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Le fonds Echiquier World Equity Growth Fund est devenu au fil des années emblématique au sein de La Financière de l’Echiquier. Le terrain de jeu est mondial avec des choix de valeurs qui s’articulent autour des mégatendances et jouissent de croissance solide. Le fonds brille dans sa catégorie avec 222,7 % de performance sur 10 ans contre 192,5 % pour son indice.

David Ross, CFA, un Américain à Paris, est un fidèle. Le gérant est aux manettes du fond depuis 10 ans, malgré qu’il peste contre la fermeture des restaurants en après-midi (contrairement aux habitudes outre-Atlantique) qui l’oblige à formater sa journée… Rythmées par une philosophie immuable, la qualité et les performances de sa gestion ont fini par aimanter les investisseurs qui ont gonflé l’encours du fonds, qui pèse plus d’un milliard d’euros, contre 80 millions 10 ans avant. Morningstar, la société de rating, a tamponné le fonds de quatre étoiles pour cette période de 10 années.

Le gérant est aussi fidèle dans ses choix. Amazon et Microsoft, dans ses plus fortes convictions à fin avril, ont intégré le portefeuille il y a plus de sept ans. Deux bonnes sélections puisque le prix d’Amazon a été multiplié par six et demi et celui de Microsoft par quatre. 60 % du portefeuille est investi dans des actions acquises depuis au moins cinq ans, et plus de 25 % du portefeuille est détenu depuis au moins neuf ans.

Meilleures idées = forte pondération

Une particularité de la philosophie de gestion, la pondération d’un titre dans le portefeuille est déterminée par le potentiel de performance calculée avec l’objectif de cours à trois ans et non sa capitalisation par exemple. Si le potentiel de hausse du cours se réduit, la pondération est baissée en proportion. Et vice-versa. En deux mots, les meilleures idées ont la plus forte pondération.

La philosophie du gérant est immuable : « Buy the future, sell the past », « les grandes valeurs de qualité sont rarement bon marché et les valeurs peu chères sont rarement de grandes sociétés », argue David Ross, qui reprend l’exemple de Microsoft. Dans les années 80, cette action était une mid-cap peu connue, avec déjà une valorisation très élevée. D’ailleurs, elle n’a jamais été bon marché, ajoute-t-il. Pour prendre les bonnes décisions, il faut fuir ses émotions, être mécanique dans ses décisions et ne pas tomber amoureux d’une valeur. Être discipliné…

Hyper concentré

Si le fonds est hyper concentré car composé que d’une vingtaine de valeurs, cela ne signifie pas que le portefeuille n’est pas diversifié. Composé de grandes capitalisations (minimum 10 milliards de dollars), le fonds investit dans des sociétés qui assurent une croissance de leur chiffre d’affaires en moyenne de 8 % par an et affichent des revenus moyens supérieurs à 5 milliards de dollars. Croissance, leadership, avantages concurrentiels, activité disruptive, voilà les piliers que David Ross utilise dans sa recherche.

Le terrain de jeu est mondial. Au sein du fonds, les Etats-Unis se paient la part du lion, avec presque deux tiers du portefeuille. C’est logique car le marché de l’Oncle Sam est fertile en leaders dans leur marché, bénéficiant d’une croissance ancrée et forte et d’une présence sur les cinq continents.

Mastercard et Visa pour l’inflation

Parmi ses choix, David Ross, cite Mastercard et Visa, deux valeurs « inflation » explique-t-il. En effet, le chiffre d’affaires de ces deux sociétés est corrélé à l’inflation avec les encours des cartes de crédit. Le Japon est de retour dans la croissance et deux valeurs japonaises saluent le retour de l’économie nippone dans le portefeuille à l’instar de Keyence. Pour David Ross, le Mexique est une formidable économie, dynamique liée aussi à la proximité géographique avec les Etats-Unis et fertile en bonnes idées en témoigne FEMSA. Le Brésil est apprécié aussi, avec par exemple Itau Bank. Valeur défensive, Stryeker, fournisseur américain d’équipements médicaux se distingue. Et concernant l’absence du géant Novo Nordisk, le gérant la justifie par une prudence sur l’arrivée de concurrence pour les prochains blockbusters de la pharmaceutique (traitement contre l’obésité…).

Malheureusement, l’Europe offre peu de grand leader mondial. Si ASML, l’Hollandaise, peut être considérée comme partie intégrante de la famille des grandes entreprises mondiales, David Ross, préfère TMSC, moins chère. Le gérant s’est sauvé de la Chine et n’a plus aucune valeur de l’empire du milieu en portefeuille. « Les nouvelles économiques n’ont pas été excellentes ces derniers temps et ne sont pas encore bonnes. » Enfin, la Pologne est un pays qui intéresse le gérant mais malheureusement le pays ne compte pas encore de grand leader.

Jamais Tesla, des regrets pour Apple

Enfin, David Ross, n’a jamais investi dans Tesla et n’envisage toujours pas l’achat : « Elon Musk a construit une grande entreprise mais ne me convainc pas. J’estime que Tesla est une valeur automobile et non technologique comme d’autres l’affirment. Dans ce cas, je préfère acheter GM qui se traite à un Price-Earnings Ratio (PE) nettement sous 10 alors que Tesla navigue avec un ‘PE’ de plus de 50. … »

Le regret du gérant est de n’avoir jamais acheté Apple. « C’est une belle valeur mais à chaque fois que je me suis penché sur un achat, je l’ai trouvé trop richement valorisée par rapport à mes critères, même si la qualité se paie. »

Enfin, David Ross, explique que pour prendre une bonne décision, il aime s’isoler avec son équipe, passer du temps à réfléchir aux fondamentaux en évitant d’être envahi par diverses études ou par un afflux trop important d’informations ou d’analyses. L’utilisation de stop-loss est nécessaire : « Quand vous perdez 40 % sur un titre, la valeur doit galoper…de 60 % pour effacer la perte. Il faut le prendre en considération. » conclut, David Ross, l’Américain à Paris.

Daniel Pechon

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