L’environnement actuel continue de nécessiter une grande prudence de la part des investisseurs, qui ne doivent toutefois pas se détourner des actions.
Pierre Puybasset (Porte-Parole de la gestion) et David Kruk (Responsable du trading desk) ont récemment animé leur premier webinaire « Au Cœur Des Marchés » de l’année 2025. A cette occasion, les deux spécialistes de La Financière de l’Échiquier sont revenus sur les événements qui se sont produits depuis l’élection de Donald Trump, ainsi que sur la belle performance des marchés européens depuis le début janvier.
Facteurs de soutien
Comme David Kruk l’avait laissé entendre fin novembre, les actions européennes ont trouvé une fenêtre d’opportunité pour dégager une performance supérieure plus soutenue depuis le début le début 2025. « Ce mouvement avait déjà commencé en décembre dernier, mais cette performance reste néanmoins fragile face à la capacité du marché américain de dégager de fortes hausses boursières ».
Il souligne que l’élection de Donald Trump a provoqué une montée de l’incertitude sur les actions américaines. « A partir de décembre, les marchés ont recommencé à craindre le retour de l’inflation, avec des taux à 10 ans qui ont rapidement atteint 4,8% et des anticipations de baisse du taux directeur qui se sont fortement réduites. Or, la hausse des taux a pesé sur les valorisations des groupes technologiques jusqu’à la mi-janvier ». Les chiffres de l’inflation américaine pour le mois de décembre sont ensuite sortis, et ont permis de tempérer les inquiétudes, avec des cours qui se sont ensuite repris. « Jusqu’ici les annonces sont relativement rassurantes sur le sujet des droits de douane, dont la mise en œuvre plus progressive a permis de reporter vers 2026 les craintes d’une flambée des prix ».
« En dehors des politiques menées par Donald Trump, le point le plus important du mois écoulé a été la croissance des attentes bénéficiaires pour les entreprises américaines. Les chiffres publiés depuis le 15 janvier ont été très bons, ce qui a permis une augmentation de la croissance anticipée des bénéfices de 8 vers 11% pour l’année 2025 ».
L’Europe, enfin
Dans ce contexte, l’Europe a très bien performé. « Le marché est soutenu par les perspectives de nombreuses baisses de taux de la part de la BCE (cinq attendues sur l’ensemble de 2025), et par la perception que les mauvaises nouvelles se reflétaient déjà dans la valorisation du marché. En outre, contrairement aux Etats-Unis, l’Europe est en train de revenir vers le taux d’inflation de 2% visé par les banques centrales ».
David Kruk souligne également que les élections allemandes seront particulièrement suivies durant les prochaines semaines, car elles pourraient déboucher sur un assouplissement de l’orthodoxie budgétaire, avec des mesures plus fortes pour relancer la plus grande économie de la zone euro. « Enfin, la croissance des résultats est pour le moment attendue entre 8 et 10% en Europe, avec de bons chiffres qui ont déjà été annoncés durant la dernière quinzaine de janvier ».
Soutien du retail
David Kruk souligne également que les marchés continuent d’être soutenus par des flux importants en provenance du retail. « Les particuliers, qui détiennent désormais 60% de l’indice S&P500, sont de plus en plus présents sur les marchés, et sont revenus massivement durant les dernières séances sur certains ETF technologiques. A l’heure actuelle, il faut suivre les mouvements provoqués par cette tranche du marché ».
Du côté des grands courtiers, David Kruk souligne qu’il n’y a pas vraiment de consensus actuellement. « Ils estiment généralement que la croissance des bénéfices sera le facteur déterminant de la performance des marchés en 2025 », un phénomène qui devrait être soutenu par des rachats d’actions propres historiquement élevés et par une reprise des fusions et acquisitions.
Vague de panique
Il constate également que les économistes sont plus partagés sur le cas de l’Europe. « Pour beaucoup de brokers les actions européennes restent une opportunité d’achat, alors que d’autres continuent de privilégier l’exceptionnalisme américain, gage de performance pour les investisseurs. Pour ma part, je continue de plaider pour une diversification européenne au sein des portefeuilles ».
Concernant la vague de panique provoquée par DeepSeek, David Kruk tient à relativiser l’importance de cet événement. « L’émergence d’un modèle low cost dans l’IA est une évolution logique, qui renforce l’idée que les gains de productivité liés à l’IA constitueront un pilier majeur du développement économique des prochaines années, même si ce n’est pas nécessairement une bonne nouvelle pour le segment des équipementiers. Les besoins en investissement risquent en effet de baisser, si des alternatives à faibles coûts commençaient à être commercialisées ».
Février favorable
Enfin, concernant ses attentes pour le mois à venir, David Kruk reste positif sur les marchés boursiers, en raison notamment des flux entrants qui restent élevés. « Depuis plusieurs années, les flux financiers sont déterminants dans l’orientation prise par les marchés boursiers, et il y a encore d’importantes réserves disponibles. Durant la première moitié de février, nous devrions encore voir des rachats lors des mouvements de baisse, notamment si des déceptions sur les résultats venaient à sanctionner certains leaders du secteur technologique ». Et de pointer vers les chiffres de NVidia qui seront publiés le 26 février prochain, et qui vont rester à nouveau un événement important pour la direction des marchés. « ll y a encore énormément d’appétit de la part des particuliers, et l’Europe devrait continuer, au moins jusqu’aux élections allemandes, de surperformer les Etats-Unis ».