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Thomas Planell, DNCA Investments.

Pour Austan Goolsbee (FED de Chicago), les derniers chiffres d’inflation sont « excellents ».

La cible de 2 % semble à portée de main.

Les baisses de taux aussi : deux minimums, selon les futures sur Fed Funds, qui probabilisent désormais à 100% un premier geste de la FED le 18 septembre.

Les marchés changent leur fusil d’épaule, ajustent les instruments de tir aux nouvelles anticipations d’inflation : les points morts à un an dégringolent de 1,5 % à 1,1 %.

Les rendements baissent tout le long de la courbe qui se repentifie imperceptiblement.

L’écart de taux anticipé se comprime entre le billet vert et l’euro qui tutoie les 1,10 dollars.

Le yen, le « big short » de 2024, s’arrogeait jusqu’à 2,5 % face au dollar au moment de la publication du bureau des statistiques !

On dit en coulisses que la Banque centrale Japonaise aurait profité de la situation pour soutenir sa devise en mobilisant 22 milliards de dollars de réserves.

Le « Big Long » des 7 magnifiques (-4% par rapport au S&P500 sur la séance) est débouclé au profit du Russell 2000 dans un mouvement de rotation d’une amplitude inattendue.

Les petites et moyennes capitalisations prennent une revanche face au Nasdaq 100, comme l’on en avait plus connu depuis cinq ans.

Mais leur hausse de plus de 3 % ne compense pas la déflagration subie par les mégacaps.

Le bilan des pertes nettes sur les trois indices (Russel 2000, S&P500, Nasdaq100) totalise un peu plus de 1000 milliards de dollars sur la journée du 11 juillet. Soit l’équivalent 45 % de la valeur du CAC40…

Les investisseurs, peut-être rassurés quant au moindre risque de voir l’inflation éroder les rendements actuariels, ont-ils décidé de privilégier les taux nominaux longs au détriment des hyperscalers, richement valorisés, qui remplissaient les rôles d’obligations sans risque indexées à l’inflation dans les portefeuilles ?

Les perspectives de baisses des taux offrent-elles désormais l’assurance de voir les petites et moyennes capitalisations, au bilan souvent moins équilibré entre dette et capitaux propres, revenir à meilleure fortune en termes de valorisation ?

Ou s’agit-il tout simplement d’une neutralisation des biais excessifs dans les portefeuilles ?

Difficile de déterminer les motivations et surtout la soutenabilité d’un tel changement de situation sachant que la dégradation des indicateurs macroéconomiques (cohérente avec le repli de l’inflation) n’est pas particulièrement propice aux révisions haussières des bénéfices pour les sociétés cycliques.

En Europe, où les marchés évoluent avec une décote historique de 40% par rapport aux valeurs américaines, les avertissements ou ratés en amont des résultats se succèdent (Airbus, SIG, H&M, Norwegian Airlines) et le Momentum de révision des attentes de bénéfices devient négatif.

Le repli des prix à la consommation (et la baisse du coût du capital induit par les coupes de taux directeurs) est une bonne nouvelle pour les actionnaires, à deux conditions.

Qu’il ne traduise pas une baisse dangereuse de la demande des consommateurs.

Et qu’il n’aboutisse pas à des pincements de marge entre les prix de vente et les prix à la production.

Au lendemain de la publication des chiffres d’inflation, le sentiment de la confiance du consommateur américain douchait les attentes en chutant de deux points, tandis que les prix à la production continuaient de croître au-dessus des prévisions des économistes (+2,6 %).

La déflation manufacturière exportée par la Chine ne se fait pas encore sentir en occident. Le pays semble lancé dans une fuite en avant dans la course aux exportations pour soutenir la machine industrielle et ses emplois qui ne devrait pas apaiser les tensions avec ses principaux partenaires commerciaux. En juin, l’excédent de la balance commerciale (99 milliards de dollars) atteint le niveau record des années 1990.

L’effondrement des importations qui ne peut qu’inquiéter les observateurs quant à la dynamique de la demande domestique n’y est pas étranger. A la veille du coup d’envoi du troisième plénum du parti, le pays publiera lundi ses chiffres de croissance pour le second trimestre. Entre consommation déprimée et désastre immobilier, Xi Jinping devra trouver la voie du retour à la confiance. « Là où il y a une volonté, il y a un chemin » lui inspirera probablement Lénine…

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