Par I. de L.
Les économistes et stratégistes ne disposent pas de boule de cristal concernant les prévisions pour 2024. Mais selon l’analyse de certaines données macroéconomiques, ils peuvent envisager certains scénarios. « Après une hausse historique des taux d’intérêt, nous ne pensons pas que cette hausse puisse encore aller très loin. La Fed semble être au bout des hausses de taux. Nous envisageons alors une baisse des taux qui pourrait être assez rapide », constate Gilles Moec.
Croissance et inflation
Du côté de la croissance économique, les Etats-Unis devraient échapper au risque de récession avec, cependant, une croissance assez faible de l’ordre de 1%. Dans la zone euro, le risque de récession est plus élevé avec une croissance qui serait limitée à 0,2% en 2024. « Aujourd’hui, l’endettement des entreprises est limité aux Etats-Unis. Il n’y a pas beaucoup de dettes à refinancer à court terme. Cela encourage la résilience de l’économie américaine », ajoute cet économiste. De ce fait, il entrevoit une baisse des taux dès le mois de juin aux Etats-Unis.
Le ralentissement de l’économie chinoise est un facteur déflationniste. En effet, la déflation en Chine a un impact sur le prix des produits manufacturés. « De ce fait, on voit une baisse des prix des produits importés aux Etats-Unis en provenance de Chine. Mais il y a une divergence entre le prix des biens manufacturés et le prix des services. Les prix des services augmentent », constate Gilles Moec. Cependant, le marché du travail atterrit et cela aura un effet de ralentissement sur les salaires.
Budget inquiétant
Une source d’inquiétude est, selon cet économiste, une machine budgétaire hors de contrôle aux Etats-Unis. L’Etat a entamé beaucoup de dépenses sans revoir sa politique de crédits d’impôts. Même si cette politique budgétaire soutient la croissance, elle engendre une hausse de la trajectoire de la dette publique. « Cette situation devient un souci pour les investisseurs. Il y a une offre massive d’obligations américaines sur le marché. Ces obligations éprouvent des difficultés à trouver preneurs. Cette situation va sans doute limiter la baisse des taux à long terme », souligne Gilles Moec.
Quant à l’Europe, les taux d’intérêt devraient suivre la même trajectoire qu’aux Etats-Unis. « On peut tabler sur une première baisse en juin puis trois autres baisses pour atteindre un taux de 3,25% à la fin de l’année. L’inflation européenne devrait également ralentir », constate Gilles Moec. Dans un tel environnement, les investisseurs peuvent bloquer les taux en portefeuille. Sur les marchés boursiers, les valeurs technologiques devraient également bénéficier de la baisse des taux. En Europe, on s’attend plutôt à des bénéfices d’entreprises assez atones. « Cependant, le gros du choc est passé. Les investisseurs sont rassurés concernant l’inflation et les taux. Les marchés sont plus sereins. Aujourd’hui, il y a plus de raisons d’être optimistes que pessimistes », conclut Gilles Moec.