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Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Adviser Pictet Asset Management.

C’est le sport favori du président américain Donald Trump. Cela consiste à envoyer une grenade le plus loin possible et à la stopper quelques millisecondes avant qu’elle ne touche le sol. En témoigne son revirement soudain concernant le président de la Fed, J. Powell. Finalement, il ne sera pas démis de ses fonctions. C’était légalement impossible dans tous les cas. La décision de la Cour Suprême de 1935 rendue dans l’affaire Humphrey’s Executor vs États-Unis l’en empêchait. Peu importe, il a tenté et a mis la pression sur Powell. Dans le meilleur des cas, ce dernier va baisser les taux rapidement. C’est peu probable selon nous. Dans le pire, il joue le rôle de bouc-émissaire en cas de probable ralentissement économique ou de récession.

C’est d’ailleurs la question du moment : où sommes-nous dans le cycle économique ? Difficile de le dire aujourd’hui. Mais nous devrions avoir bientôt plus d’éléments. En se référant à une base d’environ 45 indicateurs économiques américains, on constate que les revendications hebdomadaires au chômage, l’indice manufacturier de la Fed de Philadelphie, l’indice ISM des services, et de manière surprenante, le taux de chômage sont les statistiques qui répercutent le plus rapidement un ralentissement soudain de la croissance. Lors des précédentes récessions, notamment celles où un catalyseur évident a été identifié comme les chocs pétroliers des années 1970, il a fallu en moyenne quatre mois pour que les statistiques confirment un danger de récession. Les anticipations des entreprises dans les enquêtes de conjoncture, qui sont considérées comme des soft data rarement fiables, ont réagi avec un mois d’avance par exemple. Cela peut paraître peu. Mais pour un investisseur, cela peut faire la différence. Vous l’aurez compris, la publication du taux de chômage en avril aux États-Unis en fin de semaine prochaine sera à scruter de près !

Pour les marchés financiers, la politique erratique et les revirements de l’administration Trump constituent le pire des scénarios. Les fonds spéculatifs ne sont pas équipés pour réagir à un tel niveau d’incertitude. Ils utilisent souvent des modèles de trading reposant sur la probabilité bayésienne qui envisagent plusieurs scénarios raisonnables classés en fonction de leur probabilité. Totalement inutile dans la période actuelle. C’est pourquoi ils préfèrent tout simplement se désengager des actions au profit de valeurs refuges, notamment l’or physique, au lieu de faire des arbitrages géographiques dans leur allocation d’actions. Tant que ces acteurs, qui ont une force de frappe massive, ne reviennent pas sur les actions, il ne peut pas y avoir de rebond durable. Les seuls acheteurs du côté américain sont les particuliers qui se ruent sur les ETFs à effet de levier sans avoir toujours conscience des risques pris. Ce n’est pas rassurant.

Perspectives

Outre l’emploi américain, la confiance du consommateur américain sera à scruter de près. Elle s’effondre à cause des craintes concernant l’inflation. S’ajoute à cela la première estimation du PIB américain au T1. D’habitude, c’est une donnée qui passe complètement inaperçue. Ce n’est pas le cas cette fois-ci. Des analystes s’attendent à une contraction de l’activité qui pourrait renforcer la probabilité d’une récession cette année. Nous ne sommes pas dans ce camp. Nous nous attendons en revanche à un net ralentissement de l’activité par rapport au T4 2024, lorsque le PIB était ressorti en hausse de 2,4%.

Vous ne l’avez pas lu dans la presse

Avant de se saborder, la France était un grand pays du nucléaire. En 1988, il lui fallait seulement 83 mois pour construire des réacteurs nucléaires. Seul le Japon faisait mieux en 74 mois. À l’inverse, les Américains avaient besoin de 208 mois en moyenne*. Désormais, il lui faut parfois plus de 150 mois

*Source : Chronique de 30 années d’équipement nucléaire à électricité de France, par G. Lamiral

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