Depuis le début de l’année, nous observons une forte baisse des prix de l’énergie, ce qui entraîne une forte sous-performance des entreprises européennes de services publics cotées en bourse. La raison de cette baisse plus importante que prévu est due à une forte diminution des coûts du carbone ainsi qu’à une réduction des autres coûts des intrants.
DÉPENDANCE DE L’EUROPE AU GNL AMÉRICAIN
Le gaz naturel liquéfié (GNL) est du gaz naturel (principalement du méthane) refroidi à l’état liquide pour faciliter et sécuriser son transport et son stockage. Les principaux acteurs du GNL sont les grandes compagnies pétrolières internationales et nationales (IOC et NOC) en raison de leurs importantes ressources financières et politiques.
Les prix du gaz ont diminué de moitié depuis novembre 2023, passant de c14$ par Metric Million British Thermal Unit (mmbtu) à c7$ en février 2024, ce qui s’est traduit par une baisse de 42€/MWh à 25,2€/MWh (-48% en glissement annuel) du prix benchmark Title Transfer Facility (TTF) pour les prix du gaz en Europe sur la même période.
L’Europe s’avère très dépendante du GNL américain au comptant pour près de 50 % de ses importations totales de GNL en 2023 (120 milliards de mètres cubes), avec un prix plancher d’approvisionnement sous-jacent dépendant de la dynamique de l’offre sur le marché et donc directement lié aux prix au comptant Henry-Hub aux États-Unis : un marché du GNL tendu impliquera un prix plancher plus élevé (y compris les frais de liquéfaction, de transport et de regazéification), tandis qu’un niveau plancher d’offre excédentaire sera plus bas (au coût marginal du GNL américain).
Les capacités supplémentaires limitées de GNL à court terme, associées au rebond de la demande chinoise et de l’Asie du Sud-Est, vont resserrer l’offre de GNL jusqu’au S2 2026. Dans cette mesure, la capacité de la demande à répondre à l’augmentation massive de la capacité à moyen terme (environ 150 millions de tonnes supplémentaires par an entre 2026 et 2028) sera déterminante pour la fixation des prix de l’énergie en Europe.
VERS UNE NORMALISATION DES PRIX DE L’ÉLECTRICITÉ ?
En fixant les coûts marginaux de génération, la dynamique actuelle du gaz et l’offre supplémentaire des sources nucléaires et hydroélectriques pourraient orienter la dynamique des prix de l’électricité à court terme. Par ailleurs, le développement actuel des énergies renouvelables jouera également un rôle plus important dans le mix.
La forte baisse des prix sur le marché de l’électricité depuis le début de l’année pourrait peser sur les marges des entreprises européennes de services publics au-delà de 2024, car les couvertures à prix élevé mises en place pendant la crise de l’énergie se résorbent progressivement.