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Laurent Denize, Co-directeur des investissements chez ODDO BHF Asset Management.

« Nous restons constructifs sur les actions, avec un accent particulier sur les thèmes de croissance séculaires tels que l’IA et la transition écologique. Parallèlement, nous adaptons nos portefeuilles pour tenir compte du nouveau cycle des taux d’intérêt. »

À l’instar d’un après-midi d’été étouffant où des orages éclatent de temps à autre sans pour autant modifier les conditions météorologiques à long terme, cet été a été tout aussi agité pour les marchés financiers. Les actifs risqués ont enregistré des gains importants depuis le début d’année, mais les tensions se sont accrues, entraînant une chute brutale des marchés au début du mois d’août. Ces turbulences ont été provoquées par la combinaison de craintes croissantes de récession aux États-Unis et d’une hausse surprise des taux d’intérêt au Japon, qui a ébranlé les opérateurs de « carry trade ». La volatilité des marchés actions a grimpé en flèche, le VIX dépassant les 65. Toutefois, les banques centrales des États-Unis et du Japon ont agi rapidement pour contenir la panique grâce à une communication efficace, et les principaux indices boursiers ont rapidement rebondi à des niveaux record, portés par la perspective d’une baisse des taux.

Malgré ce rebond, les déséquilibres sous-jacents qui ont contribué à la fragilité des marchés ne se sont pas encore résorbés. Les valorisations s’affichent à des niveaux raisonnables, même si cela suppose que les attentes élevées en matière de séquences bénéficiaires se concrétisent. Si les signaux de ralentissement économique venaient à s’intensifier, la volatilité pourrait refaire surface rapidement, comme cela a été le cas au début du mois de septembre. La nervosité des marchés devrait persister jusqu’à l’automne.

Nos perspectives sur les quatre prochains mois : Atterrissage en douceur, désinflation, baisse des taux et enjeux politiques

1. Atterrissage en douceur : Ralentissement de la croissance, absence de récession

L’économie mondiale montre des signes de décélération, mais une récession de grande ampleur semble exclue. Les principales économies se rééquilibrent après des politiques de resserrement agressives, et si la demande des consommateurs s’est légèrement affaiblie, la dynamique reste suffisante pour éviter une contraction. Pour ces raisons, nous nous attendons davantage à un « atterrissage en douceur », même si ce n’est pas le scénario le plus fréquent après une période de hausses des taux d’intérêt. Notons également que l’équilibre des risques s’est récemment modifié pour la zone euro, avec de fortes révisions du PIB 2025e (+1,3 %).

2. Désinflation : Détente progressive sur les prix

L’inflation, qui était au cœur des préoccupations des marchés mondiaux, semble s’atténuer (moins de 2 % attendus pour les États-Unis et la zone euro en 2025). Cette réduction progressive des pressions inflationnistes reflète un ralentissement de la demande postpandémique, une amélioration des chaînes d’approvisionnement et les efforts des banques centrales pour maîtriser les prix en augmentant les taux d’intérêt. Pour les consommateurs comme pour les entreprises, ce relâchement des pressions inflationnistes offre un répit face à la flambée des coûts.

3. Baisse des taux d’intérêt : Les banques centrales adoptent une position plus accommodante

L’inflation semblant maîtrisée, de nombreuses banques centrales prennent une position plus dovish, aidées en cela par un refroidissement suffisant du marché de l’emploi. Les investisseurs doivent se préparer à ce changement de politique, car il pourrait avoir un impact significatif sur les marchés obligataires, les coûts d’emprunt et les stratégies d’allocation d’actifs. Des taux plus bas sont historiquement favorables aux marchés des actions, car ils encouragent l’emprunt et l’investissement.

4. Situation politique : Des risques en hausse

L’environnement politique est de plus en plus volatil, ce qui ajoute une nouvelle couche de complexité à la dynamique de marché. Une élection se profile aux États-Unis, ce qui pourrait accroître l’incertitude sur les marchés. Si les mesures fiscales des deux candidats vont participer à creuser le déficit budgétaire fédéral, le risque électoral nous semble plus important du côté de Trump (tensions commerciales, mesures inflationnistes, indépendance de la FED…). En Europe, la fragmentation politique au sein de la zone euro pose des défis, tandis que les tensions géopolitiques au Moyen-Orient demeurent un risque permanent. Les investisseurs doivent suivre de près ces évolutions, car les chocs géopolitiques peuvent rapidement perturber la stabilité économique et entraîner de fortes corrections sur les marchés. L’interaction entre les risques politiques et les conditions macro-économiques sera cruciale pour déterminer les tendances futures du marché.

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