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Jean-Charles Belvo a commencé sa carrière chez La Financière de l’Echiquier en tant que gestionnaire de fonds sur les actions européennes. Depuis cinq ans, il a toutefois rejoint le groupe suisse J. Safra Sarasin dans l’équipe de huit personnes qui s’occupe des fonds thématiques. Cette gamme comporte aujourd’hui cinq fonds exposés sur une thématique unique autour des grandes transformations de l’économie mondiale ; plus un fonds transversal qui s’expose sur l’ensemble des thématiques individuelles.

Quelles sont les grandes raisons qui poussent à investir sur des grandes thématiques ?

Jean-Charles Belvo : « Sur le long terme, la performance des actions est extrêmement liée à la croissance des bénéfices par action. Dès lors, il est important de prévoir quels vont être les sociétés qui dégager une croissance bénéficiaire supérieure à la moyenne. L’approche thématique vise à identifier les mégatendances qui vont impacter durablement les sociétés durant les dix à quinze prochaines années. L’angle thématique permet également de gagner en réactivité par rapport à une approche sectorielle traditionnelle, en identifiant beaucoup plus rapidement les nouvelles tendances et en comprenant de quelle manière elles vont impacter les différents secteurs économiques ».

Comment sont déterminées ces grandes thématiques ?

J-C.B. : « Nous cherchons plutôt des thématiques déjà visibles, tangibles et irréversibles, avec une forte probabilité de réalisation, comme la digitalisation, l’automatisation, le vieillissement de la population, les nouvelles habitudes de consommation ou le changement climatique. Notre gamme ne va donc pas comprendre de fonds de niche, par exemple du style metaverse ou industrie spatiale ».

Ce sont des thématiques que l’on pourrait qualifier de très générales…

J-C.B. : « Oui, mais en dessous, nous avons également 25 sous-thèmes, qui constituent la manière dont ces grandes thématiques vont impacter la vie économique de nos sociétés, et qui vont donc reprendre les marchés les plus attractifs pour positionner notre fonds. Tous les six mois, nous allons remettre à jour cette liste de 25 thèmes afin d’éventuellement intégrer de nouvelles tendances qui seraient apparues dans l’intervalle. Nous prenons également en considération le côté monétisable ainsi que la durabilité des différents sous-thèmes. Parmi ceux que nous avons identifié, nous pouvons citer la migration vers le cloud, les nouveaux traitements contre le cancer ou la gestion des ressources en eau ».

Comment allez-vous investir sur ces différents sous-thèmes ?

J-C.B. : « Pour ce qui de la construction des portefeuilles, nous essayons de ne pas être trop concentré sur un seul sous-thème, car le risque est alors important d’avoir un effet de mode et une correction des cours qui serait défavorable à la performance du fonds. Dans notre fonds Green Planet, nous n’allons pas investir que dans la production d’énergie renouvelable, mais également dans les solutions d’économie circulaire ou dans le traitement des eaux ».

Quelle est la grande différence avec votre stratégie thématique plus globale ?

J-C.B. : « Le fonds multi-thématique est le seul qui va avoir un indice de référence, avec un vrai travail de construction pour avoir une composition qui se rapproche de l’indice MSCI World. Il ne s’agit donc pas d’un fonds construit automatiquement sur base des meilleures idées contenues dans les cinq fonds thématiques. Le gestionnaire fait des choix pour créer un fond cœur de portefeuille contenant 30 à 50 valeurs de convictions partagées par une majorité de l’équipe. La sélection est fortement orienté sur la qualite/croissance, ce qui veut dire que nous n’allons pas nécessairement être présent sur tous les secteurs, avec des surpondérations/sous pondérations importantes par rapport au MSCI World ».

Qu’est ce que vous entendez par « qualité / croissance » ?

J-C.B. : « Cette approche entre dans la construction de l’ensemble de nos fonds thématiques. Nous recherchons des groupes disposant d’importantes barrières à l’entrée sur une chaîne de valeur. La qualité vise de manière assez classique la rentabilité des capitaux employés, le niveau des marges, la capacité de fixation des prix, et la capacité de maintenir cette rentabilité élevée sur le long terme. Nous apprécions également des entreprises qui vont être moins endettées, ou avec des modèles d’entreprises qui peuvent supporter un endettement plus élevé. Du côté de l’aspect croissance, nous recherchons des entreprises donc la croissance est plus rapidement que le PIB au niveau mondial, donc à partir de 5% de croissance avec une moyenne dans les portefeuilles qui se situe typiquement autour de 7,5% par an, soit bien au-delà des 3,5% affichés par l’indice MSCI World »

Parmi les cinq grandes thématiques, quel est actuellement celle qui a le plus de poids dans le fonds global ?

J-C.B. : « A l’heure actuelle, le fonds est plutôt orienté sur la partie digitalisation, sur lequel nous apprécions plus particulièrement le segment de la publicité digitale avec des valeurs comme Meta ou Amazon, une tendance forte qui devrait continuer à se déployer en 2025. Sur la thématique de l’intelligence artificielle, nous préférons être aujourd’hui présent sur des acteurs présents sur le cloud, des fournisseurs de solutions et de services qui détiennent les données. A l’inverse, nous sommes devenus plus prudents sur les groupes exposés sur la hausse des investissements dans les centres de données. Enfin, il faudra également voir de quelle manière le marché va s’équilibrer avec l’arrivée d’acteurs comme Deepseek.  Nous avons également réduit notre exposition sur le changement climatique en raison d’un contexte politique actuel qui est assez peu favorable ».

Vous avez lancé récemment un nouveau fonds thématique. Vous pouvez nous en dire un peu plus ?

J-C.B. : « Ce produit, lancé en septembre 2024, vise une exposition sur les matériaux stratégiques, qui sont au cœur de nombreuses initiatives prises ces dernières années en vue de réussir la transition énergétique. Il y a aujourd’hui de vraies contraintes d’offre sur des matières premières comme le cuivre, avec un potentiel pour les investisseurs de pouvoir capter la croissance des investissements attendue durant les prochaines années. Donc pas uniquement un investissement dans les entreprises minières, mais également les équipementiers en amont de l’extraction ou les entreprises qui utilisent ces métaux en aval, que ce soit dans la voiture électrique ou dans la distribution d’électricité ».

Frédéric Lejoint

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