L’atelier de gestion online Décryptage Macroéconomique T1 2025, de Varenne Capital Partners a permis à Gianluca Lobefalo, Analyste Senior – Couvertures Macroéconomiques, et David Wierzba, Directeur du Développement, d’aborder les grandes tendances macroéconomiques en ce début d’année chahuté.

Gianluca Lobefalo

David Wierzba
David, peux-tu nous rappeler dans quel cadre est utilisée la macroéconomie chez Varenne Capital Partners ?
Les couvertures macroéconomiques (Tail Risk Hedging) est l’une des quatre stratégies utilisées dans nos fonds pour couvrir les risques résiduels de la poche long Equity contre des scénarios qui pourraient porter atteintes à nos thèses d’investissements sur les entreprises en portefeuilles. Le tout dans un budget maximal de 1,5% par an et par fonds bénéficiant de ce dispositif de couverture. A ce jour, pour 2025, Nous avons construit un dispositif qui utilise 60% du budget.
Pour construire nos positions macro, l’équipe de Gianluca Lobefalo suit cinq classes d’actifs : les taux, le crédit, les actions, le Forex et les matières premières.
Gianluca, question que tout le monde se pose actuellement, que penser du rapport de force entre les États-Unis et la Chine ?
La géopolitique est au centre de toutes les attentions en ce moment, en particulier le rapport de force États-Unis-Chine. Mais n’oublions pas de regarder du côté de la production et de la structure commerciale entre les deux pays. Il faut s’attendre à un rééquilibrage : la consommation intérieure américaine représente 29% de la consommation mondiale et sa production 15% de la production mondiale, tandis qu’on a la proportion inverse pour la Chine (12% de la consommation et 32% de la production). Avec l’expansion fiscale annoncée dernièrement par la Chine, le pays vise à renforcer sa demande intérieure et donc à réduire sa dépendance au commerce extérieur. Cela aura un effet important sur l’équilibre de la production au niveau mondial et sur les taux de change.
Quelles sont les perspectives en termes d’inflation ?
Depuis 2022, les analystes et les institutions monétaires se sont focalisés sur l’inflation. En regardant l’évolution de ces derniers mois, on voit que nous sommes dans une phase de stabilisation et que l’on n’est pas sûr d’atteindre les 2% visés par les banques centrales. Par ailleurs, en cas d’expansion fiscale, les taux remonteront. Aujourd’hui, il faut faire attention à la production car on commence à voir des incertitudes sur le PIB des États-Unis, de l’Europe et de l’Asie.
Il faut aussi noter une dispersion des décisions des principales banques centrales concernant les taux d’intérêt (alors que depuis 20 ans, elles agissaient de manière parallèles), ce qui provoque de la volatilité. Pour ma part, je pense que la création des euro bonds serait très positive pour l’Europe.
Selon toi, le bitcoin est-il la nouvelle valeur refuge, l’or 2.0 ?
Nous avons une relation culturelle et financière de plus de 5000 ans avec l’or. La plupart des gens le considère comme une valeur refuge contre les risques d’inflation. Or, dans l’histoire, cette relation entre l’or et l’inflation/déflation n’est pas si claire. En revanche, c’est toujours « la » valeur refuge générale par excellence. Son cours a d’ailleurs beaucoup monté fin 2024. Certains pensent que le bitcoin deviendra l’or 2.0 en tant que valeur refuge ; pour l’instant ce n’est pas le cas, on est dans du spéculatif.
Vois-tu déjà des effets de la nouvelle administration Trump sur la croissance ?
Pour l’instant nous n’avons que des hypothèses. Il est encore trop tôt pour estimer l’impact des mesures du président Trump sur le PIB. Par contre, on voit une contraction de la production américaine au premier trimestre que l’on peut attribuer à la fin du mandat de Jo Biden.
En tous cas, le niveau d’incertitude est extrême et même historique. Il faut espérer que la politique douanière de Trump soit plutôt un outil de négociation commerciale.
À propos de Gianluca Lobefalo
Spécialiste des produits dérivés et de l’analyse macroéconomique, Gianluca Lobefalo intervient régulièrement auprès des médias, dont Bloomberg, et comme conférencier, notamment à l’Oxford Business School, la Said Business School et l’Imperial College London.
Basé à Londres, il a rejoint Varenne Capital Partners en 2020, en tant qu’Analyste Senior – Couvertures Macroéconomiques. Il a précédemment travaillé chez JP Morgan, Schroders, Morgan Stanley et Algebris, et est le fondateur de la société de gestion QW Capital.
Gianluca est titulaire Master en économie de l’Université Bocconi à Milan et d’un Master en économétrie et économie de l’Université catholique de Louvain, en Belgique.