux cycliques, et le style value par rapport à la croissance, avec un positionnement qui privilégie le marché suisse qui devrait être relativement peu sensible aux risques liés à la guerre commerciale ».

Obligations d’entreprise

Sur les marchés de taux, le risque est désormais clairement pointé vers une inflation qui pourrait rester plus élevée que prévu, avec un nombre de baisses attendues du taux directeur américain qui s’est fortement réduit depuis le début de l’année. « Si les dernières données économiques ont dissipé les craintes d’une hausse du taux directeur, la persistance de l’inflation et les annonces de droits de douane constituent des obstacles importants à une nouveau relâchement de la politique monétaire américaine ». Et Philipp Bärtschi indique qu’un très net ralentissement de l’économie sera nécessaire avant que la Réserve Fédérale n’assouplisse sa politique.

Au niveau européen, il estime toutefois que de nouvelles baisses de taux sont probables durant les prochains mois, et soutiendront les cours des obligations. Il apprécie plus particulièrement les obligations d’échéance moyenne, dont le rendement devrait être en mesure d’absorber les hausses des taux longs. « Nous restons neutres à l’égard des obligations d’entreprises, avec toutefois une préférence pour les obligations à haut rendement par rapport à la dette de meilleure qualité (investment grade) ».

Diversification en or

 « Depuis l’amorce de la guerre commerciale par Donald Trump, nous avons ramené la pondération des actions à un niveau neutre, et nous avons maintenu ce positionnement. Dans le même temps, nous continuons de sous-pondérer le marché obligataire tout en surpondérant les liquidités et les classes alternatives (obligations catastrophe, matières premières) ». Une classe d’actif qui a actuellement la préférence de Philipp Bärtschi est l’or, notamment au vu de l’augmentation des risques géopolitiques et systémiques. « Et dans le même temps, cet actif devrait continuer de bénéficier d’une forte demande en provenance des banques centrales ».

Frédéric Lejoint

Author Frédéric Lejoint

More posts by Frédéric Lejoint