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Virginie Maisonneuve, directrice mondiale des investissements actions chez Allianz Global Investors

Le marché chinois est aujourd’hui bien positionné pour une renaissance, avec des valorisations attractives et une croissance économique qui devrait se maintenir durablement autour de 4%.

Virginie Maisonneuve a une expérience de plus de trente ans sur les marchés financiers, une carrière qui l’a fait transiter par des gestionnaires comme Pimco, Martin Currie, State Street ou encore Schroders. Depuis 2021, elle officie comme Global CIO sur les marchés boursiers chez Allianz Global Investors. Elle était récemment de passage en Belgique, à l’occasion d’une conférence où elle a évoqué les perspectives attractives qui s’offrent aux investisseurs qui ont l’intention d’exposer une partie de leur portefeuille sur les actions chinoises.

Disruption politique

« J’ai commencé ma carrière en Chine en tant que consultante pour le ministère français des affaires étrangères, et je parlais couramment le mandarin lorsque j’habitais en Chine. J’ai donc été sensibilisée très tôt aux évolutions en cours dans ce pays », se rappelle Virginie Maisonneuve. « Après avoir rejoint l’OMC et avoir dépassé le Japon durant la crise financière de 2008, la Chine est aujourd’hui dans sa troisième phase de développement économique, qui devrait la voir prendre le leadership technologique dans plusieurs domaines de pointe ».

Cette montée en puissance est toutefois disruptive pour l’ordre du monde actuel, et s’accompagne de tensions géopolitiques avec les Etats-Unis, que ce soit en raison des relations entre la Chine et la Russie suite à la guerre en Ukraine, ou des menaces qui pèsent ponctuellement sur Taiwan. « Ceci va causer une volatilité accrue sur les marchés financiers durant la prochaine décennie, mais je ne pense pas que nous irons jusqu’à un conflit ouvert ».

Croissance soutenue

Dans le même temps, les autorités ont orienté leur politique de développement vers la création de champions nationaux, et tentent aujourd’hui de faire face au vieillissement de la population en investissant dans l’automatisation ou dans l’attraction de talents en provenance de la diaspora chinoise dans les pays occidentaux, ainsi que des travailleurs qualifiés en provenance d’autres pays asiatiques.

« Nous pensons que la Chine devrait être en mesure de faire face à ce défi démographique en accélérant les gains de productivité, avec des salaires qui sont aujourd’hui très attractifs pour attirer de la main d’œuvre de qualité. Cette capacité à attirer les talents devrait leur permettre de concurrencer les Etats-Unis, et développer leur propre technologie dans les semi-conducteurs. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils y arrivent ».

Pour l’année en cours, elle s’attend à une croissance économique qui devrait dépasser les 5%. A plus long terme, Virginie Maisonneuve rappelle que les autorités visent aujourd’hui une croissance de qualité et durable, et qu’il serait donc logique de voir la progression de l’activité se stabiliser vers 4% durant les prochaines années.

Transition climatique

Virginie Maisonneuve souligne que la crise du COVID a fourni un plan d’attaque pour résoudre une crise d’ampleur mondiale comme le réchauffement climatique, et dans ce domaine, la Chine est aujourd’hui incontournable. « Le pays est le plus grand émetteur de CO2 au monde, mais est également un des principaux fournisseurs pour la production de panneaux photovoltaïques et d’éoliennes».

« A mesure que nous allons nous approcher de la barre de 2 degrés de hausse pour les températures, nous allons également avoir davantage de pressions pour trouver des solutions à ce problème auquel l’ensemble de l’humanité est aujourd’hui confrontés. Il est probable que la résolution de ce problème mondial pourrait permettre à la Chine et aux Etats-Unis d’arriver à un accord pour résoudre leurs différents ».

Exposition à 5%

« Le marché a été délaissé l’année dernière, avec une décote totalement déconnectée des perspectives de croissance sur le long terme. Le marche est aujourd’hui particulièrement bon marché, et les investisseurs occidentaux restent beaucoup trop sous-exposés sur les actions chinoises », indique Virginie Maisonneuve. « Pour un portefeuille global, il serait normal d’avoir au moins 5% de ses actifs sur ce marché ».

Sur un horizon à 10 ans, le marché boursier chinois est déjà le deuxième plus grand du monde (avec plus de 6000 sociétés cotées). Virginie Maisonneuve pointe également que les actions chinoises sont aujourd’hui une classe d’actifs à part entière, qui se comporte souvent de manière contre-cyclique par rapport aux autres, avec une croissance qui sera forte cette année alors que les autres régions vont plutôt devoir faire face à une récession. « Je reste convaincue que la meilleure manière d’aborder le marché chinois sur le long terme est de viser les sociétés qui sont en mesure d’innover, que ce soit dans le domaine de la technologie (logiciels, matériels semi-conducteurs), de la consommation ou des soins de santé (biotech, robots médicaux) ».

KFI

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