Sam Desimpel, CEO de Top Tier Access.
CVC rejoint désormais la liste sélective des sociétés de capital-investissement cotées en bourse, telles que Apollo, Ares, Blackstone, Carlyle, EQT, KKR & TPG. Il y a désormais suffisamment de sociétés de capital-investissement cotées en bourse pour avoir leur propre indice boursier, l’iShares Listed Private Equity UCITS ETF. Il y avait déjà 77 sociétés de capital-investissement cotées en bourse, il y en a maintenant 78.
CVC elle-même a retiré de la cote plus de 20 entreprises au cours de sa carrière. Certes, ils ont eux-mêmes aidé plus de 30 entreprises à s’introduire en bourse (dont, par exemple, BPost). Ainsi, avec sa propre introduction en bourse, CVC confirme l’interaction entre le capital privé et le capital public.
Cette interaction ne fera que s’accroître à l’avenir. En raison notamment de la popularité des ETF et des règles de déclaration de plus en plus onéreuses, il est de moins en moins judicieux pour les petites entreprises de rester sur le marché boursier. Si personne ne suit votre titre, le succès ne se traduit plus automatiquement par une hausse du prix de l’action.
Ceux qui suivent alors les petites valeurs boursières sont les mégafonds d’investissement privés tels que Blackstone, CD&R, EQT, Thoma Bravo (et même CVC à nouveau) qui ont suffisamment de poudre sèche pour retirer de la cote les entreprises sous-évaluées, ce que l’on appelle la radiation de la cote.
Chez Top Tier Access, nous ne cachons pas que nous avons investi dans les deux derniers fonds buyout de CVC avec nos premier et deuxième fonds de fonds de capital-investissement. Nous pensons donc que ces types de gestionnaires ont leur place dans des investissements plus diversifiés dans des fonds de capital-investissement.
Plus précisément, nous espérons répondre, entre autres, aux tendances croissantes de de-listing que nous avons mentionnées plus haut. Ce n’est pas que les grands fonds comme CVC ou d’autres ne fassent que des de-listing, mais il faut avoir une certaine taille de fonds pour le faire.
Cependant, certains de nos actionnaires nous demandent parfois si les très grands fonds ne sont pas devenus trop grands et s’ils ne se concentrent pas uniquement sur la collecte des fonds les plus importants possibles, au détriment de la performance du fonds.
D’autres nous demandent alors s’il n’est pas préférable d’acheter des fonds de capital-investissement cotés en bourse, car cela permet de combiner liquidité et capital-investissement.
Ce sont de bonnes questions qui appellent des réponses nuancées.
Commençons peut-être par noter que, pour la plupart des grands gestionnaires de fonds de capital-investissement cotés en bourse, vous achetez une partie de la société de gestion, et non les entreprises sous-jacentes. On ne peut donc pas comparer une CVC cotée en bourse avec Sofina, Wendel ou Ackermans & Van Haaren où, en tant qu’investisseur coté en bourse, vous devenez coactionnaire des participations sous-jacentes de Sofina, Wendel & AVH.
Il est également important d’examiner la culture d’un fonds de capital-investissement et la manière dont les équipes chargées des transactions participent à son succès. Chez Top Tier Access, nous aimons voir des gestionnaires de fonds de capital-investissement où la commission de succès (le « carried interest ») ne va pas seulement à un petit groupe de vétérans, mais est distribuée de manière équilibrée et méritocratique au sein des équipes qui doivent mettre l’épaule à la roue. Il y a suffisamment d’informations publiques pour constater que 70 % de la commission de succès va aux négociateurs CVC actifs. Il en va de même pour de nombreux fonds de capital-investissement non cotés très performants.
Il reste bien sûr la question de la culture et de la manière dont une introduction en bourse pourrait l’affecter. Nous pensons que ce ne sera pas trop grave. Récemment, chez Ares, tout le monde était attendu au bureau à Noël pour préparer des affaires urgentes. Même dans d’autres sociétés de capital-investissement cotées en bourse, nous continuons, en tant qu’investisseurs, à constater une très forte éthique du travail. CVC est connue dans le secteur du capital-investissement pour avoir une culture très forte et unique, et nous ne pensons pas que cela changera dans l’immédiat.
En fin de compte, l’introduction en bourse peut contribuer à la guerre des jeunes talents, car CVC peut désormais faire entrer des personnes dans le capital plus facilement et de manière plus transparente, notamment par le biais d’options d’achat d’actions.
Nous souhaitons donc bonne chance à CVC pour sa cotation à la Bourse d’Amsterdam.