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Le capital-investissement est né aux États-Unis il y a 60 ans. Alors que les Français découvrent progressivement cette classe d’actifs, les Américains la connaissent depuis des décennies, consacrant en moyenne 20 % de leurs investissements à ce secteur, affirme Frédéric Stolar, cofondateur et associé-gérant de la société franco-suisse de gestion de capital-investissement Altaroc.

Le capital-investissement fournit des fonds aux entreprises à forte croissance, les aidant à se développer, à s’internationaliser, à se restructurer, à se numériser et à financer l’innovation.

Silicon Valley et capital-investissement

En 1946, Georges Doriot, expatrié français aux États-Unis et professeur au MIT, fonde le fonds d’investissement ARD (American Research and Development Corporation). Ce fonds était destiné à investir dans des entreprises innovantes, en particulier dans le secteur de l’électronique, en plein essor à l’époque (par exemple Technicolor ou Digital Equipment Corporation).

En investissant dans Digital Equipment Corporation, Doriot s’est assuré des gains importants : en quelques années, la valeur du fonds a été multipliée par 6 000 par rapport à l’investissement initial, avec un rendement annuel de 100 %. Dans les années 1970, Doriot a créé une filiale d’ARD en France, qui a connu un succès mitigé en raison de la crise économique.

Croissance technologique malgré les crises

En 1963, le président américain Kennedy a décidé d’investir un montant important dans l’exploration spatiale, ce qui a abouti à l’alunissage en 1969. Cependant, après les missions Apollo, les budgets ont été considérablement réduits. En conséquence, de nombreux ingénieurs et techniciens ont perdu leur emploi, ce qui a conduit à la création d’entreprises telles qu’Intel, Motorola et AMD.

Les investisseurs quittent la côte Est pour la Californie et créent de nouveaux fonds d’investissement, donnant ainsi naissance à la Silicon Valley. Apple, Microsoft, Cisco et bien d’autres géants de la technologie ont suivi. Des universités américaines telles que Stanford ont financé des projets technologiques, notamment ceux des étudiants Hewlett et Packard. Elles continuent d’investir des milliards de dollars par an dans le capital-investissement.

Expansion dans de nouveaux secteurs

La Silicon Valley est rapidement devenue un centre d’innovation. L’électronique a été suivie par des secteurs tels que la biotechnologie, les logiciels, l’internet, l’intelligence artificielle et la conduite autonome. Ces développements ont nécessité davantage de financement, ce qui a conduit à l’émergence de sociétés de capital-investissement et de capital-risque telles que Sequoia.

En 1976, KKR a été fondé, le premier fonds d’investissement privé à se spécialiser dans les acquisitions.

Concurrence et croissance dans les années 1980 et 1990

Les années 1980 et 1990 ont vu une augmentation des transactions et des acteurs aux États-Unis, ce qui a rendu le secteur compétitif. Ces décennies ont été marquées par le développement des LBO (leveraged buyout, acquisition par emprunt), où les prêts étaient financés par de grands investisseurs tels que les fonds de pension et les familles fortunées. En France, le capital-risque s’est développé durant cette période, notamment grâce aux business angels et à la création des FCPI dans les années 1990. Les FCPI collectent des fonds auprès de différents types d’investisseurs.

Les années 2000 et l’essor des rachats d’entreprises

Dans les années 2000, les rachats ont été encouragés par les faibles taux d’intérêt et l’introduction de la loi Sarbanes-Oxley, qui visait à rendre les entreprises américaines plus transparentes. Entre 2003 et 2006, l’activité de rachat aux États-Unis a été multipliée par dix-huit, pour atteindre 375 milliards de dollars. L’Europe a représenté 15 % du volume total des opérations de capital-investissement. En 2007, la France se situait au troisième rang mondial en termes de montants investis.

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